Nos animaux de compagnie et les animaux urbains sont les premiers à ressentir les effets de notre confinement. Quelles sont les répercussions négatives voire parfois positives de cette pandémie sur eux ?
Le confinement crée de nouvelles dynamiques avec les meilleurs amis de l’Homme. Les propriétaires doivent s’organiser différemment et les boules de poils s’habituer à cette nouvelle vie. Des sorts beaucoup plus noirs leur sont parfois réservés.
Flambée des abandons
Depuis l’apparition du Covid-19, une information fausse, blâmant les animaux de compagnie d’être transmetteur du virus a fait le tour de la toile. Ces craintes ont provoqué des incidents de violences envers les animaux en Chine, ont déclaré à CNN, Fang et Higgins, chefs du personnel de la Vshine Animal Protection Association. Ils ont même publié des avertissements pour les propriétaires d’animaux, pour garder leurs animaux à l’intérieur. Entre le confinement et les fausses idées qui circulent, les abandons de nos amis à quatre pattes ont explosé dans le monde entier. Les associations et la SPA lancent un cri d’alarme. Angelo Borrelli, chef de la protection civile italienne a demandé aux propriétaires d’animaux de compagnie de ne pas abandonner leurs animaux et a tenté de rassurer la population. Ces inquiétudes se sont fait ressentir jusqu’en Equateur où les organisations des vétérinaires équatoriens ont passé un appel demandant à la population de ne pas abandonner leurs animaux, d'agir calmement et de ne pas prendre de décisions basées sur de faux messages ou l'ignorance.
Famine en quarantaine
L’épidémie de coronavirus a obligé le gouvernement chinois à instaurer une politique de confinement, ce qui a séparé de nombreux Chinois de leurs animaux de compagnie, désormais livrés à eux-mêmes. Le principal risque pour eux est la famine. « Les résidents qui ont été forcés de laisser leurs animaux, ont laissé suffisamment de nourriture et d’eau pour tenir quelques jours, pensant qu’ils reviendraient bientôt, mais près d’un mois après leur évacuation, de nombreux habitants ne sont pas rentrés chez eux » déclaraient des défenseurs des animaux en Chine à la CNN. A Wuhan, les activistes ont déjà aidé des animaux dans plus de 1 000 appartements. La Vshine Animal Protection Association, une organisation chinoise de protection des animaux et de l'environnement, en partenariat avec la Humane Society International, ont estimé que le nombre de chiens et de chats laissés dans les appartements des villes du Hubei se chiffrait par dizaines de milliers.
Nos amis à quatre pattes durant le confinement
Leurs habitudes ont été changées depuis que nous sommes 24h/24 avec eux. La PETA conseille de garder votre chat à l’intérieur. Si votre chat disparaît, vous ne pourrez pas quitter votre domicile pour le retrouver. Il était roi de la maison durant votre absence et subit aujourd’hui votre présence. De nouveaux comportements peuvent apparaître. Minou était timide et distant. A force de sollicitations par des jeux et des gratouilles, il est devenu plus confiant en votre présence et pour la première fois, à son initiative, vous demande pour des sessions de jeux. Ce temps ensemble sert à resserrer vos liens avec vos animaux.
Pour Médor, son rêve est enfin accompli : vous avoir à ses côtés pour jouer toute la journée ! Seul bémol : les sorties. Les fermeture des parcs et des promenades sont un vrai coup dur pour les propriétaires de chiens, surtout ceux en appartement. Pour le bien-être de son toutou, il est recommandé de faire au moins quatre sorties quotidiennes de 20 minutes pour les « besoins », et une grande balade de une ou deux heures une fois par semaine. Un chien ne peut pas rester plus de 6 à 8 heures sans faire ses besoins. Le confinement peut alors s’avérer très compliqué quand le gouvernement limite les déplacements à une fois par jour pendant maximum une heure. Avoir un chien durant le confinement est aussi devenu un luxe pour pouvoir sortir de chez soi. En Espagne, des messages de « locations de chien » sont apparus un peu partout.
Les chevaux et le confinement ne font pas bon ménage. Sans activité un cheval risque « des blessures s'il n'a pas l'habitude d'être enfermé dans un box, voire des fractures de bassin ou de fémur» et « là il n'y a rien à faire à part l'euthanasie» , met en garde Hélène Mennessier, vétérinaire équin. Le premier centre équestre de Corse a une jument pleine qui a été vue par son vétérinaire via visioconférence et « ça fonctionne plutôt bien » explique à l’AFP, Lorraine Poirot, la gérante. Dans l’écurie de Lorraine, des films et des photos de chevaux au travail sont envoyés à leur propriétaire. Mais elle est soucieuse de la survie de son entreprise car « même fermé, les sorties financières sont énormes ». « Beaucoup de clubs sont à la limite budgétaire et certains auront du mal à se relever » confie à l’AFP, Serge Lecompte, président de la Fédération française d’équitation.
Les gestes à ne surtout pas adopter
Les vétérinaires de France mettent en garde les propriétaires d'animaux qui, par peur de la transmission du virus, adoptent des comportements dangereux pour leurs compagnons. En effet, des vétérinaires de Haute-Savoie ont reçu, par exemple, "des chats en coma éthylique après avoir été lavés au gel hydroalcoolique". Ils ont également constaté "des intoxications et des brûlures cutanées à cause de l’utilisation de désinfectant sur les chiens et les chats". "On nous demande : comment désinfecter mon animal en rentrant de ballade ? Qu'est-ce que je dois lui mettre sur la langue parce qu'il a léché partout par terre ? Qu'est-ce que je dois lui mettre sur les pattes, voire avec quoi je peux le nettoyer entièrement ?", raconte, stupéfaite, le docteur Charlotte Piquet, vétérinaire à Sciez en Haute-Savoie, à France Bleu.
La vétérinaire, lance ce cri d'alarme : "Ne lavez pas vos animaux avec des produits corrosifs". Les vétérinaires rappellent sur leur page Facebook qu'il est "inutile de nettoyer son chien au retour de promenade" ou alors simplement en utilisant de l'eau et du savon adapté pour eux.
Que faire si on est hospitalisé ?
La Fondation 30 Millions d’Amis appelle tous les maîtres à anticiper une hospitalisation ou une activité maintenue, comme le personnel soignant ou alimentaire, pour faire garder son animal. Pour le Docteur Bruno Pelletier, vétérinaire à Colombes (92) « Il faut anticiper et identifier, parmi ses proches, la personne qui pourra prendre soin de l’animal en cas d’hospitalisation. Pour une personne seule, c’est le maire qui prend un arrêté afin que la fourrière vienne chercher l’animal et le garde pendant toute la durée de l’hospitalisation. C’est ce qu’on appelle une "garde sociale". Mais encore faut-il prévenir l’hôpital qu’il y a un animal seul chez vous. ». Ainsi, voisins, famille, associations dans votre pays peuvent vous aider. Les réseaux sociaux aussi s’activent pour proposer leurs aides comme sur le groupe Facebook Wanted Community Animaux où des personnes se proposent spontanément de garder vos animaux.
Rapatriement avec son compagnon
La rapidité de l’expansion du Coronavirus n’a pas donné le temps ni la possibilité aux propriétaires d’animaux de s’organiser pour ce rapatriement en urgence. Par exemple, les pays tiers à situation non favorable au regard de la rage doivent faire un tirage sérique des anticorps antirabiques. Celui-ci est à effectuer par un laboratoire agréé sur un échantillon de sang prélevé au moins 30 jours après la vaccination et au moins trois mois avant le voyage. C’est le cas de Ludivine, expatriée en Inde avec ses parents. Ils ne peuvent pas partir car leur chien Looping ne pourrait pas retourner en France avec eux.
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Moins d'activité humaine, moins de pollutions
La majorité de la population n’en est pas consciente mais l’activité de l’Homme génère une pollution sonore et lumineuse en plus de la pollution de l’air. Essayez un jour de regarder les étoiles dans une grande ville et ensuite en pleine campagne sans lumière, la différence est frappante.
Les moyens de locomotion perturbent le comportement des oiseaux chanteurs, ce qui les pousse à décaler l’horaire de leurs vocalises pour des chants de nuit. Chaque ville en confinement autour du monde a dû s’en apercevoir le matin en ouvrant ses fenêtres. Il y a longtemps que l’on n’avait pas pu entendre le chant des oiseaux.
Les chats domestiques pour la majorité resteront confinés avec leurs maîtres, donnant du répit aux autres volatiles, amphibiens et reptiles coutumiers du bitume comme les orvets, dans cette période de reproduction.
La diminution de la pollution de l’air est « une véritable bouffée d’air frais ! » souligne Xavier Japiot, naturaliste. Car si les humains sont touchés par des maladies respiratoires, les animaux sauvages en subissent les mêmes conséquences, « bien que le phénomène soit peu étudié » ajoute-t-il.
Espérons que l’Homme se rende compte de ces changements. L’environnement, qui nous manque tant en cette période de confinement, pourrait enfin devenir une priorité. Le bon score des Verts au premier tour des municipales, souligne peut-être déjà cette tendance.