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Alexandra : « Aujourd’hui, je me sens chez moi en Suède »

Née en France d'une mère suédoise, Alexandra Lafarge a toujours été proche de la Suède. Après avoir vécu 19 ans en France, elle a décidé de poursuivre ses études en Suède. Aujourd’hui en troisième année à la Stockholm School of Economics au coeur de la capitale, elle nous raconte son expérience. L’occasion de découvrir la face cachée de la vie étudiante stockholmoise.

Photographie d'Alexandra Lafarge, étudiante franco-suédoise à StockholmPhotographie d'Alexandra Lafarge, étudiante franco-suédoise à Stockholm
Si Alexandra Lafarge parle couramment le suédois aujourd'hui, c'est grâce à sa mère qui lui a appris la langue dès son enfance © Milla Lanciego
Écrit par Milla Lanciego
Publié le 3 octobre 2023, mis à jour le 5 octobre 2023

Vous vous êtes installée à Stockholm en 2019 afin de continuer vos études. Cette décision était-elle mûrement réfléchie ou prise sur un coup de tête ?

Je dirais un peu des deux (hésitante). Après le lycée, j’ai fait une prépa à Paris, avec pour objectif de passer les concours pour entrer en école de commerce. C'est en discutant avec une fille de ma classe que l’idée m’est venue en tête. Elle avait, pour sa part, décidé de partir à Madrid car la sélection pour les écoles de commerce était beaucoup plus simple à l’étranger. Au départ, je me disais que jamais je n’irai faire mes études en Suède. Je ne me voyais pas partir loin de ma famille. Puis, après réflexion, j’ai foncé. En Suède, certaines écoles de commerce sont gratuites, à l'inverse de la France. J'avais également l’avantage d’avoir l’expérience de ma mère qui avait étudié là-bas dans sa jeunesse. Je me suis alors lancée. J'ai postulé sans penser un seul instant être prise.

 

Parlez-moi des études supérieures en Suède, en comparaison avec la France

J’ai choisi de faire un Bachelor en trois ans appelé le "Business and Economics". Il y a une différence notable avec la France au sein de mon école. À la Stockholm School of Economics, nous avons la possibilité de valider nos cours sur une période de cinq années. Ainsi, si l'étudiant veut passer un cours de première année en deuxième année ou même faire une année sabbatique pendant le cursus, c’est tout à fait possible. Même si la majorité des étudiants suivent le parcours classique, c’est un système que je trouve bien plus intéressant par sa flexibilité. J'en ai d'ailleurs bénéficié en retournant travailler une année en France l’année dernière, avant de rattraper les cours manqués cette année. Cela m’a permis de retourner auprès de mes proches pendant un an.

 

Au niveau des aides pour les études et le logement, comment cela se passe-t-il ? 

En Suède, c’est un système très égalitaire. Tous les étudiants du pays ont la chance de pouvoir toucher un revenu universel grâce à la Commission centrale suédoise, peu importe le niveau de vie de leurs parents. Ainsi, il n'est pas nécessaire de répondre à certains critères pour bénéficier de ces aides qui commencent dès le lycée. Il est même également possible de souscrire un prêt étudiant via le même organisme avec un taux très bas et un remboursement sur 25 ans. C'est un avantage considérable pour les étudiants, étant donné le coût de la vie. Pour se loger, c’est un peu plus compliqué car les loyers à Stockholm sont très chers. L’État propose des logements étudiants sur critères sociaux, similaires à la France, mais la demande est plus forte que l'offre donc le temps d’attente est généralement très long avant de pouvoir y accéder. Pour autant, je préfère le système suédois lorsque l’on est étudiant. 

 

Pourriez-vous me décrire la journée type d’une étudiante en Suède ?

En général, nous avons deux cours par jour, à savoir deux fois quatre heures. Nous alternons entre les cours en amphithéâtre et les séminaires qui correspondent aux travaux dirigés dans les écoles françaises. Pour le déjeuner, c’est assez différent de la France. La plupart des étudiants apportent leur casse-croûte et le font réchauffer dans les micro-ondes mis à disposition. C’est pratique. Il y a aussi des cafétérias mais les prix sont assez élevés. Au niveau des horaires, ils sont plutôt similaires à la France en études supérieures, à savoir de 8h30 jusqu’à 19h au plus tard. Certains étudiants profitent de leur temps libre pour effectuer des loisirs proposés par l'école, mais je remarque que la plupart des suédois pratiquent des activités en dehors du cadre proposé. Les soirées sont, quant à elles, bien occupées car nous avons beaucoup de travail personnel à fournir.

 

Vous supposez alors que l’intensité de travail est supérieure en Suède ? Et les exigences ?

Oui ! Ici, les vacances sont très rares, nous n’avons que Noël et les vacances d’été. À mon arrivée, je me suis dit « mais où sont les vacances, je veux rentrer en France » (rires). L'année universitaire est divisée en quatre périodes, dont deux prévues pour les partiels, je trouve que c’est assez mal fait. Les attentes des écoles suédoises sont plus exigeantes, notamment au niveau de la sélection. J’ai été admise uniquement sur la base de mes relevés de notes du bac et d'un test de suédois. Pour la plupart des écoles, il n'y a pas de lettre de motivation à fournir ou d'examen d'entrée. En Suède, il est donc important d’être bon très tôt car les résultats du lycée déterminent en quelque sorte notre avenir. Malgré cela, les exigences suédoises me paraissent en général moins fortes qu’en France, il y a donc moins de pression.

 

Vous aviez déjà eu l’occasion de venir à Stockholm voir votre famille. Mais après avoir sauté le pas du déménagement, comment s’est passée votre adaptation à la vie suédoise ? 

Mon cas est un peu spécifique car, au départ, personne ne pensait que j’étais française. Je me fondais facilement dans le décor. Je parle couramment suédois depuis mon enfance donc cela a été très simple pour moi. J’ai aussi de la famille qui vit dans l’archipel de Stockholm. Ils m’ont directement proposé d’habiter chez eux donc j’étais loin de me sentir seule. Sans ces avantages, je pense que l’intégration aurait été plus compliquée. J'ai quand même mis du temps à m’adapter au mode de vie suédois qui assez différent de celui de la France. Entre le coucher du soleil à 15h en plein hiver, les dîners à 18h ou la fermeture des cafés très tôt, je perds parfois un peu la notion du temps. Ce sont les seuls bémols. 

 

Ce n’est pas trop compliqué de vivre loin de son pays natal ? 

Même si je rentre en France régulièrement, mes proches me manquent beaucoup en effet. Mais aujourd’hui, je me sens chez moi en Suède. Je sais également que je retournerai en France après mon Bachelor, cela me permet de relativiser. Puis, il existe plein d’avantages à vivre ici. À Stockholm, les transports circulent toute la nuit et cela nous aide à nous sentir constamment en sécurité. Même si la mentalité suédoise est plus fermée et moins chaleureuse qu’en France, les suédois sont très ouverts d’esprit. Leur mode de vie est beaucoup plus simple. Chacun fait ce qu’il veut, ainsi je me sens libre partout. Je le vis donc plutôt bien, même si parfois mon français me fait défaut à force de parler anglais et suédois (rires).

 

Comment décririez-vous la relation franco-suédoise ? 

Très bonne. Je n’ai jamais vraiment eu l'occasion d'être en classe avec d’autres français, car ceux que je croise sont principalement en échange universitaire pour quelques mois. Pourtant, les suédois aiment énormément les français et sont fascinés par notre pays. Dès que j'évoque ma nationalité, les suédois me posent beaucoup de questions et semblent très intéressés. C’est plutôt drôle. En plus, le français est assez couramment appris à l’école donc la langue est reconnue partout, très rapidement. L’histoire, la cuisine ou même la mode française sont présentes un peu partout dans la ville, donc c’est très agréable en tant que français. Grâce à ça, je garde un lien fort avec la France.

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