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Hugues Nagy, Consul "un métier de dialogue où l'humain est au centre"

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Hugues Nagy, Consul de France à Singapour.
Écrit par Cécile Brosolo
Publié le 23 octobre 2017, mis à jour le 24 octobre 2017

Rencontre avec Hugues Nagy, Consul de France à Singapour, et un homme affable, grand professionnel, à l’écoute et humaniste.

 

Pouvez-vous vous présenter ? Quel est votre parcours ?

Hugues Nagy - Je suis arrivé à Singapour en septembre 2016, après une première expérience de trois ans en tant que Consul au Nigeria, sur des responsabilités similaires à celles que j’ai ici, voire un peu plus étendues puisque j’avais également la charge administrative et financière de nos emprises dans ce pays.

Au Nigeria, j'ai traité des problématiques consulaires de protection de nos ressortissants liées au terrorisme, en pleine période de recrudescence des attaques de Boko Haram, aux pandémies avec le virus Ebola, ou encore de détresse migratoire avec les déplacements de population vers le Nord, et l'Europe notamment. En relation avec des associations locales, et grâce aux différents fonds de soutien au développement et de solidarité prioritaire, nous agissions pour les droits des femmes, et les droits de l’homme en général, contre les mutilations sexuelles, le trafic d’êtres humains, ...

Avant cela j’étais en poste à Paris à l’administration centrale. Je découvre l’Asie et Singapour avec cette affectation, et c’est une zone également passionnante.

 

Les problématiques à Singapour sont-elles différentes ?

- Les problématiques purement consulaires et les services aux français sont les mêmes que ceux que l'on retrouve dans le monde. S’agissant des demandes de visas et de l’immigration, nous voyons émerger par exemple à Singapour depuis quelques années des réseaux de migrants frauduleux, avec de faux dossier. Nous travaillons en partenariat avec les services de l'immigration singapouriens et nos services de sécurité intérieure pour identifier les filières et réguler ces réseaux.

 

Pouvez-vous justement nous préciser le rôle du consulat ?

- Les consulats sont comme des petites mairies à l’étranger ; nous avons toutes les prérogatives des mairies, voire des préfectures en ce sens que les consulats traitent également du droit d’entrée, de séjour et de circulation des étrangers en France. La palette des responsabilités est très large.

Le service de l'Etat-civil (actes de naissance, décès, mariage, etc.) est le service charnière, duquel découlent ensuite toutes les démarches liées à la nationalité, les titres de nationalité et de voyage (carte d'identité et passeport).

Nous offrons un service notariat consulaire. Les actes sont rédigés par un notaire français et sont ensuite adaptés à la situation particulière de l’individu dans son pays de résidence, sur l’ensemble des actes notariés qui existent en France.

Aussi, tout comme une mairie ou un conseil général en France, nous avons les responsabilités d’action sociale. Comme en France, nous avons ici un Conseil consulaire pour l’action sociale (CCPAS) qui gère les allocations enfants ou adultes handicapés, les bourses scolaires, le secours occasionnel, le secours d’urgence, ou encore l'aide aux détenus.

 

L’aide aux détenus ?

- Il y a malheureusement un certain nombre de détenus français à Singapour, que je visite quasiment chaque semaine. C’est une activité très chronophage en raison des formalités et contrôles nécessaires pour avoir le droit de voir les détenus, mais c’est essentiel. Je récupère les courriers à envoyer aux familles et je donne des nouvelles des familles notamment.

 

Quelles sont les qualités requises pour être consul ?

- Je pense que les qualités humaines sont les vertus cardinales pour être consul. On ne peut pas faire ce métier si on n’est pas tourné vers l’autre. C’est impossible. C'est un métier de dialogue, où l'humain est au centre et c’est ce qui est passionnant.

 

La communauté française à Singapour est assez importante. Comment êtes-vous gréés pour répondre à ses attentes ?

- Il y a 14500 français enregistrés sur le registre consulaire, et on estime qu’il y a une frange de population qui n’est pas enregistrée, et qui porterait la communauté française à Singapour entre 18000 et 20000 personnes.

Sur l’administration des français, j'ai une équipe de six agents, dont trois recrutés localement. En termes d’activité, ceci équivaut à une mairie en France qui gère 20000 habitants avec sept personnes ... J’ai la chance d’avoir une équipe formidable, des agents professionnels, aimables, accueillants, et efficaces, qui ont très vite appris tous les rouages des fonctions consulaires.

 

Après un an d'exercice, quel bilan faites vous de l'année 2017?

- Cette année électorale a été une très belle expérience. Avec quatre tours d'élections (présidentielles et législatives), et une affluence très importante d’électeurs, les enjeux d’organisation étaient énormes; ce fut un exercice stimulant, très dense et éprouvant sur la longueur. Au final, cela a été une réussite, tant du point de vue de l’organisation que de la réponse aux attentes des Français sur cet exercice démocratique.

Nous avons également eu la visite d'Etat de l’ancien Président de la République, qui a été également aidante pour les activités consulaires. J’ai en effet eu l’honneur, grâce à M. l’Ambassadeur, de pouvoir échanger sur certains dossiers consulaires particuliers avec le Président, et recevoir son soutien. Les enjeux consulaires ont ainsi pu bénéficier d'une mobilisation au plus haut niveau.

 

Quels seront les grands rendez-vous de 2018 ?

- Nous verrons à l’horizon 2018 des changements dans les attributions des officiers de l’état civil avec la mise en application de la loi de modernisation dite « justice du 21ème siècle ». En particulier, les changements de noms, de sexes, et le traitement des dossiers de PMA sont confiés à l’état civil.

Il y aura aussi des changements au niveau des applications consulaires, avec la dématérialisation des services consulaires pour les français d’une part, qui pourront ainsi gérer leurs dossiers en ligne, et pour les demandes de visa d’autre part. Le projet « France Visa », qui va concerner Singapour dès le mois de décembre, crée une plateforme complète, multilingue et uniforme dans tous les pays pour les demandes de visa en ligne.

Enfin, des travaux d’aménagement du consulat à l’été 2018, viendront renforcer la qualité de l’accueil et privilégier la confidentialité des échanges avec les usagers. Nous avons actuellement un open-space avec trois bureaux, et nous allons créer des alvéoles de confidentialité pour traiter des demandes qui sont de plus en plus pointues, précises et intimes.

 

Quelles relations avez-vous avec les associations françaises à Singapour ?

- Je rencontre régulièrement les présidents des différentes associations françaises. La mobilisation des bénévoles est une aide précieuse. Nous ne pourrions pas fonctionner normalement sans ces associations.

L’AFS est par exemple un partenaire privilégié incontournable; nous travaillons avec sa présidente de manière très transparente. L’association Let’s talk about it nous a été par ailleurs d’un grand secours sur certains dossiers épineux. Le club VIE, l’UFE, l’ADFE, etc. sont également des relais très importants ; sans oublier l’assistance essentielle des conseillers consulaires et les relations régulières que le Consulat entretient avec le Lycée Français de Singapour, les écoles et l’Alliance française.

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