

Comme toute capitale européenne, Rome a connu différentes périodes de construction. Les années ont laissé leurs marques sur les façades de la ville, où l'histoire, antique et classique, côtoie la modernité. Rome, tout comme ses habitants, est haute en couleur
Petite Rome deviendra grande
En arrivant à Rome, la diversité architecturale interpelle les visiteurs. Les constructions historiques côtoient en effet la modernité de certains bâtiments. Il est possible d'admirer des monuments prestigieux comme le Quirinal, ou le Palais Farnèse tout en passant à côté d'immeubles plus petits ou de styles très récents. Ce contraste architectural saute aux yeux dans la capitale. La place du Palais Farnèse en est d'ailleurs un bon exemple. Il suffit de tourner la tête pour découvrir des façades moins entretenues, avec une physionomie plus typique des habitations populaires italiennes.
Forum romain, crédits: E.B pour lepetijtournal.com de Rome
Pour Giorgio Muratore, professeur d'architecture moderne à l'université de la Sapienza : "Il y a eu différentes périodes de construction à Rome. Les monuments comme le Colisée, le Panthéon ou les Mausolées datent bien sûr de l'époque antique et mythique de l'Italie. Mais la ville a connu une grande vague d'agrandissement en 1870, quand Rome devient la capitale du pays". De nombreux offices publics sont alors construits, parmi lesquels les ministères de la Justice, des Finances ou la Banque d'Italie.
A la fin de la Première guerre mondiale, le fascisme arrive en Italie et touche particulièrement la capitale. "Sous l'impulsion de Benito Mussolini, de nombreux palais impériaux sont construits, explique Giorgio Muratore. De plus, avec les accords de Latran, l'Etat cède le Vatican au Pape en 1929, et fait creuser la Via della Conciliazione, comme son nom l'indique, symbole de la réconciliation?. Mussolini engage des travaux colossaux à l'origine des grandes avenues de Rome. Le quartier de l'EUR, Esposizione Universale di Roma, émerge dans ce contexte, en 1942.
Une physionomie typiquement italienne

Piazza d'aracoeli, Crédits photo : Sara Di Marcello/Wikimedia Commons
L'architecte développe le concept de morphologie urbaine. Concept qui permet d'étudier les principales phases de constructions ou de développement des villes. Les nouveaux immeubles alors construits sont différents par leur style, leur taille et les couleurs de leur façade. Pour Giorgio Muratore : "C'est ce qui fait la spécificité de l'architecture romaine et italienne : elle est diversifiée. Nous ne sommes pas sans cesse face aux mêmes monuments, ou aux mêmes habitations. On peut ainsi ressentir toutes les influences culturelles et ethniques de la ville?. En 1960, la capitale italienne accueille les Jeux Olympiques d'été. A cette fin, la municipalité construit plusieurs complexes sportifs, dont le fameux Stade Olympique.
Depuis les années 1960, Rome n'a pas connu de phases de construction notoires, mais des périodes de restaurations, notamment pour les célébrations du millénaire en l'an 2000.
La particularité de Rome ? Un monument de l'époque royale peut côtoyer un appartement du milieu du 20e siècle. Pour le professeur d'architecture de La Sapienza : "C'est ce qui fait le charme de Rome. Tout comme ses façades pas toujours entretenues, cela donne un côté pittoresque et ancien que personnellement j'affectionne beaucoup."
Il est vrai que pour des raisons, le plus souvent financières, seuls les Palais historiques et officiels sont rénovés régulièrement. L'entretien des habitations privées ou de copropriétés est quant à lui à la charge des propriétaires et non obligatoire. Cela concerne aussi les fils électriques qui ?décorent? les immeubles : ces câbles descendent le long de la façade, du toit jusqu'aux fenêtres de chaque appartement, et permettent aux locataires d'être reliés aux antennes de télévision. " Tel est le style italien !" s'amuse Giorgio Muratore. Quelques paraboles font tout de même leur apparition dans le paysage romain, mais elles ne sont pas encore très nombreuses. Entre l'absence de réglementation, les traditions et un sens poussé du système D, certaines façades romaines sont entièrement recouvertes de câbles ! A Rome, comme dans toute l'Italie d'ailleurs, tout est une question de style.
Ioanna Schimizzi (www.lepetitjournal.com/rome) Jeudi 17 mai 2012


































