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SINGAPOUR AUTREMENT – Education financière des femmes défavorisées. Témoignage de 3 étudiantes de « AIDHA ».

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Écrit par Cécile Brosolo
Publié le 11 juin 2017, mis à jour le 1 juin 2018

Sri Yanah, Demanyanthi et Maria-Cecilia ont suivi les cours de finance, de management et d'entrepreneuriat de l'organisation singapourienne à but non lucratif "AIDHA". Originaires d'Indonésie, Sri Lanka ou des Philippines, elles sont venues à Singapour en tant qu'employée domestique étrangère, ou helper, pour gagner leur vie. Grâce à AIDHA, un avenir meilleur se dessine pour elles. Témoignages.

 

Sri Yanah, Demanyanthi et Maria-Cecilia sont des battantes. Comme d'autres, elles ont quitté leur pays et leur famille pour plusieurs années pour gagner leur vie à Singapour en tant qu'employée domestique étrangère. Ce sacrifice personnel et familial, elles l'ont fait pour permettre à leur famille de vivre, payer l'éducation de leurs enfants ou les frais de santé d'un parent malade.

Maria Graduation
Maria-Cecilia (à droite)

Découverts au hasard d'une recherche sur internet ou par le bouche-à-oreille, les coursde finance, de management et d'entrepreneuriat de l'organisation à but non lucratif Aidha ont été pour elles une vraie révélation. « Je n'aurais jamais penser apprendre à épargner et faire un business plan. Je ne pensais qu'à trouver un travail et envoyer l'argent à ma famille, confie Sri Yanah, mais j'avais tort. Je ne vais pas rester ici toute ma vie. Avec Aidha, je peux changer ma vie et préparer mon avenir ».

Ces cours vont des bases de la finance, comment gérer son argent, épargner, investir, à l'entreprenariat et business management, ainsi que leadership et technologies de l'information (voir notre article ici). « Je ne m'attendais pas à apprendre autant de choses ! », indique Maria, et Demanyanthi d'ajouter : « tout ce que je n'avais jamais pu apprendre avant, je l'ai appris ici avec Aidha ».

Damayanthi AIDHA
Damayanthi (à droite)

Mais comment faire le pas de retourner à l'école quand on l'a quittée il y a si longtemps ? Comment se décider à passer son dimanche, seul jour de repos, à étudier ? Aucune hésitation pour Demanyanthi : « quand j'ai découvert ce qu'on pouvait apprendre ici, j'ai tout de suite voulu m'inscrire. J'étais très nerveuse au début, et aussi fatiguée d'apprendre toutes ces choses nouvelles. Mais petit à petit, avec l'aide de mes camarades de classe et des mentors, j'ai commencé à voir les choses autrement, à gagner en confiance en moi et voir comment j'allais pouvoir monter mon restaurant ».

Ce sont les employeurs de Maria-Cecilia et de Sri Yanah qui les ont poussé et aidé financièrement à s'inscrire : « Maam m'a dit un jour « est-ce que tu veux faire quelque chose de tes jours de repos, apprendre de nouvelles compétences pour préparer ton avenir ? » et c'est comme ça que j'ai découvert Aidha. Au début, je n'avais pas du tout confiance en moi, j'étais très timide et je ne pensais pas pouvoir suivre les cours car j'ai quitté l'école très jeune, après le collège, et je n'ai jamais étudié l'économie. Mais elle m'a vraiment encouragé et soutenue ; son soutien a été précieux », explique Sri Yanah.

Toutes trois ont des motivations et des parcours différents, mais une chose en commun : ce sentiment fort d'accomplissement personnel et une fierté d'avoir réussi. Grâce au chemin parcouru avec Aidha, elles non seulement acquis des compétences nouvelles pour concrétiser leur projet entrepreneurial, mais aussi une communauté, des amies et, surtout, une confiance en elles et dans l'avenir.

Sri Yanah
Sri Yanah

Sri Yanah quittera Singapour dans 8 mois. « Je sais maintenant que je suis prête à rentrer chez moi et commencer une nouvelle vie, à travailler pour moi. Avant je n'avais pas confiance en moi, je n'osais pas parler en public. Mais maintenant je suis plus forte, j'ai appris à être leader dans ma famille, et je sais gérer mon argent, monter un business. Mon projet est de créer une ferme de volailles, faire de l'élevage et de la vente directe à la ferme ou sur les marchés alentours. J'ai trouvé un fournisseur, commencé à construire le poulailler et je vais gérer l'entreprise avec ma s?ur et mon beau-frère ».

Le départ de Demanyanthi est prévu à la fin de l'année. « J'avais en tête d'ouvrir un restaurant, mais mon père a eu l'idée d'ouvrir un café / librairie, et j'aime cette idée. Je suis fière d'avoir réussi les cours, je me sens plus intelligente et prête. Je suis tellement heureuse d'avoir économisé suffisamment d'argent pour rentrer chez moi et commencer mon projet ». 

Maria-Cecilia pense rester à Singapour encore 3 ou 4 ans pour « économiser encore un peu plus d'argent, et finir de payer ma maison ». Mais elle a déjà commencé à investir en immobilier et faire quelques placements avec sa fille, aujourd'hui âgée de 20 ans.

Cette expérience si enrichissante, Sri Yanah la souhaite à toutes les employées domestiques étrangères de Singapour. « Je veux leur dire de venir ici, d'utiliser leur temps pour apprendre, parce que ça a changé ma vie ».

 

Cécile Brosolo, www.lepetitjournal.com/singapour, le lundi 12 juin 2017.

 

Lire notre précédent article : SINGAPOUR AUTREMENT ? AIDHA ?uvre pour un avenir meilleur par l'éducation financière des femmes

 

Projection du film "Remiitance" de Patrick Daly et Joel Fendelman sur les travailleurs migrants à Singapour le Dimanche 18 juin à 15h : infos ici

 

 

 

 

 

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