Je vous avais laissé dans mon article d’hier au moment même où je venais de revêtir ma robe après avoir été coiffée telle une vraie Fallera. Aujourd’hui je vous emmène avec moi le temps d’une petite escapade dans les rues de la vielle-ville. Cette balade nous entraînera jusqu’au Marché Central. Et toujours en tenue de Fallera !
J'ai juste le temps de me découvrir que mon mari débarque déjà avec mes deux filles. Son regard ne trompe pas : il est scotché. Ma fille aînée de trois ans a du mal à me reconnaître. Elle m’observe et une fois qu’elle comprend que c’est moi, sa maman, un immense sourire illumine son visage : « Tu es une princesse maman ! » s’exclame-t-elle. Ma seconde fille de six mois quant à elle ne me reconnait absolument pas ! Au son de ma voix elle se met à pleurer, de gros sanglots inhabituels. Elle me cherche. Il faudra que je la prenne tout contre moi, que je plonge mes yeux dans les siens pour qu’enfin elle se calme. La transformation est donc saisissante.
Après quelques photos prises à l’intérieur, Sara me propose d’aller nous promener dans les rues alentour. Je suis un peu perdue. J’ai peur d’être le centre d’attention. Il est maintenant 13 heures passées et les rues sont bondées. Mais je me lance. Je marche tranquillement avec Sara, Barbara, mon mari avec la poussette et mes filles. Les passants, principalement des touristes, s’arrêtent pour me regarder. Sara me propose de prendre quelques photos au pied de la tour de l’église Santa Catalina, juste en face de l’horchateria du même nom. Là, plusieurs touristes sortent eux aussi leurs appareils photos et leurs téléphones portables pour me prendre en photo.
C’est une sensation très étrange. Nous nous enfonçons dans les rues de la vieille-ville. Plusieurs touristes m’arrêtent carrément pour me demander de faire une photo avec eux. Un, puis deux, puis cinq. Une touriste asiatique me questionne : « Pourquoi êtes-vous habillée comme cela ? ». Je ne sais que lui répondre. Je me tourne vers Sara et l’interroge à mon tour : est-ce que cela n’offense pas les Valenciens et les Falleros que je sois habillée comme cela? « Tu as revêtu une vraie tenue de Fallera avec la coiffure que je t’ai réalisée. Ce n’est pas comme si nous étions à Séville et que tu avais passé un déguisement de Sévillane. Non, là tu es une vraie Fallera et tu souries comme une Fallera. Ne sois pas gênée, tu es très jolie ! ». A ces mots rassurants, je relève la tête fièrement et continue d’avancer avec élégance.
Nous arrivons en face du Marché Central. Sara me regarde avec un air coquin et me dit « On va à l’intérieur du marché ? » Je me tourne vers mon mari et nous avons la même idée : nous devons aller voir notre amie Ludi de la boucherie Rosa Lloris qui nous avait permis de visiter le Mercado Central de bon matin. C’est une ancienne Fallera également et je sais qu’elle aura un œil expert. Je me faufile jusqu’à l’entrée. Les gens s’écartent sur mon passage. J’entends des chuchotements en français « Wouah, elle est trop belle sa robe ! » lance une jeune fille derrière moi. Ce marché, je le connais presque par cœur mais il prend une dimension particulière ce jour-là. J’arrive devant le stand Rosa Lloris et je cherche Ludi du regard. Elle ne dit rien et d’un seul coup me reconnaît. Elle se précipite vers moi et admire la robe et ma coiffure. Son verdict est sans appel : « Mais regarde-toi comme tu es belle, tu es une vraie Fallera, tu as toute la panoplie, c’est incroyable ! ».
Nous continuons notre promenade dans les allées du marché. Des "guapa" (belle) sont lancés par les commerçants. Sara m’explique que c’est habituel pour les Falleras d’entendre cela, que c’est une marque de tendresse des Valenciens pour leurs Falleras. Il est vrai que lorsque j’avais suivi au plus près les Falleros de la Falla Castelfabib lors de l’Ofrenda, j’avais été impressionnée par la marée humaine présente de part et d’autre des barrières de sécurité et par les vivats de la foule au passage des Falleras.
Après cette petite balade dans ce monument valencien, il est temps de rentrer calle Jofrens pour retirer ma robe. Mais tout d’abord, il faut me défaire des peignes et des pinces ainsi que des postiches. Je conserve néanmoins la base de ma coiffure et il me faudra deux shampoings et une dose monumentale d’après-shampoing pour retirer la laque. Je comprends alors pourquoi les Falleras achètent des oreillers spéciaux afin de dormir avec leur coiffure pendant les Fallas !
Quelques jours plus tard, Sara et Barbara m’enverront les photos qu’elles ont prises ce samedi qui restera à jamais gravé dans ma mémoire. Je sais déjà que je souhaite revivre cette aventure avec ma fille ainée, peut-être lors d’un des ateliers que Sara souhaite organiser.
Quelques conseils pour bien vivre cette expérience :
- Venir maquillée et ne pas hésiter à forcer un peu
- Ne pas se laver les cheveux avant : c’est inutile et vous devrez vous les relaver juste après
- Prévoir un chemisier ou un haut qui ne s'enfile pas par la tête pour ne pas être coincée avec la coiffure
- Prévoir un caleçon long pour porter sous la jupe
- Vous parer de votre plus beau sourire et être fière d’être une Fallera !
Fallera por un día
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