Le Premier ministre thaïlandais a donné le vendredi 10 octobre 2025 pour date limite aux Cambodgiens qui empiètent sur le territoire national. Ensuite, gare à la loi martiale que préparent les militaires.


Les chefs des différentes forces armées thaïlandaises voient d’un très mauvais œil des « colons » cambodgiens empiéter sur leur territoire. Mardi 7 octobre 2025, étaient réunis les commandants de l’armée royale, de la marine royale, de l’armée de l’air royale et de la police nationale thaïlandaises pour décider des mesures à prendre. Ils ont convenu d’utiliser la loi martiale, tout en respectant les règles du droit international.
En découlent trois décisions :
- les opérations seront menées conformément à la loi martiale de 1914 et aux autres lois pertinentes, le cas échéant, afin de garantir à la fois l’efficacité et le strict respect des objectifs,
- le Centre des opérations de l’armée est chargé de préparer un plan opérationnel, des procédures standard et des règles d’engagement conformes aux limites du droit international sur les Droits des l’Homme et au droit thaïlandais,
- le ministère de l’Intérieur, la police royale thaïlandaise et d’autres autorités compétentes, y compris les forces locales, sont priés de fournir du personnel et du soutien aux opérations militaires.
La loi martiale de 1914 et ses pouvoirs presque illimités
En espérant que les choses n’iront pas aussi loin, plus d’un siècle après, la loi martiale de 1914, promulguée pendant la Première Guerre mondiale, donnait aux responsables militaires des pouvoirs supérieurs à ceux des autorités civiles, leur permettant de fouiller à volonté les personnes, les véhicules ou les bâtiments, d'émettre des interdictions, de saisir des biens, de construire des places fortes, d'expulser la population, de détruire ou modifier le terrain ou d'incendier des maisons pour priver l'ennemi de tout avantage dans la bataille.
Manier la force sans dégrader l’image de la Thaïlande

Les civils cambodgiens concernés ont été prévenus par le Premier ministre thaïlandais qu’ils devaient avoir quitté la zone précise de Ban Nong Chan, dans le district de Khon Sung, à Sa Kaeo, avant vendredi, s’ils ne voulaient pas voir ces mesures être mises en place. « Il y a des accords, notamment territoriaux, ils doivent être appliqués », dit en substance Anutin Charnvirakul. Manier la force sans dégrader l’image de la Thaïlande aux yeux de la communauté internationale, cela s’appelle marcher sur un fil…
Des manifestants jusqu’au-boutistes
Pour bien faire comprendre aux Thaïlandais eux-mêmes les protocoles d’accord avec le Cambodge, le gouvernement a décidé d’organiser des forums publics. Plusieurs associations de militants et d’étudiants réclamaient ces explications. Un sondage a récemment révélé que 44% des personnes interrogées ne comprennent pas la fonction des deux protocoles d’accord signés avec le pays voisin. Si le gouvernement a promis un référendum sur le sujet, certains demandent plutôt leur annulation. Plus jusqu’au-boutistes et moins diplomates que leurs dirigeants, ils demandent un strict respect de la frontière, avec force s’il le faut. Sur un fil, plus que jamais…
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