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Olivier Castaignede – "Oser suivre son rêve d’enfant, l'écriture..."

Olivier CastaignedeOlivier Castaignede
Écrit par Laurence Huret
Publié le 29 mars 2021, mis à jour le 13 octobre 2021

Originaire de Metz, Olivier Castaignede habite à Singapour depuis vingt ans. Ingénieur polytechnicien de formation, il a d’abord été Conseiller en Ambassade, avant d’occuper différentes fonctions managériales dans des entreprises technologiques basées en Asie. Depuis 2015, il se consacre principalement à l’écriture et au voyage, avec une passion pour l’Afrique et tout particulièrement pour l’Ethiopie très présente dans son nouveau roman "Secrète Lalibela". Entre deux romans, il essaie de convaincre son épouse singapourienne et ses deux enfants de lui apprendre à parler le bahasa.

 

Olivier, quel est votre parcours ?

J’ai coutume de dire que je suis un millénial Singapourien car je suis arrivé ici en septembre 2000, au départ pour travailler comme Conseiller commercial à l’Ambassade de France (au sein de ce qu’on appelait alors le Poste d’Expansion Economique).

Je suis “X-Mines” et j’ai commencé ma carrière dans la fonction publique au Ministère de la Recherche. Mais très vite, j’ai eu envie d’aventure, de partir à l’étranger. À l’époque, j’étais fasciné par le Brésil, et puis finalement au lieu de Rio, l’administration m’a envoyé à Singapour que je ne connaissais pas du tout. Par rapport à l’Amérique Latine de mes rêves, le coup de foudre fut loin d’être immédiat, mais lorsque j’ai rencontré ma future épouse en 2002, je n’ai plus voulu repartir...

En 2004, j’ai décidé d’abandonner ma carrière de fonctionnaire et j’ai fait un MBA à l’INSEAD, avant de travailler pendant dix ans dans le secteur de la sécurité numérique au sein de différentes sociétés aussi bien françaises qu’allemandes (Gemalto, Linxens, G&D).

En 2015, j’ai mis en suspens ma carrière en entreprise pour me consacrer à un rêve d’enfant : l’écriture. Depuis, j’ai publié deux romans en français, Radikal en 2017 aux Editions Gope, et Secrète Lalibela qui vient de sortir chez Présence Africaine. J’ai aussi terminé un master en création littéraire à Lasalle College of the Arts à Singapour et je mets la dernière main à mon premier roman directement en anglais (Sex Continuum).

J’ai deux enfants, Sarah et Daniel, mais ma femme étant Singapourienne, j’ai aussi une (très) large belle-famille ici.

 

Radikal

 

Quels souvenirs gardez-vous de Singapour dans les années 2000? Quels évènements vous ont le plus marqué ? 

Singapour en tant que ville a incontestablement changé. En tout cas, elle a certainement gagné en hauteur et en shopping centres ! Mais pour ma part, je trouve que ce sont surtout les gens qui ont changé. Dans les générations plus jeunes, on ressent maintenant une vraie fierté d’être Singapourien ainsi qu’une volonté de remettre en cause l’organisation sociale héritée des années de construction du pays pendant la période 1965-2000. Cela se traduit par tous les débats qui animent aujourd’hui les médias et les réseaux sociaux autour des questions de « race », de religion, d’orientation sexuelle, ou de redistribution des richesses. De fait, il y aussi le sentiment d’une plus grande liberté dans les domaines culturel et artistique, qui débouche sur l’émergence d’une véritable identité propre, spécifiquement singapourienne, au-delà du creuset initial des cultures malaise, chinoise et indienne.

Si besoin, pour se convaincre de la vigueur des débats en cours, j’invite les lecteurs du Petit Journal à aller voir des pièces d’Alfian Sa’at ou d’Haresh Sharma, ou à regarder les films d’Eric Khoo – tous disponibles sur Netflix. Ou encore à lire les poèmes de Felix Cheong ou le roman State of Emergency de Jeremy Tiang.

Les évènements locaux les plus mémorables pour moi ont été : l’épidémie de SARS en 2003 et le vent de panique qui l’a accompagnée (du fait d’une létalité qui se situait autour de 15%), ainsi que la mort de Lee Kuan Yew en 2015.

Au plan mondial, il serait difficile de ne pas évoquer les attentats du 11 septembre 2001 avec ses conséquences jusque dans la guerre civile qui perdure en Syrie. Le tsunami géant du 26 décembre 2004 ou encore l’élection de Barack Obama ont aussi marqué ma mémoire. Plus récemment, l’accord de paix signée en 2019 entre l’Éthiopie et l’Erythrée représente une avancée majeure dans une région du monde qui m’est chère même si les heurts violents qui ont émaillé la région du Tigray fin 2020 sont pour le moins inquiétants.

 

secrete lalibela - olivier cataignede

 

Quels ont été les challenges professionnels et personnels auxquels vous avez dû faire face ?

J’ai effectué deux reconversions professionnelles majeures à Singapour, l’une en 2004-05 en passant de la fonction publique au secteur privé et l’autre en 2015 quand je me suis mis à écrire à plein temps. Aucun regret même si écrire au temps du Covid19 n’est pas forcément le plus facile, surtout quand on est habitué à voyager pour trouver l’inspiration.

Les examens de PSLE (“Primary School Leaving Examination”) qu’ont passés ma fille et mon fils, respectivement en 2018 et 2020, sont une source de stress immense pour les enfants… et les parents. J’ai eu l’impression à chaque fois de revivre par procuration l’ambiance des classes prépa.

 

Quel appui vous ont apporté les différentes institutions françaises ?

Durant ma carrière en entreprise, j’ai toujours travaillé étroitement avec l’Ambassade et la FCCS qui m’ont apporté tout le soutien nécessaire. Plus récemment, dans le cadre de mes activités d’écrivain, je me suis rapproché du service culturel de l’Ambassade pour monter une pièce de théâtre pendant Voilah 2020. Même si le projet a dû être reporté à cause de la pandémie, nous avons bon espoir que la pièce (une comédie romantique singapourienne intitulé Love etc.) puisse être produite à l’occasion de Voilah 2021 en novembre prochain.

secrete lalibela - olivier cataignede
L'église Saint-Georges à Lalibela, en Ethiopie

Comment voyez-vous la situation actuelle à Singapour dans le contexte de la pandémie ?

C’est une période un peu compliquée à vivre au plan personnel, même si c’est vrai que la situation est plutôt bien maîtrisée à Singapour. On y vit masqué certes, mais presque normalement.

Le plus dur pour moi a été de ne plus pouvoir voyager sachant que la découverte de l’Afrique était ma grande passion depuis 3-4 ans. Par ailleurs, tous les projets de théâtre que j’avais en gestation ont été reportés ou annulés. Mais fort heureusement, cela semble enfin repartir (ne pas manquer notamment "No Regrets: A Tribute to Edith Piaf" par SingTheatre du 14 au 25 avril 2021) et je suis reconnaissant à la librairie française ici Akaroa d’organiser un lancement physique de mon nouveau roman "Secrète Lalibela" (le 2 avril 2021 au Club Vagabond). Et comme déjà mentionné, ma pièce Love etc. est maintenant programmée pour novembre 2021.

 

Comment envisagez-vous votre avenir ?

Mon avenir ne sera pas forcément singapourien, même s’il restera très probablement en Asie du Sud-Est.

 

20 ans lepetitjournal.com

Dans le cadre de l’anniversaire des 20 ans de lepetitjournal.com, l’édition de Singapour a souhaité donner la parole et mettre en lumière des Français et francophones résidant à Singapour depuis une vingtaine d’années.

 

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