

Le Shangri-La Dialogue, conférence internationale consacrée à la sécurité et à la défense dans la région Asie-Pacifique, s’est tenu du 31 mai au 2 juin à Singapour. Une rencontre qui est intervenue dans un contexte de tensions accrues entre Washington et Pékin.
Rencontre géopolitique stratégique majeure, le Shangri-La Dialogue est organisé depuis 2002 par l’International Institute for Strategic Studies (IISS). Ce forum annuel sur la sécurité et le renseignement réunit les ministres de la Défense, les dirigeants de l’armée américaine et des pays d’Asie-Pacifique, mais également certains représentants de pays européens, dont la France. Florence Parly, ministre des Forces armées était notamment présente les 1er et 2 juin. Elle a prononcé un discours sur l'évolution de la situation en matière de sécurité et de stratégie de défense française dans la région. Cette stratégie s'inscrit dans la continuité du discours fondateur prononcé le 2 mai 2018 par Emmanuel Macron, président de la République française, à Garden Island en Australie. Florence Parly a également rencontré les autorités singapouriennes, ses homologues de la région, ainsi que l'équipage du porte-avions Charles de Gaulle, déployé dans le cadre de la mission Clemenceau depuis 3 mois et ancré à Singapour pour l’occasion.
Dans son discours d’introduction, le Premier ministre Lee Hsien Loong a déclaré que la croissance de la Chine avait modifié l'équilibre stratégique et le centre de gravité économique du monde et que les pays, y compris les États-Unis, devaient s'adapter au rôle plus important joué par la Chine et accepter que le pays continue à se développer. Sur la question du déploiement des prochains réseaux 5G, le Premier ministre a insisté sur la nécessité pour les différents pays de se faire confiance. « Le manque de confiance pourrait avoir de graves conséquences lorsque les pays développent leurs propres systèmes et opèrent dans des mondes séparés » a t-il précisé.
Concernant les tensions actuelles entre les Etats-Unis et la Chine, le ministre chinois de la Défense, le général Wei Fenghe a rencontré le chef du Pentagone Patrick Shanahan, vendredi 31 mai, pour tenter d’améliorer les relations entre les armées des deux pays dans un contexte de tensions en mer de Chine méridionale. Les deux dirigeants ont discuté des moyens d'approfondir les relations militaires entre les deux pays afin de « réduire les risques de malentendus et d'erreurs de jugement ». Deux jours après, alors que Pékin a rejeté la responsabilité de l’échec des discussions avec Washington et a rappelé qu’elle « ne transigerait pas sur les principes fondamentaux », le général Wei Fenghe assurait que la deuxième puissance économique mondiale répondrait aux assauts de Washington. « Si les Etats-Unis veulent parler, nous allons maintenir la porte ouverte. S’ils veulent l’affrontement, nous sommes prêts ». Interrogé sur les trente ans du massacre de Tiananmen, le général Wei s’est demandé pourquoi le monde disait toujours que la Chine n’avait « pas géré correctement » l’événement. « Ces trente dernières années ont prouvé que la Chine a vécu des changements majeurs. Grâce aux mesures prises à l’époque par le gouvernement, le pays a joui de stabilité et de développement » a-t-il justifié.
Cyber-sécurité
Au-delà de l’intensification de la rivalité sino-américaine, d’autres thématiques étaient attendues, comme la sécurité maritime et la cyber-sécurité. David Koh, directeur de la Singapore's Cyber Security Agency a notamment déclaré que les entreprises devaient apprendre à travailler avec des partenaires à l’échelle du gouvernement. « Elles ne sont peut-être pas habituées aux menaces concernant la sécurité. Elles doivent savoir quand partager des informations avec les agences de sécurité pour déterminer si un incident est juste un petit problème ou le premier indicateur d’une cyber-attaque sophistiquée » a-t-il expliqué. Concernant les pourparlers bloqués avec la Corée du Nord, Federica Mogherini, haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité a rappelé que « si la péninsule coréenne doit faire l’objet d’un processus de dénucléarisation complet, vérifiable et irréversible, la seule solution est pacifique et diplomatique, pas militaire ».
Lors d'un petit-déjeuner de travail, vendredi 31 mai, le ministre singapourien de la Défense, Ng Eng Hen, et le secrétaire américain à la Défense par intérim, Patrick Shanahan, ont salué le renouvellement du mémorandum d'accord de 1990 sur l'utilisation de bases aériennes et navales à Singapour par les forces de sécurité américaines.
Le Royaume-Uni, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Malaisie et Singapour, pays signataires des Five Power Defence Arrangements (FPDA) en 1971, selon lesquels ces cinq États se consultent en cas d’agression extérieure ou menace d’attaque contre la Malaisie ou Singapour ont réaffirmé la pertinence des accords, notamment dans la lutte contre le terrorisme, la sécurité maritime, l’assistance humanitaire et le déploiement des secours en cas de catastrophe naturelle.
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