Pour la douzième année consécutive, Singapour s’impose comme la capitale mondiale du transport maritime, selon l’Indice Xinhua-Baltic 2025 sur le développement des centres maritimes internationaux. Cette position de leader s’appuie sur une infrastructure portuaire de pointe, couplée d’une stratégie d’innovation audacieuse. Lepetitjournal.com vous explique…


La cité-État continue de dominer un classement mondial de 43 hubs maritimes, surpassant des concurrents comme Rotterdam, Shanghai ou encore Dubaï. Le rapport “International Shipping Centre Development Index Report 2025” publié mi juillet 2025 salue la performance maritime de Singapour qui repose sur plusieurs éléments…
La cité-État amorce sa métamorphose à la fin des années 1960 en lançant la construction du tout premier terminal à conteneurs d’Asie du Sud-Est… Un pari visionnaire
Singapour, une position géographique sans égal
L’ascension maritime de Singapour ne date pas d’hier. Carrefour historique entre les mondes indien, malais, musulman et chinois, le détroit de Malacca est stratégique dès la fin du Moyen Âge. Colonisée par les Néerlandais, la région passe sous contrôle britannique au XIXe siècle. L’importation massive de travailleurs indiens et chinois pose les fondements d’une société multiculturelle tournée vers le commerce international.
La cité-État amorce sa métamorphose à la fin des années 1960 en lançant la construction du tout premier terminal à conteneurs d’Asie du Sud-Est… Un pari visionnaire, et pour cause : le couloir maritime de Malacca voit passer plus d’un tiers du trafic commercial mondial ! Zone névralgique où transitent environ 130.000 navires par an selon The Maritime Industry Knowledge Centre, les détroits de Malacca et Singapour représentent un aujourd’hui un cordon d’approvisionnement indispensable pour les pays d’Asie du Sud-Est et du monde.
Le Bureau maritime international (BMI) annonce en avril 2025 que les actes de piraterie et les vols à main armée dans le détroit de Singapour ont presque quadruplé au premier trimestre de 2025 par rapport à la même période en 2024. Au total, 27 incidents entre janvier et mars 2025 ont été recensés, contre 7 l’an dernier. Plusieurs dizaines de navires ont été pris pour cibles, souvent en pleine mer, et parfois à l’approche des ports. Les eaux du détroit de Singapour a toujours été l’une des zones les plus sensibles en matière de piraterie. Pour la cité-état, la piraterie est un enjeu essentiel, car le pays structure son économie autour de la mer.
La piraterie refait-elle surface dans le détroit de Singapour en 2025 ?

Singapour mise aussi sur des marchés de niche : réparation navale, brise-glaces...
Une stratégie maritime bien huilée à Singapour
Depuis les années 60, les autorités portuaires (Port of Singapore Authority - PSA) concentrent leurs efforts dans la modernisation des infrastructures. Par extensions successives Singapour s’impose comme un hub portuaire majeur. La cité-État joue désormais un rôle clé dans la redistribution des flux vers le sous-continent indien, l’Asie du Sud-Est et l’Australie. Autre point à souligner dans la stratégie maritime du pays : le développement du port de Singapour repose sur une forte implication de l’État. Dans un modèle où la frontière entre public et privé est étroite, les fonds souverains jouent un rôle central, en particulier Temasek, bras financier incontournable de la politique maritime singapourienne.
Singapour mise aussi sur des marchés de niche : les chantiers navals de Singapour se distinguent par leur capacité à produire des navires à très forte valeur ajoutée, tels que les unités flottantes de production et de stockage (FPSO) ou encore des brise-glaces. Autre exemple, la cité-État détient 20 % du marché mondial de la réparation navale.
La cité-État vise à devenir le premier hub maritime carboneutre
Les entreprises maritimes implantées à Singapour
Dans le centre maritime de Singapour, le débit de marchandises augmente chaque année, passant de 592,01 millions de tonnes en 2023 à 622,67 millions de tonnes en 2024, soit une hausse de 5,2% selon le rapport. C’est donc tout naturellement qu’un nombre conséquent d’entreprises maritimes - dont beaucoup sont essentielles pour gérer les opérations quotidiennes des navires commerciaux - sont présentes à Singapour comme CMA CGM, Total, Engie, Naval Group, Thales, Bureau Veritas, Louis Dreyfus Armateurs parmi les acteurs français.
Des ambitions maritimes couplées de développement durable : La cité-État vise à devenir le premier hub maritime carboneutre, en investissant massivement dans les énergies renouvelables et les carburants alternatifs pour navires. Construit sur des terrains gagnés sur la mer, le port de Tuas suscite certaines réserves dont l’importation controversée de sable depuis des pays voisins ou des risques sur la biodiversité marine.
le mégaport de 66 quais pourra traiter jusqu’à 60 millions de conteneurs par an – six fois plus que ses capacités actuelles.

Le port de Tuas, vitrine du futur
Dans l’ouest de Singapour, un chantier colossal prend forme. Depuis son inauguration en 2022, le mastodonte a déjà traité 10 millions de conteneurs. Le port de Tuas ambitionne désormais de tripler ce chiffre d’ici 2040 pour faire de la cité-État le cœur battant du commerce asiatique. Une fois entièrement achevé, le mégaport de 66 quais pourra traiter jusqu’à 60 millions de conteneurs par an – six fois plus que ses capacités actuelles.
Tuas : un super-port à Singapour pour réinventer le transport maritime
Le site est entièrement automatisé, avec des opérations pilotées à distance. Au cœur du dispositif : un centre de contrôle ultra-connecté qui pilote l’ensemble des opérations à distance, en s’appuyant sur des jumeaux numériques pour simuler et optimiser l’activité portuaire en temps réel. Mais ce n’est pas tout. Une flotte d’engins électriques autonomes - nommés AGV (Automated Guided Vehicles) - complète le tableau technologique. Les véhicules pourraient circuler sans intervention humaine et acheminer jusqu’à 65 tonnes de marchandises à 25 km/h.
À l’heure où la mer redevient un terrain de tensions, Singapour s’impose comme un phare du commerce maritime mondial, à la fois modèle d’efficacité logistique et laboratoire d’innovation durable. Reste à savoir si cette cité-État pourra maintenir son cap dans une géopolitique de plus en plus agitée...
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