

Il n'y a pas eu de pause avant le premier tour, il n'y en aura pas avant le second tour : alors que la période de l'élection présidentielle était traditionnellement l'objet d'une relative trêve sociale, la campagne 2007 aura été émaillée tout du long par de nombreux conflits sociaux qui ont placé les questions économiques au premier plan et amené les candidats à multiplier les visites d'entreprises et les prises de position. Après que les annonces de licenciements chez Alcatel-Lucent et chez Airbus ont tenu le haut de l'affiche durant la première partie de campagne, de fortes tensions perdurent dans ces deux groupes - les syndicats d'Alcatel-Lucent ont bloqué hier l'accès au site de Vélizy (Yvelines) à Patricia Russo, la PDG - et, surtout, la grogne sociale gagne en ce moment beaucoup d'autres entreprises.
Lundi, PSA Peugeot Citroën, dont le site d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) sort de six semaines de grève, a annoncé qu'il entend continuer à réduire ses effectifs par le « non-remplacement des départs », tout en refusant de commenter les rumeurs concernant 10.000 suppressions d'emplois. Mardi, la FNAC (groupe PPR) a ouvert une procédure de plan social prévoyant la suppression de 300 emplois administratifs. L'enseigne assure qu'un reclassement sera proposé aux salariés, mais les syndicats appellent à la grève le 4 mai.
Droits aux indemnités
Autre grande entreprise dans la tourmente : Eiffage. Hier, plusieurs centaines de salariés du numéro trois du BTP français se sont rassemblés à Paris pour marquer leur refus d'une prise de contrôle par le groupe espagnol Sacyr, qui a déposé jeudi dernier une OPE. Dans le même temps et également à Paris, les ex-salariés d'Air Afrique manifestaient devant les locaux d'Air France pour réclamer des droits aux indemnités. La veille, les salariés de la société de restauration aérienne LSG Gate Gourmet Paris SAS, en liquidation judiciaire depuis lundi, ont manifesté à Roissy.
De leur côté, les syndicats du Centre d'essais en vol de Cazaux, en Gironde, ont dénoncé avant-hier « l'entreprise de démantèlement » de la Délégation générale pour l'armement (DGA) et les menaces sur l'emploi.
La fonction publique aussi
Les tensions, de fait, ne sont pas l'apanage du secteur privé. Avant le premier tour déjà, les fonctionnaires de l'Education nationale, La Poste, la SNCF et l'ANPE avaient interpellé les candidats lors de grèves et de manifestations, exprimant les mêmes préoccupations : emploi, défense du service public et pouvoir d'achat.
La question des salaires a ainsi été récurrente durant toute la campagne, cette dernière coïncidant avec de nombreuses négociations annuelles obligatoires dans les entreprises et avec l'annonce de résultats financiers. Profitant des élections, les employés des banques, des groupes pharmaceutiques, de la distribution, jusqu'aux colleurs d'affiches officielles pour les élections, ont ainsi réclamé leur « part du gâteau » ces derniers mois. Les intermittents du spectacle en profitent aussi pour se rappeler au bon souvenir de l'opinion publique : hier, avec plusieurs dizaines de chômeurs, ils continuaient à occuper le toit et le dernier étage du siège de l'Unedic à Paris.
DEREK PERROTTE de notre partenaire www.lesechos.fr - vendredi 27 avril 2007








































