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Les oiseaux chanteurs : un passe-temps original en voie de disparition à Singapour

Peut-être êtes-vous tombés lors d’une promenade sur des cages suspendues contenant des oiseaux chantant devant une audience attentive ? Lepetitjournal.com vous en dit plus sur ce loisir autrefois très répandu à Singapour et en Malaisie.

Kebin Bahru bird singing clubKebin Bahru bird singing club
Compétition d’oiseaux chanteurs au club de Kebun Bahru (copyright Reuters)
Écrit par Jean-Michel Bardin
Publié le 17 septembre 2023, mis à jour le 21 septembre 2023

Une tradition remontant au milieu du siècle dernier

L’origine de cette activité est incertaine. Certains disent qu’elle démarra avec la société des oiseaux en cage formée au sein de l’armée britannique. Quoi qu’il en soit, c’est dans les années 1950 que l’élevage des oiseaux chanteurs apparait à Singapour comme en Malaisie. La compétition qui eut lieu à Singapour en 1960 accrut la notoriété de ce loisir, en y attirant beaucoup de passionnés.

Lorsque les HDB fleurirent, des emplacements furent aménagés pour regrouper les cages, soit avec des grilles suspendues au rez-de-chaussée des immeubles (les fameux « void decks »), soit avec des mats plantés dans des parcs. Au-delà du souci de vanter les mérites respectifs des volatiles, ces rassemblements étaient aussi, et peut-être surtout, pour leurs propriétaires une occasion de socialiser.

Dans les années 1980, de nombreuses compétitions étaient organisées, avec parfois la participation de membres du parlement. Des centaines de passionnés d’oiseaux y prenaient part. Des trophées et des prix récompensaient les propriétaires des champions. Le rassemblement d’oiseaux le plus réputé, figurant dans tous les guides touristiques, se situait alors à Tiong Bahru.

Depuis le début du millénaire, la moyenne d’âge des personnes pratiquant ce loisir augmente car les nouvelles vocations se font rares. Nul ne sait combien de temps cette tradition survivra.

 

bird singing void deck Yishun

Une passion prenante

Les oiseaux chanteurs sont en fait des oiseaux sauvages qui sont maintenant protégés. Autrefois, il fallait les attraper soi-même dans la nature. Maintenant, on peut en trouver chez des boutiques d’oiseaux. Les prix varient de 80 dollars (pour un oiseau non entrainé) jusqu’à plusieurs milliers de dollars : la rumeur rapporte même qu’un oiseau a été échangé à 98.000 dollars. Ensuite, il faut développer leur chant. Cela se fait notamment en amenant les jeunes oiseaux près de leurs ainés plus expérimentés, mais pas trop près au début car ils peuvent être intimidés.

Mais l’entretien de ces oiseaux demande beaucoup d’investissement. Chaque oiseau doit être baigné à une certaine heure, prendre le soleil chaque jour un certain temps, être nourri d’une certaine façon. Certains passionnés peuvent avoir plus de 20 oiseaux, ce qui les occupent deux a trois heures chaque jour. Il n’est pas facile de trouver quelqu’un pour les remplacer, quand ils veulent partir en vacances.

Enfin, garder des oiseaux aussi bruyants dans son appartement expose aux plaintes de voisins. Heureusement, dans les quartiers les plus anciens, les habitants, plus âgés, sont habitués à ces ramages et s’en accommodent. Cela leur fournit même un prétexte pour se rencontrer et rester connectés, un ressort essentiel d’une vieillesse heureuse. Mais dans les nouveaux quartiers, les gens, plus jeunes, sont moins tolérants. Des emplacements réservés aux cages ont dû y être enlevés, accélérant ainsi le déclin de ce loisir.

 

singing birds species

Ou découvrir les oiseaux chanteurs ?

Si on peut tomber sur des réunions d’oiseaux chanteurs un peu partout à travers Singapour, le lieu le plus actif aujourd’hui reste le Kebun Bahru Bird Singing Club situé à Ang Mo Kio. Tous les samedis et dimanches matin les propriétaires amènent leurs oiseaux. Les cages sont suspendues soit sur des mats de 7m de haut (il y en a plus de 400), soit sous des abris, les oiseaux étant alors regroupés par espèces pour favoriser l’émulation et éviter les fausses notes (plus de 500 emplacements).

Des compétitions s’y déroulent une à deux fois par mois le dimanche matin. Une fois les cages perchées, et l’audience, composée non seulement des propriétaires, mais aussi d’amateurs éclairés, installée, les juges, équipés de blocs-notes et de stylos, commencent à noter les oiseaux. Cela peut demander jusqu’à trois heures en fonction du nombre d’oiseaux. Des points sont attribués sur divers critères dont la hauteur et le volume du son, la beauté, la longueur, et la régularité de la mélodie, la tonalité finale, mais aussi le plumage et la mobilité. Il n’est pas facile pour le novice d’identifier la source d’un chant !

Au-delà des oiseaux, cet endroit est par ailleurs très reposant. Une fois passées les barres de HDB, on se retrouve dans un vaste espace vert bordé par une colline boisée assez sauvage. Des petits jardins potagers alloués aux habitants du quartier lui donnent un air de campagne. C’est donc un lieu idéal pour passer une matinée en famille loin des trépidations habituelles de Singapour, particulièrement en cette période de F1.

 

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