Dissoudra ? Dissoudra pas ? En Thaïlande comme en France, le pouvoir hésite. Le Premier ministre veut rester maître du calendrier tandis que les oppositions s’organisent et se tiennent prêtes.


Classe politique agitée, instabilité chronique, gouvernement en sursis presque permanent, nous ne sommes pas en France mais en Thaïlande. 10.000 kilomètres séparent Paris de Bangkok mais la période fait des deux capitales des presque proches.
Le spectre de la dissolution
Le gouvernement thaïlandais en place n’est aux commandes que pour quatre mois maximum, selon un protocole d’accord qui a permis au parti minoritaire du Premier ministre de prendre les rênes. Mais ce maximum pourrait être réduit si l’on en croit les analyses des politologues interrogés par le Bangkok Post. Dans ce laps de temps, l’actuel Premier ministre, Anutin Charnvirakul, devra trouver le meilleur moment pour dissoudre la Chambre. Et ce n’est pas forcément au terme de cette période de quatre mois. Si l’on tente de résumer les analyses des spécialistes, plusieurs critères entrent en ligne de compte :
- Pour l’instant, la cote de popularité du gouvernement est encore bonne. Si les prévisions étaient à la baisse, il faudrait accélérer le calendrier.
- La période de deuil oblige à une certaine unité, ce qui permet de temporiser.
- Le parti Pheu Thai de la famille Shinawatra prépare une motion de censure dont le gouvernement se passerait bien. Il n’a pas envie que des cadavres sortent du placard et qu’il puisse en sortir affaibli après débat, quel que soit le résultat.
- Le Bhumjaithai au pouvoir semble aujourd’hui le mieux organisé pour partir à la conquête des sièges mis en jeu et aurait tout intérêt à prendre ses adversaires de vitesse, même si ceux-ci, évidemment, se disent parfaitement prêts.
Pheu Thaï a un nouveau chef expérimenté…

S’ils sont peut-être prêts, plusieurs partis d’opposition sont en tout cas en pleine réorganisation. Après les déboires de la famille Shinawatra, père et fille, le Pheu Thaï s’est donné un nouveau chef à la quasi-unanimité (354 voix sur 369 et 15 abstentions), en la personne de Julapun Amornvivat, 50 ans, ancien vice-ministre des Finances. Les habitants de Chiang Mai y verront un signe positif pour l’avenir puisqu’il est leur député (cinq mandats consécutifs depuis 2005, sous trois bannières différentes !). Eux qui se sentent souvent délaissés par Bangkok espèrent peut-être secrètement son accession au pouvoir qui leur accorderait certainement un peu plus de considération. Ses premiers mots ont été pour s’engager à réformer le parti, en commençant par améliorer la communication avec le public et en garantissant des échanges rapides et transparents. Il a également souligné l’importance de sélectionner des candidats de qualité, capables de représenter les besoins et les aspirations de la population. Ainsi compte-t-il reprendre le pouvoir au plus vite.
… et l’UTNP un nouveau Secrétaire général sulfureux

Nouvelle tête aussi à l’UTNP. Le tout jeune parti né en 2021, qualifié d’ultra-conservateur nationaliste, a pris toute sa place dans le paysage politique et à la Chambre dès les élections de 2023. Chatchawaal Kong-udom, qu’on connaît surtout sous le nom de Chat Topoon, a été élu Secrétaire général. Son prédécesseur a démissionné de son poste, sans quitter pour l’heure le parti, mais il a annoncé vouloir rejoindre Bhumjaithai avant les prochaines élections.
The Nation rappelle que le nouveau Secrétaire général de l’UTNP a un passé supposé sulfureux puisqu’avant de devenir sénateur de Bangkok et de fonder le Thaï Local Power Party, il était soupçonné d’être ce qu’on appelle un chao pho, un parrain local, impliqué dans l’industrie du jeu clandestin dans la capitale.
Si tout le monde se dit prêt à affronter les élections à venir, il faudra voir si ces nouvelles organisations au sein des partis apportent une stabilité immédiate ou manquent un peu d’huile dans les rouages.
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