Notre revue de la presse française n’aura cette semaine qu’une héroïne : Sirikit Kitiyakara. Pas un média n’a omis les éloges et les portraits. En voici l’essentiel.


À peu près tous ceux qui ont salué, ces derniers jours, la mémoire de la reine-mère de Thaïlande, ont rappelé qu’elle était « celle que l’on surnommait, dans les années 60, la Jackie Kennedy d’Asie ». La comparaison ne passe pas inaperçue.

Mais le titre le plus pur et le plus élégant nous vient certainement du Royal blog de Paris Match, qui a consacré plusieurs articles à cette disparition. « Thaïlande : Sirikit, « la plus belle reine du monde », est morte ». La suite est à l’avenant. « C'était un « rossignol » que le général de Gaulle considérait en son temps comme « la plus belle reine du monde ». On la surnommait aussi la « Jackie Kennedy d'Asie ». L'ancienne reine Sirikit Kitiyakara, épouse de Bhumibol Adulyadej qui a régné sur la Thaïlande pendant 70 ans et mère du monarque actuel, est décédée à l'âge de 93 ans. Sirikit a formé avec Bhumibol Adulyadej, qui a régné sous le nom de Rama IX, un couple glamour et puissant ayant consolidé la place de la monarchie au cœur de la société thaïlandaise.
« Dans les années 1960, ils ont donné à la monarchie thaïlandaise une image de modernité : toujours habillée au goût du jour, Sirikit fréquentait notamment les concerts de jazz, dont Bhumibol était friand, et posait dans les magazines féminins. Le couple a aussi rencontré Elvis Presley en 1960, au cours d'une tournée aux États-Unis. »
Une reine en bleu, sous la plume de Stéphane Bern
Toujours dans le Royal blog de Paris Match, Stéphane Bern raconte cinq anecdotes sur la défunte reine. Voici juste la première, sur sa couleur préférée :
« Le 12 août : tout en bleu !
Son anniversaire le 12 août est jour férié en Thaïlande. Et si la veuve du regretté roi Bhumibol Adulyadej, Rama IX, est devenue une reine mère vénérée, c’est en son honneur que ce jour-là est la Fête des Mères avec des réjouissances publiques organisées dans tout le pays et un festival sur la grande place de Sanam Luang à Bangkok. La population a été invitée à porter du bleu « couleur du vendredi, jour de naissance de la reine ». Il est de tradition d’offrir des bouquets ou des colliers de jasmin, la fleur qui rappelle la pureté de l’amour d’une mère pour son enfant, dont le parfum est aussi fort que ce lien et qui fleurit toute l’année, gage d’éternité de cet amour maternel. Une reine de légende, toujours adulée en Thaïlande où elle est surnommée « la mère du peuple ». »
Adieu ma reine bien-aimée
Le Royal blog qui titre ailleurs : « Mère du peuple de Thaïlande, la reine Sirikit était aussi la maman de trois princesses et d’un prince », avant de revenir en images sur son rôle de maman de quatre enfants.

Ou ici : « Mort de la Reine Sirikit : un an de deuil et un mois de disette pour les touristes visitant la Thaïlande ». Un deuil qui commence par un flot ininterrompu de messages, dans un pays accro aux téléphones portables. « « Adieu ma reine bien-aimée », « Au revoir maman d’amour », « Notre cœur saigne »… De Line à Instagram, de Facebook à TikTok, les réseaux sociaux thaïlandais, dont le peuple est l’un des consommateurs les plus frénétiques au monde (2h31 de réseaux sociaux et huit heures d’internet par jour en moyenne), étaient inondés de messages de tristesse ce week-end après le décès de la reine-mère à l’âge de 93 ans.Sur Facebook ou Instagram, par exemple, la majorité des pages d’accueil ont été « relookées » avec le visage souriant de la reine Sirikit. Toutes les chaînes de télévision multiplient les éditions spéciales sur sa vie, ses œuvres sociales et son « dévouement pour le peuple ». Cette figure très populaire de la monarchie accompagne la vie de la quasi-totalité de la population depuis sa naissance puisqu’elle a été couronnée dès 1950. Le ballet des pleureuses est depuis vendredi soir incessant devant l’hôpital Chulalongkorn, au cœur de la ville de 20 millions d’habitants. »
Une royauté thaïlandaise difficilement compréhensible pour nos yeux d’occidentaux
Dans un autre article simplement intitulé « La Thaïlande pleure la reine Sirikit », le Royal blog de Paris Match ajoute quelques mots sur cette monarchie si particulière. « Il est difficile, pour nos yeux occidentaux d’imaginer la ferveur et la dévotion qu’inspire à ses sujets, la royauté thaïlandaise, d’essence quasi divine puisque le roi, image du Bouddha et des esprits tutélaires qui unifient la nation, est, selon la terminologie officielle, la « vérité immuable d’une histoire sainte ». Des hameaux éparpillés dans la jungle de Mae Hong Son, dans le nord-ouest du pays, aux criques d’albâtre des îles enchanteresses Similan en passant par les artères surchauffées de Bangkok, des portraits des membres de la famille royale sont placardés partout. Dont ceux, jeune, dans la fleur de l’âge, ou à l’aube de la soixantaine de la Reine Sirikit. À Bangkok, des avenues, un parc botanique et le principal centre de convention du pays portent son nom. Dans le tout pays, des jardins, édifices publics ont été baptisés à son nom. L’anniversaire de Sirikit, le 12 août, est férié et marque la fête des mères. »
Aussi à l’aise avec Elvis qu’avec les villageois
Pour Le Figaro, « tout au long de ses 66 ans de mariage avec le roi Bhumibol Adulyadej, qui a régné pendant 70 ans, elle a été considérée comme une mère attentionnée pour la nation. » Le quotidien qui rappelle que ce symbole de modernité, habillée au goût du jour, était aussi à l’aise pour rencontrer Elvis que pour rendre visite aux villageois des zones rurales.
Elle a mené « une vie de grâce et de dévotion »

Comme à son habitude, Courrier international nous fait partager le regard de la presse étrangère sur l’actualité. « Elle a mené « une vie de grâce et de dévotion », salue le Laotian Times. « Bien que dans l’ombre de son mari défunt et de son fils, Sirikit était une figure tout autant aimée à travers le pays », note Al-Jazeera. « Son enfance a coïncidé avec un moment de grand changement politique quand la Thaïlande est passée d’une monarchie absolue à une monarchie constitutionnelle », explique le Laotian Times. Fille d’un aristocrate ambassadeur, elle rencontre son futur mari à Paris en 1948. « C’était d’abord la haine », avait-elle confié à la BBC dans un documentaire de 1980. « Parce qu’il disait qu’il arriverait à 16 heures et qu’il arrivait en fait à 19 heures, me faisant attendre, obligée de pratiquer révérence après révérence », poursuivait-elle. Le Bangkok Post souligne que la Reine avait « dédié sa vie au progrès du monde rural, à renforcer le droit des femmes et à défendre les arts et l’artisanat thaïlandais ». Al-Jazeera rappelle de son côté que la famille royale est « vénérée », que ses membres sont traités comme « des figures semi-divines » et que « la monarchie est protégée par quelques-unes des lois les plus strictes du monde, interdisant toute critique de l’institution ».
Je veux l’accompagner une dernière fois
La Croix se concentre sur les réactions à cette disparition. « Beaucoup de Thaïlandais tenaient un portrait de Sirikit et des policiers ont mis un genou au sol au passage du convoi parti de l’hôpital de Chulalongkorn, devant lequel des dizaines d’nfirmières en uniforme mauve s’étaient assises à terre. « Je veux l’accompagner une dernière fois, pour son dernier voyage, en tant qu’un de ses enfants — en tant que Thaïlandais qui l’aime et la respecte », a déclaré Boontham Kornwaen, âgé de 56 ans, à l’AFP devant l’hôpital. Parmi les admirateurs de la famille royale rassemblés dimanche devant le Palais, Tanaburdee Srimuang. Ce jeune homme est « heureux d’être ici pour elle une dernière fois ». « Je suis triste, très triste », confie Taksina Puttisan, 52 ans. Elle a tenu à rendre hommage à la « gentillesse envers les Thaïlandais » de Sirikit, qui « restera à jamais dans nos esprits ».

Figure glamour et puissante de la monarchie
Ouest France et Elle ont choisi de titrer sur l’ambivalence d’une femme à poigne moderne : « Décès de la reine Sirikit de Thaïlande, figure glamour et puissante de la monarchie ».
Le magazine Elle évoque « un véritable visage moderne et maternel de la Thaïlande. Elle aura marqué l’histoire du royaume par son élégance, son engagement humanitaire et son influence sur la mode et la culture nationale. La disparition de Sirikit ouvre une nouvelle page de l’histoire thaïlandaise. Tandis que les cérémonies funéraires s’organisent à Bangkok, une émotion collective traverse le pays. Celle d’un peuple saluant une souveraine qui, au-delà du faste et du protocole, a su incarner la grâce, la dignité et la continuité d’une monarchie séculaire.
Un visage à l’ovale parfait
Quant au très attendu Point de Vue en pareille circonstance, il reprend à son compte la fameuse comparaison, sous le titre : « Le fabuleux destin de Sirikit de Thaïlande, la Jackie Kennedy d'Asie » « Un visage à l’ovale parfait, des yeux en amande, d’une intelligence vive. En la recevant à Paris en 1960 avec son époux le roi Bhumibol, le général de Gaulle aurait avoué qu’elle était "la plus belle reine du monde". Sa grâce, sa distinction et sa parfaite éducation ne laissaient personne indifférent. Lorsqu’il la rencontre, son futur époux ne s’y trompe pas. Un coup de foudre ? Rien n’est certain. Mais une histoire d’amour, sans aucun doute. »
Un moment solennel pour la monarchie thaïlandaise

Gala, enfin, titre de manière un peu mystérieuse sur ce qui attend la Thaïlande dans l’année à venir. « Après la disparition de sa mère, le roi Rama X de Thaïlande prend une décision symbolique ». « Son fils, le roi Maha Vajiralongkorn, plus connu sous le nom de Rama X, a pris une décision hautement symbolique : tous les membres de la famille royale observeront une année complète de deuil officiel. Cette annonce marque un moment solennel pour la monarchie thaïlandaise, déjà profondément marquée par la disparition du roi Bhumibol en 2016, qui avait donné lieu à douze mois de deuil national et à des cérémonies d’une ampleur inédite. »
Les photos sont celles utilisées par la presse françaises, créditées à l’AFP, Reuters et Getty Images
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