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ARIANE NABARRO – La réussite par l’humanitaire

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 14 mars 2013

Quand elle s'installe à Singapour pour la deuxième fois en 2000, Ariane Nabarro veut se mettre en situation de réussite, à savoir : "saisir le meilleur du meilleur, là où l'on est". Une manière de "saisir" qui consiste à donner de son temps... beaucoup.

Lepetitjournal.com - Vous vivez à Singapour depuis 12 ans. A quel moment votre chemin a-t-il croisé celui de l'AFS-UFE ?
Ariane Nabarro - C'est Blandine Donot qui, quand elle a pris les rênes de l'Association des Français de Singapour (AFS), m'a proposé d'en devenir la Vice Présidente. A l'époque, l'association était dans une situation difficile. L'argent manquait, la Gazette allait s'éteindre. Notre première mission a été de relancer celle-ci. Après quoi, nous nous sommes attachées à développer les activités vis à vis des français, particulièrement dans le domaine de l'accueil des familles arrivant à Singapour. A cette époque, la devise de l'AFS était : « un mot, un geste, l'AFS fait le reste ».  Plus tard, quand elle a quitté Singapour, Blandine m'a demandé de la remplacer comme correspondante, d'Alain Pierre Mignon, l'un des 3 conseillers élus des Français de l'Etranger pour l'Asie du Sud-est. A ce titre, j'ai été amenée à m'impliquer, en relation avec l'Ambassade et avec les deux autres correspondantes, sur de nombreux sujets clés concernant les Français à Singapour : l'administration des bourses, dont le nombre a très fortement augmenté depuis 2000, mais aussi le suivi des risques, dans les moments de tensions entre les pays de la zone, ou encore la santé avec, par exemple, les efforts de sensibilisation sur la dengue.

Vous avez été à l'origine du partenariat avec Gracehaven. Comment cela s'est-il passé ?
L'AFS avait été contactée par Gracehaven qui cherchait un four. Nous avons rencontré à cette occasion les enfants. C'était, à quelques centaines de mètres du Lycée Français, la découverte d'une autre réalité de Singapour. Celle d'enfants dont les parents ne pouvaient ou ne voulaient plus s'occuper. Des enfants, entre 7 et 17 ans, placés là par décision de justice. Gracehaven est l'une des 21 maisons gérées à Singapour par l'Armée du Salut. Nous avons tout de suite souhaité nous impliquer dans cette structure en lui donnant non seulement de l'argent, à travers les activités du groupe humanitaire pour lever des fonds, mais surtout du temps. Progressivement, avec Nathalie Swyngedauw  et le groupe de bénévoles de l'AFS, nous avons mis en place des ateliers quotidiens et du soutien scolaire. Nous organisons aussi de multiples sorties et activités. L'idée est de faire avec ces enfants exactement la même chose que ce qu'on fait avec les nôtres: treks dans la jungle, Snow city, visite d'une galerie d'art,?

Comment cela se traduit-il pour les enfants et pour les bénévoles ?
Les enfants de Gracehaven continuent la plupart du temps d'aller à l'Ecole là où ils sont habituellement scolarisés, car l'enjeu est que leur passage dans l'institution reste temporaire. Mais certains ne sont plus scolarisés. Certains enfants réagissent en s'investissant à fond dans le travail et obtiennent d'excellents résultats scolaires. C'est d'ailleurs ce qui fait que les singapouriens sont fiers de l'institution. Certains jeunes qui avaient obtenu parmi les meilleurs scores aux examens ont même été reçus par le précédent Président de Singapour, Mr Nathan. D'autres enfants, au contraire, se mettent en retrait et ont besoin d'être aidés.
A Gracehaven, toutes les activités sont collectives. L'engagement des bénévoles permet de construire pour chaque enfant une relation avec un adulte, qui est présent pour lui et qui s'occupe de lui. C'est très important pour chacun. Cela a souvent des effets magiques sur des enfants qui n'ont pas eu l'expérience de ce type de relations. Cela leur redonne confiance en l'adulte.  Enfin c'est  pour eux l'opportunité de découvrir la France. Ils connaissent tous quelques mots de Français. Certains sont très intéressés par la France : Un jeune cuisinier me disait récemment qu'il voulait être cuisinier sur un bateau, pour visiter la France.
En 2012, l'AFS a reçu un trophée de l'UFE monde pour son action humanitaire. C'est une vraie reconnaissance pour l'engagement à tous niveaux des membres du groupe.

Un groupe humanitaire qui s'implique aussi dans les visites à l'hôpital. De quoi s'agit-il ?
Beaucoup de Français et d'étrangers viennent en vacances dans la région. Quand ils sont victimes d'accidents, ils sont souvent hospitalisés à Singapour. Pour les intéressés s'ajoute au fait d'être à l'hôpital, celui d'être en territoire inconnu, souvent isolés. Avec un groupe de bénévoles de l'AFS, nous nous occupons d'eux et des personnes qui les accompagnent. Nous leur tenons compagnie, leur apportons des livres et faisons office de traducteurs avec le personnel de l'hôpital quand les intéressés ne parlent pas l'anglais.

Vous êtes aussi guide bénévole
Oui. J'aime beaucoup intervenir comme guide dans les musées pour les écoles singapouriennes. J'adore ce contact avec les enfants, car ils ne font pas semblant. Le feedback est immédiat. Les jeunes singapouriens apprécient d'être guidés par des françaises qu'ils considèrent comme très exotiques. Cela les amuse. Dès mon arrivée à Singapour, en 2000, j'ai repris la formation, organisée par « Friends of the Museums », qui permet de devenir guide bénévole dans l'un des musées de Singapour. J'ai ainsi accompagné de nombreuses visites dans les expositions temporaires liées à la France. Il y a 2 ans, il y a eu la présentation des collections du Musée d'Orsay. C'était une opportunité exceptionnelle. Nous avons battu le rappel au Lycée Français et avons réussi, avec le soutien des professeurs, à faire en sorte que 600 enfants aillent voir l'exposition. J'ai aussi repris le chemin de l'école pour obtenir la certification « guide à Singapour » délivrée par le Singapore Tourism Board. C'est très amusant et intéressant. Je suis une étudiante furieusement exotique au milieu d'un groupe constitué exclusivement de Singapouriens. J'anime aujourd'hui « Singapour je t'aime », un programme de visites des monuments historiques de Singapour, pendant lesquelles je m'attache, à l'instar de Maxime Pilon et Danièle Weiler dans l'ouvrage qu'ils ont consacré aux Français à Singapour, à faire découvrir la présence française derrière les lieux et monuments de la ville.

Alain Pierre Mignon Conseiller élu des Français de l'Etranger pour l'Asie du Sud-est, Ariane Nabarro & SEM Olivier Caron - A l'occasion de sa décoration de l'Ordre du mérite le 14 Mars 2013

Qu'est-ce qui vous fait courir autant ?
J'ai réalisé récemment, s'agissant de l'engagement auprès des personnes, que c'est ce que j'ai toujours vu faire ma mère. De même, en ce qui concerne l'Art. Le fait que mon père ait été sculpteur, Premier Grand Prix de Rome, n'est sans doute pas étranger à mon goût pour l'Art. J'ai toujours vécu dans cet environnement. Je ne conçois pas un monde sans Art et je suis extrêmement sensible à ce qui est en 3 dimensions.

Propos recueillis par Bertrand Fouquoire (www.lepetitjournal.com-Singapour) jeudi 14 mars 2013

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Publié le 14 mars 2013, mis à jour le 14 mars 2013

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