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Covid19 - Humeur de confinés à Singapour #Semaine 2 !

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Écrit par Marie-Ségolène Migairou
Publié le 20 avril 2020, mis à jour le 3 juin 2020

Nous entamons à Singapour notre 3ème semaine de confinement total de la population pour ralentir la propagation de l’épidémie de Coronavirus. Durant cette période particulière, nous donnons quotidiennement la parole à nos lectrices et lecteurs  sur la page Facebook de Lepetitjournal.com à Singapour ! Merci à Olivier Gallet, Bénédicte, Robert Casteels, Isabelle Claus Teixeira, François, Guillaume Chabrières, Beijing et sa maîtresse Catherine Soulas Baron, pour ces témoignages humoristiques ! Prenez soin de vous ! Restons unis et connectés !

 

L’humeur d’un confiné à Singapour par Lepetitjournal.com #Jour8 !

Aujourd'hui, Olivier Gallet, 40 ans, Chef de produit Régional, depuis 1 an à Singapour vous témoigne son quotidien et son état d'esprit pour ce 8ème jour de confinement !

olivier gallet

Quel est votre lieu de confinement et avec qui le partagez-vous ?

Dans notre appartement, quartier de Newton, avec ma femme Hélène, nos 2 garçons Arthur (5 ans 1/2), Hugo (2 ans 1/2) et Maria, notre Helper. Je travaille de la maison depuis 1 mois après un dernier déplacement à Manille.

Comment se déroulent vos journées ?

Dès mon réveil, j'allume mon ordinateur et je commence souvent la journée, en caleçon, en lisant les nouvelles et les questions boulot de mon frère jumeau qui travaille à New-York mais qui est, en ce moment, en confinement aux Catskills (NY). Puis, petit déjeuner rapide. Ensuite, les enfants ont un Zoom d'un quart d'heure avec l'école : 9h (pour Hugo) et 9h15 (pour Arthur) pour marquer le début de leurs journées et celle de leur institutrice commis d'office : Hélène, ma femme ! Je travaille dans ma chambre où je me suis installé mon bureau, au calme, avec de la musique toute la journée (au casque car sinon, cela attire mes 2 petits clubbers). Je fais beaucoup de réunions sur Zoom durant la journée car je travaille sur plusieurs produits et nos équipes sont dispersées : Sydney-Tokyo-HK-Manille-Cluj-Paris. Les enfants ont un second Zoom avec l'école pour terminer leur journée.

Côté alimentation, comment vous organisez-vous ?

Nous avions fait quelques réserves mais à 5 : ca part vite ! Du coup, c'est commande hebdomadaire sur les sites marchands ayant encore des slots disponibles et des produits surgelés : Picard sur RedMart ou New-Zealand Fresh pour de la viande livrée en une heure ! On va tester les fruits de mer sur Greenwood Market car j'ai une collègue qui s'est fait livrer des huîtres en 20 minutes ! Mais on va pas se mentir, j'ai plus de conseils pour remplir la cave que remplir le frigo !

Comment gardez-vous le lien avec vos proches ?

Avec Whatsapp : on a créé un groupe par famille (celle de ma femme et la mienne) pour les chats et les appels visio à plusieurs. Aussi, on crie fort pour communiquer avec nos voisins de condo qui habitent la tour d'en face. Le chien du voisin en-dessous communique beaucoup avec nous, et le soir, le voisin du dessus veut gentiment nous faire profiter de son nouveau système Home Cinéma avec ses 3 ou 4 caissons de basses, du moins c'est ce que j'imagine : Il ferait passer "Mon voisin Totoro" pour un "Die Hard" !

Comment occupez-vous vos soirées ?

Le confinement m'a permis de remettre en marche mes platines Vinyl et mes vieilles consoles de jeux vidéos ! Du coup : je mixe ! Ca me rappelle une autre vie quand je jouais "en boite" (oui, ça s'appelait comme ça à l'époque) et la différence, c'est qu'avant on me demandait de jouer du RnB, alors que je mixais principalement de la House, et maintenant c'est... Baby Shark. En famille, on joue à Uno, aux 1000 bornes et au Monopoly, mais le roi du silence : c'est encore notre jeu préféré ! Après le couchage des enfants, c'est revue de presse/twitter/facebook avec Hélène sur notre balcon. On fait comme si on était en France : on râle en famille contre le gouvernement Français et/ou leurs opposants et on le fait plutôt bien je trouve ! Samedi soir, on a fait notre premier dîner-zoom avec des voisins du condo. On s'est fait livrer chacun un plat venant du même restaurant, le Bar-Roque, que l'on a trouvé sur le groupe facebook "Singapore Restaurant-Rescue", une idée géniale pour soutenir les petits restaurants ! En plus, c'était excellent et ils vendent un excellent rosé que je vous recommande.

Avez-vous des astuces/conseils pour bien vivre le confinement ?

Quand j'entends que ça crie au salon ou encore le "Ça y est, l'école est terminée", alors j'augmente le volume de ma musique dans mon casque ! Et sinon, essayez de profiter du confinement pour ne pas le subir ! Vous verrez, l'être humain est fait de telle sorte qu'une fois le confinement terminé, on le regrettera de temps en temps !

Que retiendrez-vous de cette période ?

Que les instituteurs ont du courage ! Que les infirmières/médecins/urgentistes(...) et tous ceux qui ont un métier "indispensable" devraient gagner plus. Il existe la prime de pénibilité donc pourquoi ne pas instaurer la prime d'indispensabilité (je viens de regarder le mot existe 

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. Que les sessions "special enfants" de Gym Direct sur W9 ou Youtube et bien, c'est déjà du haut niveau pour moi ! Mon surnom c'est Winnie l'ourson et c'est pas parce que j'aime le miel.

Quel message souhaitez-vous passer aux lecteurs du petitjournal.com ?

Pensez au jour où vous pourrez retrouver vos amis dans un bar, au restaurant ou même chez eux ! Au jour où vous retournerez en France ou dans votre pays, voir votre famille et vos amis Ceci dit, attendez-vous à des commentaires du type "Qu'est ce qu'ils ont grandi, ils font plus de bruit qu'avant non ?" , ou encore des "ça va, elle était bonne la cantine pendant le confinement ? ". Ca va venir vite si chacun respecte les règles (et/ou si on a tous été contaminés) !

 

L’humeur d’une confinée à Singapour par Lepetitjournal.com #Jour9 !

Aujourd'hui, Bénédicte, 26 ans, chanteuse du nouveau duo de musique BE612, basée à Singapour depuis 3 ans à Singapour vous témoigne son quotidien et son état d'esprit pour ce 9ème jour de confinement !

BoC

Quel est votre lieu de confinement et avec qui le partagez-vous ?

Bien que le "confinement officiel" ait commencé il y a à peine une semaine, cela fait déjà 4 semaines que mon compagnon et moi passons nos journées entières dans notre appartement, sauf sorties exceptionnelles. Mon compagnon - Eddy - est musicien professionnel et a vu toutes ses prestations annulées petit à petit au cours des deux derniers mois, et le travail à la maison a commencé à être mis en place à mon boulot - car en dehors de mes projets musicaux en tant que chanteuse, j'ai un "normal office work" dans la protection de l'environnement. Nous avons la chance d'avoir un petit balcon, et trois pièces (une chambre ; un salon et un studio de musique), ce qui nous évite de nous marcher dessus bien que l'appartement ne soit pas très grand.

Comment se déroulent vos journées ?

Trois actions principales rythment mes journées : Travailler - Faire de la musique - Cuisiner... auxquelles quelques exercices de yoga et activités ménagères viennent s'ajouter. Car être plus souvent ensemble chez nous nous a permis de dédier bien plus de temps à notre projet musical (et à la cuisine ; j'en parle après) ! Cela fait 2 ans et demi qu’Eddy et moi nous sommes rencontrés sur la scène de Blu Jazz pendant une "Open mic jam" qu'il organisait ; et rapidement nous nous sommes aimés et avons fait de la musique ensemble. Nous avions envie de lancer notre projet personnel de compositions originales depuis longtemps ; mais entre mon travail (de jour) et le sien (surtout de nuit) ; le temps nous a souvent manqué. Alors si le confinement n'est pas tous les jours joyeux - et le chômage encore moins - ça nous a vraiment offert cette opportunité de consacrer du temps ensemble à notre passion commune ! Nous avions déjà composé 6 chansons originales en début d'année, et ces dernières semaines nous avons enfin donné le temps de créer notre identité visuelle (un logo, un nom), de nous lancer sur les réseaux sociaux, et de monter vidéos de notre premier concert ; dont vous pouvez voir un extrait ici

La journée en semaine, je m'installe à mon ordinateur pour travailler ; Eddy au sien pour préparer nos vidéos ou donner quelques cours de musique par vidéocall. Et nous faisons de bonnes pauses pour cuisiner (et manger !), pour jammer ensemble dans notre studio, faire des étirements (trop rarement), et de temps en temps nous allons nous balader le long de la rivière à deux pas de chez nous ; parfois ensemble, parfois séparément pour se retrouver avec soi-même, ce qui est aussi important à ne pas négliger pendant ce confinement à plusieurs.

Côté alimentation, comment vous organisez-vous ?

J'adore cuisiner ! Et si rester à la maison a bien un avantage, c'est celui de pouvoir se cuisiner de bons petits plats maison plus souvent ! Une à deux fois par semaine ; nous allons faire des courses de légumes au wet market, et achetons le reste au Fairprice adjacent, à 12 minutes à pied de chez nous. C'est aussi l'occasion d'aller marcher un peu, donc nous préférons ça à l'option de la livraison des courses. Mais de temps en temps on se fait aussi plaisir et commandons dans un restaurant que nous aimons, aussi pour soutenir les businesses locaux. Ma commande préférée : l' "impossible burger" de Nassim Hill Bakery ; un délice !

Comment gardez-vous le lien avec vos proches ?

Être à distance de sa famille en ces temps de pandémie peut être un peu inquiétant... Et si un de mes parents tombait malade, que ferais-je à 11,000km de distance ? Alors on s'appelle plus souvent, et on innove pour être ensemble, passer de bons moments et se soutenir malgré les kilomètres. Je viens de perdre mon grand-père, qui a 93 ans ne s'est pas réveillé après une semaine de difficultés respiratoires et des mois de pertes de mémoire importantes. C'est avec tristesse mais aussi soulagement que nous avons accueilli la nouvelle, ne pouvant pas être présents pour l'accompagner dans ses derniers jours de souffrance physique. L'impossibilité de tous se réunir en famille pour des funérailles n'a pas été facile, mais comme cette période particulière nous pousse à innover pour communiquer, elle a aussi été l'opportunité pour toute la famille de revisiter nos manières de faire notre deuil : mes parents, oncle et tante, frère, 5 cousins avons fixé une heure le jour même pour être en communion de pensée. Nous avons tous allumé une bougie au même moment, chacun chez soi, et avons joué une playlist des chansons que mon grand-père nous chantait, en priant pour ceux de nous qui croyons. C'était un beau moment durant lequel la distance n'a plus eu d'importance.

Comment occupez-vous vos soirées ?

Au risque d'être répétitive : en musique ! Bon, j'avoue, on regarde aussi beaucoup de Netflix 

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 Tiger King, Better Call Saul, La casa de papel... On a même mêlé ces deux activités en faisant une reprise de la musique originale de La Casa de Papel.

Avez-vous des astuces/conseils pour bien vivre ce confinement ?

Prenez du temps pour vous (surtout si vous vivez à plusieurs) ! En début de confinement, on peut avoir l'illusion qu'on va avoir beaucoup plus de temps, et finalement enchaîner les choses, oublier de faire de l'exercice, de s'habiller correctement, se faire beau ou belle... On peut même se mettre la pression en pensant qu'on va pouvoir faire toutes les choses qu’on n’a jamais pris le temps de faire. Je pense qu’il est important de profiter de ce moment pour consacrer du temps pour une passion, une nouvelle activité artistique par exemple, mais mieux vaut se focaliser sur une activité qui nous tient particulièrement à cœur plutôt que 4-5 nouvelles choses qu'on ne peut pas faire jusqu'au bout et qui nous rendent débordés. Essentiel aussi : maintenir le lien avec les proches, défier l'éloignement et faire un pied de nez au confinement tout en restant sain et sauf.

Que retiendrez-vous de cette période ?

Nos rythmes de vie sont tellement perturbés qu'on est forcés d'innover en ce moment, que ce soit pour travailler de chez soi (on se rend compte que tout le temps normalement passé à organiser des réunions peut être exploité à d'autres fins, comme par exemple plus d'analyse de données...), pour communiquer avec ses proches, ou pour regarder le monde avec un nouveau regard peut-être plus conscient des interdépendances entre chaque être humain car notre santé dépend des actes des uns et des autres... J'espère que tous nous retiendrons de cette période nos responsabilités communes et individuelles pour le bien-être de tous, notamment nos responsabilités dans notre manière de consommer, dans notre relation à l'environnement dans lequel nous vivons. Car la crise sanitaire actuelle s'accompagne aussi d'autres crises, comme celle des déchets qui s'accumulent, ou bien de quelques prises de consciences que notre consommation est directement liée à la pollution urbaine... Personnellement, je retiendrai aussi l'importance de prendre du temps pour nos proches (malgré la distance), pour soi-même, et pour ses passions.

Quel message souhaitez-vous faire passer aux lecteurs du petitjournal ?

J'espère que vous prenez soin de vous et de vos proches ! Si vous aimez notre musique, n'hésitez pas à nous soutenir en nous suivant sur Instagram : BE612_music / Facebook et YouTube : @BE612 Aussi, si vous cherchez à égayer votre confinement avec des cours de musique, Eddy enseigne la guitare, la basse, le ukulele, le piano, la batterie, et les techniques de musique électronique. Ça peut aussi aider un musicien dont le confinement ne permet pas de travailler

 

L’humeur d’un confiné à Singapour par Lepetitjournal.com #Jour10 !

Aujourd’hui c’est Robert Casteels, pédagogue, compositeur et chef d’orchestre, à Singapour depuis 24 ans qui nous partage son humeur et son quotidien en ce 10ème jour de confinement.

Robert Casteels

Quel est votre lieu de confinement et avec qui le partagez-vous ?

J’habite seul dans mon appartement situé dans le centre de Singapour. J’ai la chance que l’appartement soit spacieux et éclairé, le bâtiment calme, mes uniques voisins singapouriens super sympas et le quartier verdoyant.

Comment se déroulent vos journées ?

J’ai bien réfléchi afin d’établir une stratégie de survie, vu que les éléments anxiogènes dominants sont que l’ennemi est sournois et invisible, et que la durée temporelle de résolution de la crise est totalement inconnue. Je me suis donc imposé une routine sans y accoler une notion d’heure et minute devenues obsolètes. Suivre une autodiscipline est assez naturel pour un musicien. Je ne connais que le sport et la musique pratiqués depuis l’enfance qui inculquent un sens profond de l’autodiscipline.
Je commence par me raser (très important vu que cela n’est plus nécessaire). Je me prépare un petit déjeuner substantiel, genre buffet d’hôtel, vu que j’ai du temps à revendre. Plus je suis seul, plus il est important que je maintienne un niveau minimum. Le matin est dédié à des tâches manuelles (du jamais vu, ma grand-mère serait fière de voir cela). Ma première crise fut celle du repassage. Comme ma helper ne pouvait plus venir, nécessité oblige, j’ai bien été obligé de ravaler ma fierté et mon CV, et de recourir à YouTube pour apprendre à repasser mes chemises d’homme et plier mes draps de lit. Après avoir évacué la montagne de repassage, j’ai commencé à nettoyer mon appartement de fond en comble en commençant par l’arrière. Maintenant j’attaque ma bibliothèque de partitions musicales, à savoir 36 mètres de rayonnage, dans le but de jeter ce qu’il convient d’éliminer et de revérifier l’ordre alphabétique (ce qui est erronément classé est perdu). Ce travail prendra le temps qu’il faudra et promettra d’être un voyage down the memory lane.
Je cuisine pour les déjeuners et les dîners : comme je suis incapable de me mitonner des plats riches et subtils, ma cuisine est brute et saine. Curieusement, alors que je ne peux plus nager régulièrement, j’ai perdu du poids, ce qui en dit long sur la nourriture que nous consommons à l’extérieur.

L’après-midi est d’abord consacrée au télétravail. Ensuite, je ferme à clé cette partie de ma vie pour lire. Je lis des tonnes de livres, de tout, des briques de 800 pages et plus, biographies historiques, fiction, roman noir, psychologie, sciences, tout… Sauf la musique que j’évite farouchement. Lorsque le soleil descend à l’horizon je sors faire une promenade à pied ou à vélo.

Côté alimentation, comment vous organisez-vous ?

Je n’ai en fait rien changé. J’avais déjà l’habitude de faire mes courses alimentaires hebdomadaires vers 2H du matin quand mon supermarché de quartier est déserté donc calme, ce qui me permettait également de solliciter l’aide de la serviable caissière pour me trouver tel ou tel produit que je ne trouvais pas.

Comment gardez-vous le lien avec vos proches ?

L’angoisse me réveille vers 5H du matin. Je sais déjà que Morphée ne m’accueillera plus dans ses bras, aussi je me lève, regarde les télévisions britannique, française, allemande, suisse et belge. Ce moment correspond à la fin de soirée en Europe. Je lis les mails et messages WhatsApp familiaux et réponds. Après quoi, calmé ou hébété par l’accumulation de mauvaises nouvelles, je retourne au lit et dors paisiblement, comme si je faisais confiance à mon subconscient pour tout assimiler et évacuer. Je suis angoissé et frustré que je ne puisse aider ma mère âgée de 95 ans et pensionnaire d’un ehpad dans les Flandres, donc proie facile de la Grande Faucheuse qu’est le covid-19.

Comment occupez-vous vos soirées ?

En soirée, soit je lis, soit je regarde la télé si je parviens à trouver une émission intéressante. J’apprécie les émissions qui me font découvrir de belles régions de France. En somme, je télé-voyage. J’évite les nouvelles, estimant que ma ration matinale suffit amplement.

Avez-vous des astuces/conseils pour bien vivre ce confinement ?

L’adage de la Grèce antique recommandant de se connaître est plus vrai que jamais. Il faut réfléchir, se connaître et se reconnaître. Permettez que je me prenne en exemple. Je peux et je dois assurer la partie pédagogique de ma vie musicale au Lycée par l’enseignement à distance : pas de problème. Je ne nourris aucune frustration que je ne puisse actuellement plus diriger ni produire de concerts ni à l’Université ni ailleurs : cette crise du covid-19 est une question de vie ou de mort ô combien plus importante. Cependant je me connais et je sais que je ne peux accepter le gaspillage insensé de vie humaines perdues. Chaque mort correspond à une quantité colossale d’expérience humaine irrémédiablement perdue. Chaque mort est comme une bibliothèque qui brûle. Alors je me protège. Je m’interdis d’écouter de la musique, je m’interdis de composer, je m’interdis de jouer au piano, parce que je sais que la pratique de la musique va provoquer un raz-de-marée interne qui va me dévaster et me plonger dans la dépression. Ainsi, chacun doit se connaître. Je peux aisément concevoir que vous trouviez un réconfort dans la musique. Il faut se connaître et agir en conséquence.

Que retiendrez-vous de cette période ?

Je retiendrai l’équivalent de la touche de réinitialisation dans un logiciel : Retour obligé aux valeurs fondamentales ; Une pensée positive pour notre planète terre qui peut s’offrir un moment de répit.

Quel message souhaitez-vous passer aux lecteurs du petitjournal.com ?

Un optimiste accord parfait avec quinte augmentée en crescendo : Cela veut dire que : 1) tout sera à nouveau possible 2) nous devons nous en sortir ensemble 3) nous nous en sortirons tous ensemble.

 

L’humeur d’une confinée à Singapour par Lepetitjournal.com #Jour11 !

Aujourd'hui, Isabelle Claus Teixeira, 48 ans, professeur de TRE (Stress and Tension Release Exercises), coach somatique et consultante en Talent Management, depuis 10 ans à Singapour vous témoigne son quotidien et son état d'esprit pour ce 11ème jour de confinement !

Isabelle Claus Teixeira

Quel est votre lieu de confinement et avec qui le partagez-vous ?

J’étais à Tokyo en voyages d’affaires et en confinement volontaire en mars pendant plus de 2 semaines, puis je suis rentrée à Singapour fin mars et mise en Stay-at-Home Notice. Maintenant je suis dans mon appartement deux pièces près du marché de Pek Kioh avec mon mari, professeur de Français Langue Étrangère, et mon chat adopté il y a 3 ans. Cela fait plus d’un mois que je suis en confinement.

Comment se déroulent vos journées ?

Il y a une routine matinale cadencée par notre chat : il nous réveille tous les jours exactement à 7h du matin, veut ses câlins matinaux puis son petit déjeuner. Ensuite, nous nous occupons de nous avec un bon petit café, pris sur le balcon couvert où nous pouvons prendre l’air par n’importe quel temps. Nous avons de la chance d’avoir ce grand balcon. Nous y avons beaucoup de plantes aussi, donc c’est comme un petit jardin. Nous allons faire les courses juste à côté au marché.

Je pratique la méditation entre 1 et 2 heures par jour et je fais des exercices de Gravity Yoga. Puis la journée se déroule selon les rendez-vous professionnels. J’offre des sessions de « Stress Releasing Exercises » et des sessions de coaching par internet à mes clients privés pour les aider à gérer leur stress, leur anxiété et à faire face aux événements de leur vie, et également à des dirigeants d’entreprise pour continuer à développer leur compétence de leadership et de résilience. J’étudie aussi tous les jours les nouvelles recherches sur la neuroscience et la somatique, car je suis en train de me former sur 2 ans pour devenir Global Mentor de TRE puis Professeur de Formateurs de TRE d’ici fin 2021. Mon mari lui enseigne le Français Langue Etrangère à un public de tout âge par internet aussi. Nous avons aussi repeint les murs de notre appartement !

Côté alimentation, comment vous organisez-vous ?

Nous avons la chance d’avoir accès facile au marché Pek Kioh et des supermarchés locaux FairPrice et ColdStorage. Mon mari aime prendre son vélo et aller chercher quelques provisions chaque jour. Sinon, nous nous faisons livrer par Le Cheese Shop de Joo Chiat road (qui a d’excellent fromages) et pour mon anniversaire nous avons commandé un gâteau au chocolatier Laurent Charpentier qui offre la livraison aussi. J’avais pour habitude d’utiliser RedMart mais il est impossible d’avoir une heure de livraison en ce moment. C’est dommage.

Comment gardez-vous le lien avec vos proches ?

Nous utilisons WhatsApp, Messenger et Facebook. Skype a l’option d’appeler à bas prix.

Comment occupez-vous vos soirées ?

Nous cuisinons le dîner, allons faire une petite marche de 30 minutes dans le voisinage, appelons la famille en France, brossons le chat, lisons un livre et parfois regardons un film sur Apple TV. Nous n’avons pas la télévision ni Netflix.

Avez-vous des astuces/conseils pour bien vivre ce confinement ?

Surtout garder un esprit positif. Considérer ce temps-là comme une expérience bienvenue et l’opportunité de s’occuper un peu plus de soi et de ses proches. Eviter de regarder la télévision ou de jouer des jeux vidéo des heures durant, mais plutôt essayer de communiquer plus avec ses proches, discuter et échanger ensemble. Entraîner votre résilience et votre concentration en faisant du TRE et de la méditation. Réapprendre à manger sainement et cuisiner ou apprendre à cuisiner. Lire, écrire un journal intime, cogiter. Réapprendre à ne rien faire pour redécouvrir son rythme personnel, son rythme de sommeil, les heures de plus grande activité et les heures d’oisiveté, et surtout réapprendre à ne plus avoir peur de s’ennuyer et d’être avec soi-même.

Que retiendrez-vous de cette période ?

Personnellement, c’est une période qui m’a forcé à vraiment me rendre compte de ce qui est essentiel, nécessaire et superficiel dans ma vie. Un rappel que rien n’est acquis et que rien n’est donné, et de vraiment mettre la priorité sur ce qui compte vraiment - les relations avec les autres, l’être aimé(e), la famille incluant les animaux de compagnie, les amis, la nature.
Mon mari et moi sommes déjà minimalistes, et cela a vraiment renforcé mon opinion que les biens matériels ne sont pas si importants et doivent être utiles avant tout et embellir le quotidien (et non pas l’encombrer). Je retiens aussi à quel point les activités humaines impactent négativement notre environnement (dont certaines auxquelles je participe comme voyager en avion fréquemment). Personnellement j’apprécie beaucoup la réduction de la pollution, surtout sonore - moins de voitures, moins de chantiers, moins de « musique à fond » dans les magasins. Le matin, le chant des oiseaux a remplacé le bruit des moteurs et des marteaux piqueurs. Cela repose énormément mon organisme et rend le réveil tellement plus agréable. Globalement cette pneumonie qui provoque des détresses respiratoires permet paradoxalement au monde de mieux respirer partout. Dans certaines parties du monde les autres êtres vivants ont enfin un peu plus de place sans avoir peur d’être détruits, déracinés ou assassinés par l’être humain.
Et il y a enfin une reconnaissance sincère et globale de l’humain et des gens qui font des métiers « essentiels », trop souvent dévalorisés, discriminés voire méprisés par des sociétés en adoration devant l’intelligence artificielle et la technologie.

Pouvez-vous partager des photos de cette période ?

Mon chat Tommy dans sa sieste, qui incarne parfaitement l’oisiveté mais aussi ce sentiment d’être en sécurité et en paix intérieure.

Quel message souhaitez-vous passer aux lecteurs du petitjournal.com ?

Il y a une opportunité de regarder en face l’impact réel que sa propre façon de vivre, de penser et d’agir a eu sur moi-même, sur les autres ou sur l’environnement jusqu’à présent. Le constat est personnel et unique pour chacun. Pour que cette période ne soit pas une « chance » perdue, j’invite chacun à avoir cette réflexion et à faire des choix et prendre des actions différentes pour faire de nos vies ce que nous voulons qu’elles soient vraiment.

 

L’humeur d’un confiné à Singapour par lepetitjournal.com #Jour12 !

François, 63 ans, entrepreneur et résidant à Singapour depuis 28 ans nous témoigne son humeur et son quotidien en ce 12ème jour de confinement.

 

François

Quel est votre lieu de confinement et avec qui le partagez-vous ?

Nous avons la chance d'habiter une maisonnette " semi detached ", qui convient pour ses dix occupants du moment (sept humains et 3 animaux). Mon bureau est dans notre chambre et j'arrive à suivre le travail, même si je suis plus lent que lorsque je suis à mon bureau. Je partage cet espace avec Brownie, un des deux chiens, quand elle veut un peu de compagnie, et avec mon épouse quand elle veut dormir.

Comment se déroulent vos journées ?

Promenade d'une heure dans le parc avec la même Brownie le matin, puis lecture des nouvelles et télétravail, puis déjeuner familial, puis en option soit sieste soit télétravail de nouveau.
En fin d'après-midi, jouer avec EJ - ma petite fille de 9 mois - pour s'amuser et s'émerveiller de ses progrès rapides et s'ouvrir l'appétit, avant le diner familial accompagné de musique. Le reste de la soirée est contrôlé par les humeurs et appétits de EJ dont nous sommes tous esclaves, finalement. En options : savourer des chocolats, discuter en famille, tournoi de babyfoot, télé, Netflix, lecture, appels à la famille ou amis en Europe.

Côté alimentation : comment vous organisez-vous ?

Déjeuners plutôt en " tabao ” plats locaux - take away, sans alcool, Diners cuisine maison arrosés de bière ou vin de temps en temps. Mission achat supermarché réduite à une fois par semaine, car mon épouse est devenue l'experte des achats en ligne.

Comment gardez-vous le lien avec vos proches ?

Avec tendresse, souci pour l'un et l'autre et des échanges d'images, de messages de vidéo, d'histoires et surtout une dose d'humour.

Comment occupez-vous vos soirées ?

Au-delà des distractions, on suit les nouvelles bien sûr, le message WhatsApp journalier du Gouvernement singapourien arrivant en soirée. Ce sont des chiffres, mais il faut voir que chaque chiffre est un homme ou une femme dont la vie prend une direction qui peut être dangereuse et qui entre dans une période encore plus incertaine.

Avez-vous des astuces/conseils pour bien vivre ce confinement ?

Apprécier qu’étant confiné veut dire ne pas être atteint par le virus, et donc être en bonne santé, et rendre grâce. Utiliser ce moment pour tester sa persévérance, son endurance, sa tolérance, sa patience. Prendre plus de temps pour connecter, échanger ses nouvelles, et se soucier de ses proches et amis, Croire que chacun trouvera son positif pour faire rebondir sa vie et apporter sa pierre à ce qui sera sans doute un nouveau monde à reconstruire, et surtout ne pas seulement revenir à un faux normal qui était destructeur.

Que retiendrez-vous de cette période ?

Un certain sentiment de paix car l'incertitude et la vie, semaine après semaine, est aussi une libération de stress que l'on s'impose à soi-même.

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Faire confiance et raviver sa foi.

 

L’humeur d’un confiné à Singapour par Lepetitjournal.com #Jour13 !

Aujourd’hui, c’est Guillaume Chabrières, 33 ans, fondateur de Chab Events et depuis 9 ans à Singapour qui nous témoigne son humeur et son quotidien pour ce 13ème jour de confinement.

Guillaume Chabrieres

Quel est votre lieu de confinement et avec qui le partagez-vous ?

Je suis chez moi avec mes quatre colocataires. Pour avoir des journées productives, je me suis installé un bureau dans le salon proche de la fenêtre. Cela m’aide à me concentrer et séparer mon temps professionnel, du temps personnel.

Comment se déroulent vos journées ?

Toujours commencer la journée avec un café et un petit déjeuner, c’est déjà une excellente source de motivation pour la journée à venir. La semaine, je travaille en restant proche de mes équipes grâce à des meetings réguliers. Le soir et le week-end, je passe du temps avec mes colocataires ou au téléphone avec mes proches.

Côté alimentation, comment vous organisez-vous ?

Je profite de cette période de confinement pour faire plus attention à mon alimentation. J’essaye de faire des repas plus équilibrés, et lentement mais sûrement j’apprends à cuisiner.

Comment gardez-vous le lein avec vos proches ?

Notre WhatsApp groupe de famille a toujours été très actif et encore plus dans cette période de confinement. Ma famille étant à l’étranger (aux quatre coins du monde), je trouve du temps avec le décalage horaire pour les avoir au téléphone. En plus de cela, pour connecter avec les plus jeunes, je passe du temps le week-end à jouer en ligne avec mes neveux aux Etats-Unis (Age of Empires II pour les connaisseurs).

Comment occupez-vous vos soirées ?

J’ai la chance de vivre dans un appartement avec une terrasse "roof top" ! Avant le confinement, je m’étais lancé dans l’art d’apprendre à cultiver mes propres fruits et légumes, du coup tous les matins et tous les soirs je m’en occupe. Je trouve beaucoup de satisfaction d’avoir les mains dans la terre et voir mes plantes grandir. Ensuite, je passe du temps avec mes colocataires, soit on organise un bon dîner tous ensemble ou chacun de son côté.

Avez-vous des astuces/conseils pour bien vivre ce confinement ?

Je dirais qu’il faut être flexible avec son emploi du temps et avec les tâches à accomplir dans la journée. Le deuxième conseil serait de savoir s’écouter. Cette période est inhabituelle pour tout le monde. Je pense que le challenge est de s’adapter à un nouveau rythme de vie, assez différent de ce qu’on a pu connaître. Avec l'économie globale au ralenti, on a plus le temps pour réfléchir, pour faire ce qui nous intéresse, découvrir des nouvelles compétences, mais aussi de nouvelles passions. Il faut se réadapter à notre quotidien, être capable de séparer notre temps de travail, de détente et être capable de passer sereinement de l’un à l’autre. En tant qu’entrepreneur, le meilleur conseil que je pourrais donner c’est - encore plus dans cette période - de faire une « To do liste » et la respecter.

Que retiendrez-vous de cette période ?

Je me rends compte encore plus aujourd'hui de l'importance de la « company culture » qui permet de garder mes équipes soudées dans cette situation exceptionnelle. « Cash is king » prendre des décisions compliquées ou « how to keep myself and team motivated » : La conjoncture des derniers mois a fortement ralenti le business et j'ai dû faire des choix difficiles.

Quel message souhaitez-vous passer aux lecteurs du petitjournal.com ?

Nous ne savons pas quand cette crise sanitaire se finira à Singapour et dans le monde. Je pense que notre société en sortira changée. Prenons le temps de se passionner de nouveau, profiter du temps que nous pouvons avoir avec nos proches et pensons à l'avenir.

 

L’humeur d’une confinée à Singapour par Lepetitjournal.com #Jour14 !

Merci à Catherine Soulas Baron pour ce billet humoristique 
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Je m’appelle Beijing, je suis expatriée depuis cinq ans à Singapour. Je viens de la SPA de Hong Kong. Mes maîtres ne disent jamais que je suis un chien bâtard. Je crois qu’ils sont un peu snobs. Ils préfèrent dire : c’est un Asian Dog, saviez-vous que ces chiens ont le même ADN que les chiens des disciples de Bouddha ?’ Pffff… Franchement je ne sais pas ce qui leur est passé par la tête de me donner ce nom. Au moment où un virus mortel parti de Chine provoque une pandémie, se dénommer Beijing c’est un comble. Heureusement ils m’appellent souvent chouchou. Quand on est dans la rue, je préfère.

 

Catherine Soulas Baron

Quel est votre lieu de confinement et avec qui le partagez-vous ?

Avant, j’étais peinarde. Maintenant ils sont en permanence là et ont tout investi.
Quel plaisir de se reposer sur le tapis du petit bureau, si moelleux, où j’ai planqué quelques miettes de mon cookie favori ! Eh bien terminé ! Depuis quelque temps mon maitre s’est installé là, il paraît qu’il doit travailler à la maison. Mais pas seulement une heure ou deux, non, du matin au soir : Insupportable!
Il y a aussi ma maîtresse et sa fille… toutes les deux évidemment se retrouvent dans mes endroits préférés. Peux plus aller là, pas ici non plus. Alors, je me planque sous la console. Au moins ils ne peuvent pas écraser le bout de ma queue comme ils l’ont déjà fait deux ou trois fois.

Côté alimentation, comment vous organisez-vous ?

Au niveau nourriture, de toutes façons ça n’a jamais été terrible. Vous comprenez, moi je suis une gastronome, je préfère nettement le canard confit aux croquettes. Alors j’avais, je l’avoue, beaucoup d’espoir. Hélas ils ne font pas plus d’efforts pour mes petits plats qu’avant. Je les vois bien pourtant passer des heures sur les sites de cuisine à essayer de faire des recettes inédites. Ou commander en ligne à de sympathiques restaurants ou recevoir un bon gigot du Petit Dépôt. Et moi alors, je compte pour du beurre?
Je vous le dis, c’est vraiment dans ces moments là que l’on s’aperçoit combien les gens sont solidaires ou, à l’inverse, égoïstes!

Avez-vous des astuces/conseils pour bien vivre ce confinement ?

Il y a ce truc étrange que je n’ai pas compris tout de suite. J’ai cru que c’était un jeu et je me suite faite sévèrement remballée. Tous les jours ma jeune maitresse se contorsionne sur un tapis (celui là, je ne l’aime pas, il est dur et sans poil). Comme c’est sur la terrasse, je trouve ça rigolo. Mais elle ne veut pas que je vienne avec la balle. Elle m’a dit ‘’laisse moi faire ma gym’’ Ah bon, mais moi aussi je fais de la gym quand je vais chercher la baballe ! A mon avis une meilleure communication serait nécessaire.
Et puis elle monte et descend les marches du duplex pendant une heure tous les jours. Paraît que ca fait de jolies fesses. Mais moi on m’interdit de le faire. Ils sont bizarres ces humains…
Je désapprouve également cette nouvelle manie de me demander toutes les deux heures si je veux aller promener. NON, je ne veux pas me promener ! (sauf peut-être pour voir mon boyfriend, le bouledogue français de mon quartier). Avant, seule ma nounou Dellesha me promenait en semaine. Maintenant ils sont quatre. Un enfer. Je n’en peux plus. J’ai les coussinets râpés. Et dire qu’ils pensent me faire plaisir!

Comment gardez-vous le lien avec vos proches ?

Mes maîtres passent beaucoup de temps, surtout le soir, à parler aux amis et à la famille avec leurs drôles de machines lumineuses. Comme si soudain ce temps était compté et que chaque minute devenait très précieuse. J’ai l’impression que ma maitresse s’inquiète pour ses parents âgés qui vivent en France. Je les aime bien alors quand on me dit ‘’ Beijing dis bonjour à papy et mamie‘’ je fais ma meilleure tête. Mais faudrait quand même pas que ça devienne une habitude. Et puis il y a mon autre jeune maitresse, celle qui m’a sauvée. Elle est seule à Dubai dans un tout petit appartement. Il parait qu’elle ne peut pas sortir sans autorisation. Ça me rend triste de n’entendre que sa voix . Mais je sais qu’elle me voit et j’essaie de la faire rire. C’est bien.
Comme mes maîtres ne sortent plus, ne reçoivent plus, ils parlent beaucoup. Je fais semblant de faire la sieste mais j’écoute bien sûr; c’est un peu toujours les mêmes mots qui reviennent… confinement, chloriquine, pandémie, masques… Ah celui là, je sais ce que ca signifie! Ils ont essayé d’en mettre un sur mon museau et m’ont dit ‘’tout le monde doit porter un masque’’. Je n’ai pas du tout apprécié mais il paraît que c’est une chance d’en avoir.

Que retiendrez-vous de cette période ?

Pour passer le temps je ferme les yeux et m’évade, je médite et réfléchis à ma vie future (j’espère trouver une solution pour attraper cet écureuil qui me nargue tous les matins dans les arbres en face de chez nous).
Je râle bien sûr mais je suis heureuse d’être entourée de ceux que j’aime de près ou de loin. Vivre tous ces moments, confinée avec mes maîtres (même s ‘ils sont un brin collants) c’est un bonheur.
Je n’ai jamais eu autant de caresses de ma vie. Je pense à ceux qui n’ont pas ma chance, délaissés, malades et sans espoir. Je pense à mes petits copains, abandonnés qui ne peuvent plus être secourus, à ceux qui ne peuvent plus être soignes ou adoptés .Et je me promets de ne jamais plus me plaindre.

Quel message souhaitez-vous passer aux lecteurs du petitjournal.com ?

Ma maîtresse, celle qui écrit pour le petitjournal, m’a demandé de témoigner. Elle pensait que ça pourrait être amusant. Personnellement je ne vois pas en quoi. Elle m’a dit: tu sais chouchou, l’humour c’est essentiel. Et elle a cité un certain Charlie Chaplin ‘’L'humour renforce notre instinct de survie et sauvegarde notre santé d'esprit’’. Mais bon, lui je ne le connais pas, il n’est jamais venu à la maison.

 

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