Chaque dernier mercredi du mois d’août, ils se réunissent en masse, rejoints par des fêtards des quatre coins du monde, pour se livrer à une bataille survoltée de 1,5 tonnes de tomates écrasées. Lepetitjournal Valence, seul média français à le couvrir cette année, vous propose de connaître l’envers du décor.
Une fête internationale
Tout a commencé en 1945, lors d’un défilé d’une autre fête à Buñol. Pour s’amuser, quelques jeunes auraient tenté de s’infiltrer dans la parade faisant chuter un des participants. Rendu fou de colère, celui-ci se serait mis à jeter tout ce qui était à sa portée. Le hasard fit tomber sa main sur un stand de fruits et légumes, et les tomates commencèrent à voltiger à Buñol.
Depuis, l’engouement pour la Tomatina ne s’est jamais essoufflé. Progressivement, les lanceurs de tomates de la ville ont été rejoints par des habitants des villages alentours, puis par ceux de toute l’Espagne et finalement, du monde entier. A tel point qu’en 2002, la Tomatina a été déclarée d’intérêt touristique international par le Ministère du Tourisme Espagnol.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette bataille attire les fêtards du monde entier. Ils sont nombreux à venir en voyage organisé comme Grace une Australienne de 17 ans : « Nous voyageons dans toute l’Europe pendant 4 mois et la Tomatina est un passage obligé ». Flavia, elle, vient du Canada et assure que la Tomatina est assez connue chez les jeunes de son entourage : « J’ai dit à un ami indien que j’allais aller à la Tomatina et il connaissait très bien. Il m’a même montré un film de Bollywood qui parlait de cette fête, c’est fou ! »
Evènement international oblige, plus de 120 journalistes étaient présentspour couvrir la fête et filmer les 22.000 participants de l’édition 2017 s’enduire de jus de tomate.
Une organisation millimétrée
En 2012, la fête de la Tomatina attira près de 40 000 personnes. Un chiffre si exorbitant que la Mairie dut réagir. Depuis cette date, la participation à la Tomatina est devenue payante et le nombre nombre maximum de participants a été limité à 22.000. Les effectifs de police n’ont, eux, cessé d’augmenter jusqu’à atteindre 600 agents pour l’édition de 2017.
Ainsi encadrés, les participants peuvent jouer en toute sécurité avec les 165.000 kilos de tomates mis à leur disposition par la ville. Ces fameuses tomates sont impropres à la consommation humaine et sont achetées spécialement pour l’occasion au prix de 36.000 euros. Une somme élevée compensée par la vente des billets donnant accès à l’évènement ainsi que la vente de nombreux souvenirs (tasses, t-shirt, etc.) à l’effigie de la Tomatina.
Le jour J, les tomates sont entassées dans 6 camions qui traversent la ville en roulant au pas pour tenter de se frayer un chemin dans la foule. Des volontaires veillent à ce qu’aucun piéton ne se trouve sur leur chemin. En récompense, ces mêmes volontaires pourront, l’année suivante, être ceux qui lanceront les tomates sur la foule directement depuis les camions. Un rôle des plus importants qui manque à l’édile de la ville Juncal Carrascosa Alonso : « J’ai participé à la Tomatina pendant des années. J’ai été dans la foule, bénévole, dans les camions. En vérité je suis un peu triste de ne pas pouvoir être dans la rue, avec les gens, maintenant que je suis Maire. Mais je suis fière d’organiser un événement qui procure autant de joie ! » précise-t-elle.
Une ambiance incroyable
Pour patienter jusqu’à l’arrivée des camions, les fêtards les plus courageux, ou les plus casse-cous, peuvent tenter de grimper à un mat d’une dizaine de mètres pour récupérer un jambon suspendu à son sommet. Un jeu typiquement espagnol qui électrise la foule avant le coup de feu annonçant l’ouverture de la Tomatina. Les participants survoltés projettent les tomates écrasées et les t-shirts immaculés changent rapidement de couleur.
« C’est incroyable ! » résume Sonomi, une Japonaise de 31 ans qui venait à la fête pour la première fois. Elle avait d’abord prévu de s’y rendre avec son compagnon mais celui-ci est tombé malade. « Au début, j’étais embêtée de venir alors que je ne connaissais personne mais c’était tellement drôle ! On joue tous ensemble, les uns avec les autres, c’était vraiment un bon moment ! » Liou-Yan, une Taiwanaise du même âge, précise : « Aller dans la foule c’est assez effrayant ! Et ça peut faire mal de se faire toucher par une tomate, j’ai été surprise ! Mais c’est vraiment génial, c’est une expérience à vivre une fois dans sa vie. »
Après une heure de jeu, un second coup de feu retenti et les jets de tomates cessent. Immédiatement, les habitants de la ville s’attèlent au nettoyage des rues. Deux heures plus tard, il n’y aura plus aucune trace du carnage.
De cette bataille mémorable ne resteront que les souvenirs hauts en couleurs des milliers de personnes ayant fait le déplacement jusqu’à la petite ville de Buñol.