TENNIS - Michaël Llodra, le Bleu de l'année ?

Tsonga, Gasquet, Mathieu, Clément, Grosjean. Quel est le meilleur tennisman français de ce début d'année 2008 ? Aucun d'entre eux ! Le boss c'est Michaël Llodra. À 27 ans, il a déjà remporté deux tournois cette saison. Portrait de la révélation tricolore passée inaperçue

Michaël Llodra lors de sa victoire à Rotterdam le 24 février (photo AFP)

Le tennis français masculin est en verve en ce début de saison. Et si Jo-Wilfried Tsonga a attiré tous les projecteurs sur lui suite à sa finale à l'Open d'Australie, Michaël Llodra est bien le seul tricolore qui gagne. Depuis janvier, il a remporté les tournois d'Adélaïde sur dur et de Rotterdam en indoor, lui qui n'avait jusqu'à présent qu'un seul tournoi à son actif -S-Hertogenbosh sur gazon, 2004.
Habitué aux succès en double en Grand Chelem avec ses compères Fabrice Santoro (Open d'Australie 2003 et 2004, et un Masters en 2005) et Arnaud Clément (Wimbledon 2007), et même ancien numéro un mondial de la discipline, rien ne semblait prédisposé le Parisien à connaître pareil succès. Mais à 27 ans, il a décidé de passer la vitesse supérieure et de croire enfin en ses capacités. Depuis le début de sa carrière, les observateurs voyaient en lui un potentiel inexploité. Viré de son sport-études à 18 ans pour cassages de raquettes intempestifs et insultes envers les arbitres, il s'aguerrit sur les courts d'Europe de l'Est et montre enfin quelques signes d'entrain et d'ambition. Il faut dire que son jeu semblait plus disposé à sévir dans les années 80-90 qu'au 21ème siècle. Il est en effet un des derniers adeptes du service-volée, cher à Stefan Edberg et Patrick Rafter. Spectaculaire, ce style de jeu n'en était pas pour autant efficace, faute d'un coup majeur dans l'arsenal du tricolore.
Cet hiver, il a travaillé son physique et ses gammes comme jamais. Six semaines intenses ont porté leurs fruits dès le premier tournoi de la saison, à Adélaïde. Il fut d'ailleurs le premier surpris de la rapide assimilation du travail fourni.

Service fatal
La nouveauté réside autant dans son état d'esprit que dans l'efficacité de son service. Véritable arme fatale, il lui permet d'avoir une confiance énorme dans le reste de son jeu. Tout est plus fluide, plus facile quand le premier coup de raquette est bon. Son toucher de balle est plus juste, ses volées plus tranchantes et ses attaques plus incisives. En attestent ses victoires à Rotterdam sur Davydenko, numéro 4 mondial, Karlovic, le serveur fou, ou Soderling, spécialiste des tournois en salles.
Alors bien sûr, il n'est pas devenu le meilleur joueur de la planète en deux mois;il n'a pas fait une perf dans un tournoi du Grand Chelem (sa meilleure performance date de 2004 avec un 1/8ème de finale à Roland-Garros et l'US Open) et le temps lui est davantage compté que ses compatriotes Gasquet ou Tsonga. Mais ce fan du PSG -son père était footballeur pro dans le club de la capitale dans les années 70, fait fi de tout cela. Il joue pour le plaisir du jeu. Et cela ne l'empêche pas de garder son rythme en double : finaliste à l'Open d'Australie en janvier avec Clément, il a également assuré le point de la victoire en Coupe Davis en Roumanie.
Battu à Las Vegas, la semaine dernière, au premier tour par un Sud-africain inconnu, Kevin Anderson (finalement finaliste du tournoi américain), il a tout de même gagné le double associé à Julien Benneteau. Cinquième au classement ATP Race -les huit premiers sont qualifiés pour le Masters en fin de saison, Llodra attaque Indian Wells et Miami, deux Masters Series, bourré d'excellentes vibrations. En réalisant de bons parcours, il prouverait à tout le monde qu'il n'est pas qu'un joueur de tournoi moyen. Il poserait également alors officiellement sa candidature pour une place de titulaire en simple en équipe de France de Coupe Davis. Dans un mois, les Bleus iront défier les États-Unis d'Andy Roddick et James Blake. Et si c'était la chance de Llodra ?
Jérémy PATRELLE (www.lepetitjournal.com) mardi 11 mars 2008