Le château de Versailles s’implante à ION Art, espace d’exposition de ION Orchard, l’un des plus grands centres commerciaux de Singapour, le temps d’une exposition digitale inédite. Une balade à vélo connectée dans les parcs, une visite 360 degrés des différentes pièces du palais, notamment la galerie des Glaces, un plongeon historique au cœur d’un bal masqué organisé par Louis XV en 1745 ou le suivi de la visite de l’ambassadeur du roi du Siam de 1686... Des expériences virtuelles exceptionnelles, rendues possibles grâce à la technologie développée avec le concours de la fondation Orange et Google Arts. Catherine Pégard, présidente du château de Versailles, a répondu aux questions du Petit Journal.
lepetitjournal.com : En quoi consiste votre fonction au château de Versailles ?
Catherine Pégard : Je suis la présidente du château de Versailles. C‘est aujourd’hui une entreprise à part entière que je dirige au quotidien sous tous ses aspects. Les tâches sont très variées avec 52 métiers et plus de 1.000 personnes qui y travaillent.
Vous avez une fonction que l’on dit régalienne, décidez-vous toute seule ? Est-ce que le gouvernement français intervient dans vos choix ?
Le château de Versailles est un établissement public qui dépend du ministère de la Culture et à ce titre, une lettre de mission m’a été donnée par le gouvernement français. Les décisions sont prises avec le comité de direction du château. Quand nous réalisons de grands travaux, nous devons en informer le ministère de la Culture.
Avez-vous une mission envers les autres musées français ?
Tous les musées de France collaborent, s’échangent des œuvres pour présenter des expositions, en France ou ailleurs, et nous avons, évidemment, mille et une occasions de se rencontrer et de travailler ensemble. Il y a une complémentarité entre tous les musées et tous les établissements culturels français. À l’Opéra royal de Versailles, nous pouvons offrir une production qui a d’abord été produite à l’Opéra de Paris. Les liens entre toutes les institutions culturelles françaises sont très forts.
Pourquoi avoir choisi Singapour pour cette exposition ?
2018 est l’Année de l’Innovation France-Singapour. Cette présentation virtuelle du château, une innovation importante pour un établissement comme le nôtre, s’inscrit donc parfaitement dans ce cadre. Par ailleurs, nous avons conclu un partenariat avec l’École supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC) il y a deux ans. Nous avons développé la chaire de l’excellence à travers tous les savoir-faire d’exception dont Versailles fut le lieu d‘expression et qui constituent l’art de vivre français. Le but étant de soutenir ensemble leur transmission et leur promotion à l‘international, en particulier en Asie. Nous nous appuyons naturellement sur l’ancrage du campus de l’ESSEC à Singapour.
Quel est l’objectif de cette présentation digitale ?
Nous souhaitons faire découvrir notre héritage. Nous voulons donner envie de visiter le château. L’utilisation du virtuel est une nouvelle manière de capter l’intérêt des visiteurs. Il est important pour nous de faire comprendre que Versailles est un lieu où se sont développés l’art (peinture, architecture, sculpture, paysagisme), la science, le luxe, la mode, le design, la gastronomie. Aujourd’hui, le monde entier est une vitrine où l’on peut piocher ce que l’on a envie de voir. On voyage beaucoup. Le château de Versailles, s‘il est un des sites les plus visités au monde, n’est pas le seul endroit magnifique au monde. Il faut donc convaincre le public d’y venir ou d’y revenir, d’expliquer qui nous sommes, de montrer qu’il s’y passe toujours quelque chose. Trente-deux salles ont été ouvertes cette année, parallèlement à l’actuelle exposition sur Louis-Philippe. Chaque année, nous restaurons de nouveaux bosquets, de nouvelles salles. L’année dernière, les appartements des filles de Louis XV ont pu être montrés au public. Il y a de plus en plus d’exigence dans la communication que nous proposons. L'idée est de donner envie à ceux qui explorent virtuellement le château à Singapour de venir le voir in situ, réalité que rien ne remplace.
Le concept est-il breveté ?
Non, c’est une exposition classique avec une introduction du numérique. Les conservateurs du château de Versailles ont travaillé en commun pour la préparation de cette exposition. Les contenus sont ceux du château de Versailles, la technologie et les contenants sont ceux de Google et Orange.
L’exposition va-t-elle voyager ?
Il s’agit d’une première. Les résultats de cette exposition « test » seront analysés et exploités. Nous espérons que celle-ci rencontrera le succès pour effectivement voyager par la suite. Nous pensons évidemment à d’autres villes d’Asie.
Vous êtes une femme inspirante. Quel est votre motto ? Quel est votre message à une femme expatriée ?
Ma devise est « soyons curieux ». Les femmes qui vivent à l’étranger ont une chance que je n’ai pas forcément eue : découvrir un pays autrement que rapidement, s’y installer, y vivre. C’est une manière de gagner en ouverture d’esprit. Elles comprennent certainement mieux le monde. Cela m’aurait intéressée d’avoir cette expérience-là. Rien ne remplace le fait de voir davantage de choses et d’être curieux du monde dans lequel on vit.
Du 30 novembre 2018 au 6 janvier 2019
De 10h à 22h tous les jours
ION Art (Level 4 next to Lobby A)
ION Sky (Level 56)
2 Orchard Turn
Singapore 238801
Site de l’exposition "Virtually Versailles"
Cet évènement est organisé grâce au soutien de la fondation d’entreprise Michelin.
Article coécrit par Laetitia Dubois Crochemore et Catherine Soulas Baron