Il a 26 ans et déjà un parcours de vieux routier du chocolat. L’Europe, les États-Unis, le Moyen-Orient et l’Asie ont déjà entendu parler de lui et de son chocolat. Allez vous faire votre avis.


S’il vous raconte sa vie à l’aveugle, vous prendrez vraisemblablement Clément Niel pour un vif quinquagénaire. Si vous le voyez de vos propres yeux alors vous réaliserez qu’il fait tout juste ses 26 ans. Des années qui comptent double ou triple tant il les a mises à profit pour apprendre et entreprendre.
Je trouve la chocolaterie plus originale que la pâtisserie
Originaire de Lyon, il y regardait déjà les émissions culinaires à la télévision alors qu’il n’était âgé que de 5 ou 6 ans. « Ma mère cuisinait beaucoup, raconte-t-il. J’étais le seul enfant qui sentais et analysais les plats avant de les manger. » Dès la sixième, il commence à effectuer des stages dans les mondes de la cuisine et de la pâtisserie. Levé à cinq heures pour démarrer ses journées à six ne lui fait déjà pas peur. Il ne veut pas poursuivre d’études générales. Ce sera CAP de boulangerie-pâtisserie mais son alternance se passe mal. Il hésite à tout plaquer mais ne se voit pas faire autre chose. Il serre les dents, finit son alternance, enchaîne avec un second CAP, de chocolaterie, glacerie, confiserie celui-là et trouve sa voie définitive.

« Je trouve la chocolaterie plus originale que la pâtisserie, explique Clément, parce qu’on peut y travailler les formes, les couleurs. Il y a un côté plus artistique. Quant au diplôme, il est très dur parce que très complet. »
L’aventure commence à San Francisco
À 19 ans, fin des études et place aux voyages. Frustré de n’avoir que cinq semaines de vacances par an et de voir ses parents et ses frères et sœurs partir régulièrement sans lui, il trouve un stage non rémunéré dans une chocolaterie de San Francisco. Il y apprend l’anglais de tous les jours et les mots de son métier. Il a des étoiles plein les yeux. On lui offre de rester. Il refuse et embarque sur les paquebots de la compagnie MSC.

Il travaille sept jours sur sept mais rencontre du monde. Il adore ça. L’aventure tourne court au bout de quelques mois. Le coupable s’appelle Covid 19.
Clément débarque en Thaïlande avec une simple valise
Retour en France pour quelques mois. Il rêve d’Australie. Ce sera Dubai, seul pays ouvert en ces temps de pandémie. Il part avec une valise de vêtements et de matériel mais sans contrat. Il démarche en vain hôtels et restaurants. À la veille de rentrer chez lui, il rencontre de riches entrepreneurs qui ont créé une marque de chocolat sans en avoir le savoir-faire. Clément crée les recettes, devient associé. L’aventure dure deux ans mais ne décolle pas assez. Retour en France. Puis seconde tentative à San Francisco mais le coût de la vie y est trop élevé. Retour en France. Clément reprend sa valise, direction Barcelone. Il vend ses créations dans des cafés pendant six mois mais finit par s’ennuyer. Une sorte d’instabilité permanente mais qui lui fait se dire que si ce qu’il fait fonctionne ici et là, il peut y arriver à peu près partout. La Thaïlande l’attire. Il débarque de la même façon qu’ailleurs, avec sa simple valise.
Je fais ce que j’aime et c’est l’essentiel
Pendant un an, comme précédemment, il fabrique chez lui et vend à droite, à gauche. Mais pour la première fois, il se sent bien. Il se sent prêt à se poser, à investir et à lancer une société. Il y a un an, il trouve le bon endroit, une maison sur Sukhumvit Soi 26, y installe son labo, sa boutique et habite à l’étage au-dessus.

Lorsqu’on lit Sukhumvit, on s’attend à le trouver au cœur du quartier branché et animé de Bangkok. Pas du tout. Il faut le chercher au fond d’une petite Soi toute calme, très à l’écart du bruit et de la fureur. « Le prix du loyer y est trois fois inférieur, explique Clément. Au-delà de ça, j’ai tout de suite bien aimé le quartier, c’est calme mais pas loin de l’animation. Bien entendu, l’activité serait plus importante au cœur du quartier animé, il y aurait un trafic de gens qui ne me connaissent pas. Les clients qui viennent ici m’ont vu sur les réseaux sociaux ou cherchent spécifiquement une chocolaterie. Tous mes objectifs ne sont évidemment pas encore atteints mais je fais ce que j’aime et c’est l’essentiel. C’est ma recette du succès. »
Des chocolats à consommer jusqu’à deux heures du matin
Chez Clément Niel, la forme et les couleurs des chocolats ont de l’importance. « J’aime m’inspirer de la mode, avoue-t-il. À tel point que l’an dernier, j’ai rencontré le responsable d’une marque de sacs à main et que nous avons décidé que je les reproduise en chocolat. » Une vision des choses qui le positionne comme un créateur haut de gamme. Les prix allant avec… Ses clients sont à 70% expatriés ou touristes et à 30% thaïlandais. Il doit encore progresser sur les deux marchés. Pour y parvenir, il est très présent sur les réseaux sociaux. Il se positionne aussi sur des horaires d’ouverture un peu baroques. La boutique ouvre tard et ferme à minuit. Les Grab viennent même chercher des chocolats, des brownies, des cookies et des glaces chez lui jusqu’à deux heures du matin, pour assouvir les incontrôlables envies nocturnes. À quand la « province » ? Clément a quelques distributeurs qui le font connaître. Et lorsqu’il ouvrira, ce sera plutôt dans des centres commerciaux, là où circule sa clientèle. Pour l’instant, il vous attend à Sukhumvit.
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