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SOCIETE – Quel futur pour Tepito ?

 

Réputé comme zone de non droit au c?ur même de Mexico, le quartier de Tepito à toutes les allures du lieu infréquentable. Pour en finir avec cette image, de nombreuses actions sont conduites dans cette zone depuis février dernier, sur les ordres du Maire de la ville, Marcello Ebrard

Une sécurité de rigueur dans un quartier sous haute tension (source : AFP)

Situé en plein centre du District Fédéral, Tepito est depuis longtemps jugé comme une zone dangereuse, fortement déconseillée à toute personne non accompagnée. Une mauvaise réputation pour ce quartier historique qui est aussi surnommé le Barrio Bravo ou le quartier des insoumis ? et qui vie depuis toujours selon ses propres règles. Dès l'époque préhispanique, l'endroit a su profiter de sa proximité avec l'immense marché de Tlatelolco pour développer son activité parallèle : le commerce des marchandises volées. Durant la colonisation, de nombreux indigènes sont venus trouver refuge dans ce quartier pauvre, considéré comme l'un des derniers remparts face à l'impérialisme espagnol. Des bâtiments se sont alors peu à peu construits, offrant logements et ateliers en tout genre. De nos jours, le vaste marché de Tepito est toujours fréquenté par la population la plus pauvre de Mexico qui y trouve des prix défiants toute concurrence. Grace à ses dédales de petites rues auxquelles s'ajoutent des bâtiments aux multiples accès, le quartier représente l'endroit idéal pour toute activité licite ou illicite, à l'abri des regards. Devenu temple de la contrefaçon et de la piraterie - ici, vêtements, bijoux et montres de grande marque côtoient des DVD de film à peine sortie en salle -, les trafics en tout genre sont bien sûr pratique courante.

Un nouveau visage pour Tepito ?
Face à ce lieu incontrôlable où les dérives violentes font parties du quotidien, le maire de la ville Marcello Ebrard a décidé de prendre des mesures draconiennes. Au-delà des actions "coup de poing"comme l'incursion surprise, hier, de 700 policiers dans le quartier, de nouvelles stratégies ont été mises en place depuis la mi-février des habitants se voient ainsi exproprier de gré ou de force de leur demeure et de leur commerce. Une fois vidés, certains immeubles, comme celui baptisé la "Forteresse"au numéro 40 de la rue Tenochtitlán, seront détruits. Des centres éducatifs, des garderies et des commerces viendront finalement se rajouter au paysage dans les mois à venir. Parallèlement, près de 6500 boutiques de rues, faites de barres métalliques et de toiles cirées, ont été démontées. Après huit ans sans bouger, les installations de ses structures d'acier et de plastique dévront respecter des horaires fixes.
Dans sa volonté de redonner un nouveau visage à Tepito, Ebrard a aussi invité les investisseurs à venir s'y installer : 25 enseignes, dont la chaîne Sanborns, se sont déclarées favorables à l'ouverture de magasins dans cette zone, sous réserve d'une bonne accessibilité et du maintien de la sécurité.
Un avenir qui ne semble pas au goût d'une population attachée à son quartier, et qui malgré les promesses d'indemnisation et de relogement compte bien faire entendre sa voix...

Eddy RABIN. (www.lepetitjournal.com - Mexico) jeudi 22 mars 2007

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