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Élections législatives imminentes à Singapour : tout savoir sur le scrutin

Depuis plusieurs mois, des indices annoncent la proximité d’élections législatives, qui doivent intervenir avant le 23 novembre 2025, soit trois mois avant la fin de la législature actuelle : redécoupage des circonscriptions électorales, députés actuels écumant leurs circonscriptions, personnalités quittant leur poste pour se présenter, sans compter les dispositions généreuses du budget 2025. Lepetitjournal.com vous présente les modalités de ce scrutin dont la date n’est pas encore connue.

Le parlement singapourien en session (© Prime Minister’s Office)Le parlement singapourien en session (© Prime Minister’s Office)
Le parlement singapourien en session (© Prime Minister’s Office)
Écrit par Jean-Michel Bardin
Publié le 1 avril 2025, mis à jour le 13 avril 2025

 

Singapour, un dispositif parlementaire hérité de l’ancienne puissance coloniale

À l’indépendance de Singapour en 1965, l’ancienne « assemblée législative », créée en 1955 dans le cadre d’une plus grande autonomie accordée à cette colonie britannique, a été renommée « Parlement ». Il reprend le système britannique, dit de Westminster. Tous les cinq ans, les membres de cette chambre unique sont désignés lors d’élections générales. Les candidats doivent être des citoyens singapouriens, âgés de plus de 21 ans, inscrits au registre électoral, et résider à Singapour.

A l’issue des élections, le Président de la République désigne le leader du parti majoritaire comme Premier Ministre, qui à son tour compose son cabinet à partir de membres du parlement. Lors de sa première session, le Parlement désigne son président, le « speaker », et ses membres prêtent serment de servir au mieux la République de Singapour et de protéger sa constitution. Outre le vote des lois, le Parlement singapourien contrôle les finances du pays et l’action du gouvernement.

 

Seuls les Singapouriens résidant à l’étranger peuvent voter par correspondance.

 

Les modalités de vote restent très traditionnelles : pas de vote en ligne, ni par procuration. Seuls les Singapouriens résidant à l’étranger peuvent voter par correspondance, à condition qu’ils s’enregistrent au préalable et sachant qu’il y a un bureau de vote dans la dizaine de pays où les Singapouriens sont les plus nombreux.

 

La diversité voulue, un fondement de l'identité singapourienne

 

Des spécificités liées au contexte singapourien

Depuis l’origine, le Parlement a été largement dominé par un seul parti, le PAP (People’s Action Party), créé par le « père » du Singapour indépendant, Lee Kuan Yew. Depuis 1984, pour élargir la diversité des vues, jusqu’à douze membres d’autres partis politiques (« non constituency members ») peuvent être désignés parmi les candidats malheureux de l’opposition ayant obtenu le plus de voix. Par ailleurs, depuis 1990, jusqu’à neuf personnalités non engagées politiquement (« nominated members ») sont désignées par le Président de la République sur recommandation d’un comité spécial. 

Pour assurer la représentation des diverses communautés de Singapour au sein du Parlement, ont été créés en 1988 des GRC (Group Representation Constituency). Dans ces circonscriptions élargies, les listes de 3 à 6 élus doivent compter au moins un candidat issu d’une communauté minoritaire (malais, indien, ou autre). Pour les élections de 2025, 18 de ces circonscriptions élargies ont été définies, en plus des 15 circonscriptions simples, les SMC (Single Member Constituency), où un seul candidat est élu.

 

Une nouvelle carte électorale démontre les divisions électorales à Singapour.

 

 

La diversité voulue, un fondement de l'identité singapourienne

 

Le PAP largement majoritaire

Depuis 1965, le PAP a conservé une très large majorité au Parlement, malgré l’effort des autres partis à contester de plus en plus de circonscriptions. En revanche, le pourcentage des votes en faveur du PAP fluctue assez largement, avec une certaine tendance à la baisse. Le principal opposant au PAP est le WP (Worker’s Party), actif depuis 1957. Une dizaine d’autres partis tentent de se faire une place au Parlement dans des face à face avec le PAP : il y a très peu de triangulaires. 

 

À Singapour le vote est obligatoire : l’abstention entraîne la radiation de la liste électorale.

 

Dans les circonscriptions contestées (toutes l’ont été dans la dernière élection), la participation reste stable autour de 95%. Il faut dire qu’à Singapour le vote est obligatoire : l’abstention entraîne la radiation de la liste électorale et s’y réinscrire coûte 50 SGD en l’absence de raison valable.

 

Un graphique démontre les performances du PAP de 1968 à 2020.

 

La législature actuelle compte 96 membres, dont 79 élus du PAP, 8 élus de WP, 2 non constituency members du PSP (Progress Singapore Party) et 7 nominated members. Elle a aussi inauguré le poste de leader de l’opposition, attribué à Pritam Singh, secrétaire général du WP.

 

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Un calendrier électoral très resserré

Le processus démarre avec un décret définissant la date limite et le lieu de dépôt des candidatures. Le délai pour déposer les candidatures peut être aussi court que 5 jours : les partis ne doivent donc pas attendre le dernier moment pour s’organiser ! Une fois les candidatures enregistrées, la date des élections est arrêtée : elles peuvent avoir lieu aussi tôt que 10 jours après l’enregistrement des candidatures, d’où une courte période pour la campagne officielle, et donc la nécessité pour les partis de se faire connaître bien avant l’annonce officielle de l’élection. Comme en France, le jour précédant le vote doit être exempt de propagande. 

A titre d’exemple, lors des dernières élections parlementaires en 2020, le Parlement a été dissous le 23 juin, les candidatures devaient être déposées avant le 30 juin, et le vote a eu lieu le 10 juillet, soit 10 jours de campagne électorale.

 

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