
"Quem nunca viu o samba amanhecer, Vai no Bexiga pra ver, vai no Bexiga pra ver " (Qui n'a jamais vu naître la samba, va dans le Bexiga pour voir, va dans le Bexiga pour voir.) Quartier historique de l'immigration italienne à São Paulo, le Bexiga abrite l'une des plus anciennes écoles de samba de la ville. "Vai-vai", nom issu de l'exhortation aux spectateurs ("Viens ! Viens !"), implantée rua São Vicente, en contrebas de l'avenida Paulista, est le cœur d'une communauté métissée.
Que la fête commence !
Dimanche soir, 19h. Dans les environs du local de répétition, les "barzinhos" (petits bars) exhibent le drapeau noir et blanc à l'effigie de "Vai-vai". Tout le quartier semble vibrer au son des percussions qui se font entendre au loin. Une fois son billet en poche, on franchit les barrières et que la fête commence ! L'entrain est de mise. Entre les baraques de churrascos (barbecue) improvisées, les curieux se mêlent aux habitués du lieu. L'euphorie est partagée par tous. La bière Brahma coule à flot. Au milieu de l'assemblée, une petite fille esquisse quelques pas de samba. Le public tangue au rythme de la samba diffusée par les hauts parleurs.
L'assemblée en plein air grossit peu à peu ses rangs près du local (salle de répétition de l'école de danse). Des centaines de personnes foulent le pavé des ruelles privatisées pour l'occasion. Les femmes sont perchées sur des talons aiguilles spectaculaires. "Vai-vai" est à l'image de son environnement : populaire, sans âge et métissé. Originellement considéré comme "le cirque" des populations esclaves noires, l'école a su au fil des ans se lier aux populations italiennes installées dans les environs. Telle une équipe de football, l'école compte aujourd'hui un essaim de supporters réguliers qui arborent l'effigie de leur école sur leur T-shirt, ou mieux, tatouée sur le corps, en signe d'allégeance impérissable.
Répétition générale avant le Carnaval
La régie se prépare. L'impatience est à son comble. "Test son. Un, deux. Un, deux." Au micro, Mestre Tadeu, maître de cérémonie, annonce un show spectaculaire. L'orchestre se met en place. Tandis que la nuit tombe, les percussions entament une marche endiablée. Le sourire aux lèvres, le public frétille. Les bras se lèvent religieusement vers le ciel pendant que les danseurs, en costumes, font leur entrée sur la piste.
Le cortège, mené par la porta bandeira (porte-drapeau) s'anime au rythme des batteries. Rien ne laisse transparaître encore le thème choisi cette année par l'école : le vin. Dans l'impasse où se joue la répétition, la ribambelle obéit aux encouragements des compositeurs, sur la scène. Pas de sambista à plumes ce soir. Pas de paillettes, ni de chair sensuelle mais un enthousiasme à toute épreuve au sein de la grande famille "Vai-Vai". Tous les sacrifices consentis pour réunir les fonds nécessaires à l'événement, tout le travail réalisé par les danseurs, les musiciens et les organisateurs au long de l'année, semblent trouver leur accomplissement dans la liesse générale.
"Vai-vai" est une histoire humaine. Celle que l'on a estampillée un temps d'"école des rues" de par son passé agité dans les faubourgs du Bexiga, s'est constituée au fil des ans comme une communauté de voisinage. Depuis toujours, l'accent est mis sur le social. Elle offre aux populations défavorisées du lien social ; un lieu où se rencontrer et où construire un projet collectif autour de la samba. L'organisation du Carnaval n'est qu'un prétexte pour se retrouver, partager de la joie et des sourires et échapper à un quotidien parfois difficile.
Seconde au Carnaval de São Paulo de l'an passé, l'année 2013 réservera peut-être à l'école un succès dûment mérité. L'école défilera vendredi 8 février au Sambodrome d'Anhembi. Que le meilleur gagne !
JP (www.lepetitjournal.com – Brésil) jeudi 31 janvier 2013
Pour approfondir, retrouvez l'excellent documentaire « Vai-Vai : 80 anos nas Ruas »de Fernando Capuano, prix du meilleur documentaire à la 35eme Mostra de Cinéma de São Paulo.




































