

A l'occasion de la journée de la Francophonie, lepetitjournal.com a posé quelques questions au secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF). M. Abdou Diouf nous explique pourquoi il est toujours important d'"oser et de revendiquer la langue française"
Pourquoi avoir choisi le Liban pour célébrer la Francophonie en 2009 ?
J'ai choisi de me rendre au Liban pour célébrer le 20 mars afin d'exprimer avec force la solidarité de la Francophonie envers le pays des Cèdres qui a connu beaucoup de troubles politiques ces derniers temps. Par notre présence, nous voulons lui témoigner notre confiance en un avenir de paix, de stabilité et de prospérité. Le Liban accueillera aussi, à l'automne, la sixième édition d'un grand événement sportif et culturel francophone, les Jeux de la Francophonie, qui constitueront un moment fort de solidarité pour nos jeunes sportifs et artistes francophones. J'ajoute que le Liban reste, pour la Francophonie, un bastion de la diversité culturelle et linguistique dans cette partie du monde où cohabitent plusieurs langues et cultures.
Quelles sont les valeurs qui, selon vous, sont véhiculées par la langue française ?
Ce sont les valeurs universelles véhiculées historiquement par le siècle des Lumières, auxquelles j'ajouterai d'autres, plus actuelles, telles que la solidarité, la diversité et le dialogue des cultures. Léopold Sédar Senghor avait l'habitude de dire "enrichissez-vous de vos différences". La langue que nous avons en partage nous le permet et les valeurs que défend la Francophonie nous y invitent.
Depuis 7 ans que vous vous trouvez à la tête de l'Organisation internationale de la Francophonie, quel chemin a été parcouru et que reste-t-il à faire ?
Il y a d'abord le fait qu'aujourd'hui, la Francophonie fonctionne autour de quatre grandes missions : promouvoir la langue française et la diversité culturelle et linguistique, promouvoir la paix, la démocratie et les droits de l'Homme, soutenir l'éducation, la formation, l'enseignement supérieur et la recherche et, enfin, développer la coopération au service du développement durable et de la solidarité. Concrètement, dans de nombreux pays du Sud, cela signifie que nous menons aussi bien des actions politiques, comme par exemple surveiller le déroulement des élections dans un pays, que des actions de coopération. Dans ce domaine, nous soutenons la lecture publique et aidons les artistes à se faire connaître. Nous aidons en outre la presse diffusée en langue française ou le cinéma, etc. Une de mes priorités est de poursuivre les efforts pour la promotion de la langue française, qui a fait l'objet d'une résolution forte lors du dernier Sommet de Québec. J'ai déjà entamé des discussions avec les nouveaux pays adhérents, ainsi qu'avec les pays qui ont manifesté le désir de répondre positivement au "pacte linguistique"que nous leur proposions. Ensemble, nous allons préciser leurs attentes et les modalités de l'engagement de la Francophonie. Une autre de mes priorités est de poursuivre l'implantation de nos projets pilotes: le projet des volontaires francophones qui implique des jeunes du Sud et du Nord à nos actions de terrain, celui des maisons des savoirs qui sont des centres multimédia destinés aux populations vivant dans les grands centres urbains et le projet de formation à distance des maîtres du primaire, pour nous aider à atteindre l'objectif de scolarisation universelle. Mais toutes nos missions - la démocratie, l'Etat de droit et la paix, la langue et la diversité culturelle, l'éducation, l'enseignement supérieur et la recherche, et la solidarité et le développement durable - sont à mes yeux d'égale importance et constituent pour moi les priorités à long terme.
En cette période de crise économique mondiale, quel rôle peut jouer l'OIF et quels sont ses grands projets à venir ?
En appeler à un monde plus juste. Laissez-moi vous dire qu'avant cette crise, la Francophonie a été la première voix à réclamer un monde plus équitable, plus juste, mieux régulé. Nous avons, avant tout le monde, appelé l'attention de nos interlocuteurs sur les dérives de cette mondialisation qui laisse, sur les bas-côtés, des millions de pauvres. Je suis intimement convaincu que la Francophonie a une partition importante et originale à jouer dans la redéfinition des règles du jeu international. Mais aussi dans l'émergence d'un multilatéralisme plus équilibré, plus équitable, plus solidaire, à l'image des pratiques que nous avons développées au sein de notre communauté. A Québec, lors du dernier Sommet de la Francophonie, les chefs d'Etat et de gouvernement ont clairement abondé dans ce sens.
Lepetitjournal.com est lu par de nombreux Francophones à travers le monde, en cette journée particulière, quel message souhaiteriez-vous leur faire passer ?
Dans le message que j'ai envoyé à tous les francophones à l'occasion de cette journée de fête, je leur ai dit: "osez et revendiquez la langue française". Nous pouvons être fiers de notre langue qui, comme l'anglais, est une grande langue de communication internationale, enseignée et parlée sur les cinq continents! Comme l'anglais, le français permet d'accéder à la connaissance universelle. Malheureusement, aujourd'hui, la mondialisation tend à nous imposer un monolinguisme de fait, qui propose non seulement une seule langue mais aussi une seule vision du monde. Les francophones doivent comprendre que le combat qu'il faut mener, c'est celui de la diversité des langues et des cultures. Ils doivent se dire qu'en défendant la langue française, la Francophonie défend toutes les autres langues !
Damien Bouhours (www.lepetitjournal.com) vendredi 20 mars 2009
Tout savoir sur la journée de la francophonie : www.20mars.francophonie.org











































