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Mathias Bernardi, du ministère de la Défense à auteur de polars

Mathias BERNARDI, auteurMathias BERNARDI, auteur
matthias Bernardi, auteur
Écrit par Clémentine de Beaupuy
Publié le 25 octobre 2017, mis à jour le 27 décembre 2017

Mathias Bernardi est un auteur chevronné, récompensé par le prix du roman d’aventure en 2015. Son premier roman historique La Ville sans regard publié en 2008 chez Jean-Claude Lattès, l’avait lancé. Mais, il menait « une double vie », avec sa passion de l’écriture la nuit et son métier d’attaché militaire de jour. L’expatriation à Singapour lui a donné un souffle d’air, un moyen de se consacrer entièrement à sa passion. Il écrit avec frénésie et s’est fixé comme objectif de publier un roman par an, en espérant que ce souffle d’air se transforme en vent créatif.

Avant de vous installer à Singapour, vous avez mené de front une carrière de fonctionnaire et d’auteur de romans ? Comment gériez-vous cette double casquette ?

Avec beaucoup de discipline. J’ai fini mes études de droit international en 2002 et avant de travailler, j’avais 3 mois à attendre. J’ai donc, mis à profit cette période pour me lancer, enfin, dans l’écriture d’un roman. C’était le bon moment et cette idée me trottait depuis un certain temps dans la tête. J’ai donc commencé à écrire presque en même temps que j’ai débuté ma carrière d’attaché militaire au ministère de la Défense.

J’ai publié mon premier roman en 2008, La ville sans regard qui avait comme sujet les œuvres d’art spoliées des juifs pendant la 2nde guerre mondiale. Je voulais faire un roman historique, à clefs. Je me suis donc énormément documenté sur la période. C’était passionnant. Pour mener à bien ce projet, je me suis astreint à une vrai discipline : j’écrivais surtout le matin avant de partir travailler et parfois la nuit.

J’ai envoyé mon premier manuscrit par la poste sans aucune recommandation. J’ai eu plusieurs contacts avec des maisons d’édition qui m’ont encouragé à poursuivre. Et, Jean Claude Lattès, après leur succès phénoménal du Da Vinci Code, a publié ce premier roman. C’était le bon moment pour un jeune auteur. J’ai été lauréat du prix Tecknikart et en final du prix du Nouvel Observateur. Pour un roman, il y a une mécanique assez subtile qui se met en marche, entre les ressentis des premiers lecteurs et sa maison d’édition.

De 2009 à 2012, je suis parti au Cambodge avec mon épouse, Laurence, pour travailler à l’Ambassade de France. J’étais attaché de coopération. Encouragé par ma première expérience d’auteur, j’ai voulu continuer mes 2 activités.

Vous avez, d’ailleurs, consacré à ce pays le roman pour lequel vous avait reçu le prix du roman d’aventure, Toxic Phnom Penh. Votre carrière d’écrivain était bien lancée ?

Ce roman policier Toxic Phnom Penh, publié aux édition du Masque, a été écrit à mon retour d’expatriation. Au Cambodge, je me suis consacré à l’écriture d’un roman policier d’anticipation Après les hommes, sur l’allongement de la durée de vie. Ce ne sont ni un sujet ni un genre faciles à exploiter.

Je crois avoir fait une erreur pour ce 2nd roman. Mon premier roman avait reçu un bon accueil du lectorat, j’aurais dû continuer dans cette voie de roman historique. J’ai perdu ceux qui s’étaient intéressés à mon premier livre. Ce roman, qui je crois était très bien documenté, n’a pas connu le succès du premier. J’aime à dire : écrire est une activité qui s’apprend en marchant… et j’apprends constamment. Dans l’édition, ce qui compte est la bonne histoire. C’est quand même un milieu où l’on peut percer à tout moment !

 

Après cette déception, comment vous êtes vous relancé dans l’écriture d’un nouveau roman ?

Je me laisse du temps entre deux romans pour lire et je lis beaucoup de non-fiction notamment. Et, puis c’est quand même fatigant d’écrire un roman, j’ai besoin de ce temps pour avoir de nouveau l’envie et l’énergie.

J’ai passé cinq ans au Cambodge et je souhaitais vraiment parler de ce que j’avais vu et ressenti pour ce pays, à la croisée des chemins. Le Cambodge est connu surtout à travers sa période khmer rouge et on parle peu du Cambodge actuel, qui m’a beaucoup intéressé. Ce pays s’est reconstruit autour d’une élite, très riche, et l’émergence d’une classe moyenne est assez récente. Il se tourne de plus en plus vers le Chine. En filigrane de mon histoire, j’évoque ce remplacement d’une élite par une autre. Le Cambodge y est, d’ailleurs, traité comme un personnage. C’est la seule fois où j’ai conjugué mon travail et l’écriture d’une fiction. A l‘époque, la France finançait un programme de lutte contre le trafic de faux médicaments, ce qui est un fléau partout dans le monde et particulièrement au Cambodge. Et ce trafic est le point de départ de ce livre. Je n’étais pas personnellement impliqué dans la lutte contre ce trafic mais c’était un des dossiers traités par l’Ambassade de France.

 

Votre hiérarchie était-elle au courant de ce projet littéraire ?

Oui, j’ai pris soin de faire relire mon manuscrit à mes supérieurs. Et surtout, je n’ai rien mis dans ce roman de confidentiel. C’est vraiment une fiction et les éléments qui apparaissent sur ce trafic ont tous été publiés.

couverture Toxic Phnom Penh

Et vous avez remporté le prix du roman d’aventure en 2015 pour ce polar?

Oui ! J’ai vendu plus de 8.000 exemplaires. Mais j’étais arrivé au bout d’un système. Je n’étais plus aussi jeune qu’au premier roman, ma vie personnelle avait changé. Même si je m’imposais une discipline pour me documenter et laisser chaque jour une place pour écrire, je commençais à m’épuiser. Ecrire avant ou après une journée de travail était difficile.

En 2016, l’expatriation à Singapour a été pour moi, une vraie chance. Je me suis mis en disponibilité. Pendant 3 ans, je me consacre donc à l’écriture.

Le seul bémol est que c’est une activité solitaire. Bien entendu, quand le livre sort, les séances de dédicaces, les rencontres avec les lecteurs sont une vraie récompense mais avant cette sortie, je suis seul face à mon ordinateur et dans mes recherches.

J’ai fini mon 4ème roman Naissances du mal qui devrait paraître en 2018. J’ai voulu faire un vrai roman de suspense classique, qui se déroule entre la France, l’Angleterre et le Cambodge autour d’un secret de famille, dans un milieu de diplomates.

Vous êtes également un grand lecteur, quels sont les auteurs qui vous inspirent ?

Je peux vous citer, James Ellroy qui a inspiré mon premier livre, Paula Hawkins, Ian Rankin, Adrian Mc Kinty. Egalement, Robert Godard, auteur anglais de "livres à énigmes" est une influence dans le cadre de mon dernier roman. Parmi les auteurs français, j'aime beaucoup Sandrine Colette et Pierre Lemaître. Le livre que j'attends le plus est le troisième tome de la trilogie d'Hilary Mantel consacré au règne d'Henry VIII. Le dernier livre qui m'a marqué est the road to Jonestow", un excellent ouvrage de Jeff Guinn consacré à l'histoire vraie du terrifiant révérend Jim Jomes et de son « Temple du peuple".

 

Pour mieux  connaître Mathias Bernardi  : sa page auteur

 

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