À l’occasion du trentième anniversaire de la Société franco-japonaise de Kamakura, anciens et nouveaux membres se sont réunis pour célébrer trois décennies d’échanges culturels, de rencontres humaines et de passion partagée entre la France et le Japon.


Il est un mot qui revient souvent lorsque l’on interroge les membres de la Société franco-japonaise de Kamakura : rencontre. Rencontre des cultures, des langues, des personnes. Le vendredi 14 novembre 2025, dans les salons feutrés du Kamakura Park Hotel, cette idée a pris un relief particulier lors de la célébration du trentième anniversaire de l’association, née de l’élan citoyen et qui, au fil des années, a largement contribué au renforcement des échanges entre la France et le Japon.

Les racines d’une amitié durable
L’histoire commence bien avant la fondation de l’association. En 1966, Kamakura et la ville de Nice signent un accord de jumelage qui surprend alors par son évidence. Deux villes de bord de mer, adossées aux montagnes, chargées d’histoire et de culture, enclines l’une et l’autre à accueillir voyageurs, artistes et esprits curieux. Ce jumelage s’inscrit dans un mouvement diplomatique plus large d’ouverture franco-japonaise, mais il se distingue par son dynamisme : échanges scolaires, visites officielles, missions économiques, projets artistiques.
Dans les années 1980 et 1990, cet élan trouve un relais inattendu en la personne du professeur Shunzo Nitta (1931-2002). Chercheur spécialiste de l’économie française, professeur invité à l’Université de Strasbourg puis enseignant à la Faculté d’économie de l’Université Tōyō, il nourrit depuis longtemps un attachement profond à la culture française. Résident de Kamakura, il imagine une structure capable de prolonger le jumelage par des initiatives citoyennes.
En novembre 1995, sa proposition est adoptée par un comité préparatoire. Au printemps 1996, dans le Centre civique central de Kamakura, l’assemblée générale élit le professeur Nitta premier président de la Société franco-japonaise de Kamakura. Un concert de chansons françaises en juin, une participation au 30e anniversaire du jumelage Kamakura - Nice en octobre, puis l’envoi d’une délégation pour le 35e anniversaire en 2001 posent durablement les bases de la présence de l’association dans le paysage culturel local.
En 2015, une grande réception dans le cadre idyllique de l’Amandan Blue de Kamakura marque le 20e anniversaire. La ligne de force demeure : rassembler ceux qui aiment la France, encourager la curiosité, multiplier les échanges humains.

Une cérémonie sous le signe de la convivialité et de la reconnaissance
Trente ans après la vision fondatrice du professeur Nitta, l’esprit qui animait les débuts souffle encore dans les salles élégantes du Kamakura Park Hotel. Le président Muneshiro Yamazaki, figure centrale de l’association qu’il a rejointe en 2002, ouvre la cérémonie par une allocution chaleureuse. Il rappelle la vocation humaniste de la Société : faire dialoguer les citoyens, transmettre la culture française, accueillir les visiteurs et tisser des liens durables.
La dimension diplomatique n’est pas en reste. Madame Lise Mérigaud, Consule de France à Tokyo, prononce un discours de félicitations où elle souligne le caractère précieux de ces initiatives locales. À l’heure où les relations internationales se complexifient, dit-elle en substance, les associations citoyennes représentent un souffle indispensable de compréhension mutuelle. Le vice-maire de Kamakura, Akira Hiruma, porte un toast à la longévité de l’association. Thomas Garcin, directeur de l’Institut français de recherche sur le Japon à la Maison franco-japonaise, n’a pu être présent en raison d’un agenda chargé, mais il a adressé un message saluant la vitalité et la richesse de la coopération académique et culturelle entre la France et le Japon. Enfin, Jean-Marc Lisner, président de l’Association des Français et Francophones du Japon (AFJ), rappelle combien les liens entre les deux structures sont anciens et solides.
La soirée prend ensuite une tournure artistique. La chanteuse Yuka Fukaé, déjà invitée lors de la toute première Fête de la Musique en 1996, interprète plusieurs chansons françaises, suivie d’un morceau présenté par le groupe musical de l’association. Une photo de groupe vient immortaliser l’instant avant la clôture.

Un modèle d’association citoyenne
Ce qui distingue la Société franco-japonaise de Kamakura d’autres organisations similaires, c’est son caractère entièrement bénévole, presque artisanal, et pourtant d’une créativité remarquable. Sans aucun mécénat, elle a bâti en trente ans une véritable mosaïque d’activités, allant des cercles de conversation en français aux ateliers de cuisine, en passant par un groupe de chanson française, des visites guidées en français dans la ville historique, des sorties photographiques ou encore le “Café Accueil”, un espace qui permet aux nouveaux venus comme aux visiteurs français de rencontrer les membres. À cela s’ajoutent des salons culturels qui ouvrent la porte à toutes les curiosités et prolongent l’esprit d’échange qui anime l’association depuis sa création.
Le président Yamazaki aime rappeler que les membres, majoritairement japonais, forment une communauté intergénérationnelle où les retraités côtoient des actifs et quelques jeunes passionnés. La langue française, souligne-t-il, demeure la clé de voûte de ces échanges : “Il n’est jamais trop tard pour commencer ou reprendre son apprentissage du français.”
Nice et Kamakura : un demi-siècle de relation
Le 30e anniversaire de l’association est aussi l’occasion de rappeler le rôle essentiel du jumelage de Nice et Kamakura. Depuis 1966, les deux villes ont multiplié les projets communs. En octobre 2016, elles ont célébré leur 50e anniversaire par une série d’événements relayés notamment par le quotidien Nice-Matin. Les échanges ne se sont jamais limités aux seules institutions. Des groupes d’amateurs, des professeurs, des élèves, des associations, des chefs cuisiniers, des artistes ont fait vivre ce pont entre Méditerranée et océan Pacifique.
Cette relation a naturellement offert un cadre propice à la Société franco-japonaise de Kamakura, qui entretient également des liens étroits avec d’autres associations amies en France, notamment celle de La Rochelle, autre ville tournée vers la mer. Là encore, les voyages individuels, les rencontres spontanées et des moments conviviaux, comme les ateliers de galettes et de crêpes, ont contribué à resserrer les liens d’un réseau d’amitiés franco-japonaises déjà très dense.

Trente ans, et après ?
Au terme de la cérémonie, une conviction s’impose : l’avenir de l’association repose moins sur ses structures que sur les femmes et les hommes qui la font vivre. Dans un Japon où les échanges internationaux se diversifient, et dans une France en quête de nouveaux horizons culturels, Kamakura conserve une place singulière : celle d’un port d’attache où les dialogues, les langues et les passions trouvent un terreau fertile pour continuer de s’épanouir.
En 2026, Nice et Kamakura célébreront les soixante ans de leur jumelage. L’anniversaire de la Société franco-japonaise rappelle ainsi que, derrière les commémorations officielles, ce sont les citoyens qui prolongent l’histoire. Un professeur visionnaire, des bénévoles dévoués, des membres passionnés… et une ville qui, depuis trois décennies, continue de rassembler, d’inspirer et de fasciner.
Dans la lumière dorée de l’automne, les applaudissements qui ont clos la cérémonie du trentième anniversaire de la Société franco-japonaise de Kamakura ont résonné comme un hommage à ces milliers de gestes, d’échanges et de rencontres qui, discrètement, tissent depuis des décennies une amitié durable entre la France et le Japon.
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