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Cédric Klapisch: « le vin est une histoire de racines et de voyage »

Cédric Klapisch  © EMMANUELLE JACOBSON-ROQUESCédric Klapisch  © EMMANUELLE JACOBSON-ROQUES
Cédric Klapisch © EMMANUELLE JACOBSON-ROQUES
Écrit par Cécile Brosolo
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 18 novembre 2017

Le réalisateur des films cultes Le péril jeune et L’auberge espagnole, nous avait habitués à des univers très urbains et cosmopolites. Pour son dernier film, Ce qui nous lie, il conserve les thèmes de la famille et du voyage pour les situer cette fois dans les vignes de Bourgogne. Rencontre avec un cinéaste humain et amoureux du vin à l’occasion du French Film Festival.

 

Qu’est-ce qui vous a conduit à réaliser ce film « ce qui nous lie », le vin ou l’histoire de famille ?

Cédric Klapisch - C’est vraiment d’abord le vin. Bien sûr très rapidement, je me suis dit que ce n’était pas le vrai sujet du film, mais bien une histoire de famille, autour de l’héritage et du lien familial, entre parents et enfants et au sein de la fratrie.

Il y a vraiment dans le film l’idée de temps qui passe et le rapprochement entre la nature, le rythme des saisons et du travail du vin, et la vie des hommes, les relations humaines et les liens qui se tissent progressivement.

 

Les images des vignes et la Bourgogne sont magnifiques. Aviez-vous un lien particulier avec cette région avant de tourner ce film ?

- J’ai découvert le vin avec mon père, qui ne boit que du Bourgogne. Enfant, avec mes deux sœurs, il nous amenait régulièrement en voyage pour découvrir la région et le vin. Mais c’est en faisant le film que j’ai vraiment découvert la viticulture et les différentes étapes de la vinification. Comme à chaque fois, je me suis beaucoup documenté pour préparer le film. Un travail journalistique pour connaître et savoir comment filmer. J’ai arpenté la région, rencontré des viticulteurs, photographié et filmé les vendanges et les différentes étapes du travail de la vigne, ... et j’ai appris beaucoup de choses

Ce qui nous lie Michel Baudoin
(c) Michel Baudoin

 

Un film qui parle aussi beaucoup de voyage et de l’attachement aux racines et au terroir ... avez-vous le sentiment d’avoir fait un film sur l’expatriation ?

- Lorsqu’on fait le tour de monde, on part avec sa culture et on l’enrichit en voyageant, mais on reste soi même. On revient chez soi en ayant appris beaucoup plus sur soi que sur le monde. Je pense que c’est toujours vrai du voyage, et c’est en effet un des thèmes du film.

Le film devait au départ s’intituler « le vin et le vent » pour évoquer le fait que le vin, c’est à la fois une histoire de racines, de terroir, et de voyage. J’aime cette dualité dans le vin. Il y a un proverbe ou une phrase de la bible qui dit « Vous ne pouvez donner que deux choses à vos enfants : des racines et des ailes ». Et je trouve que c’est assez vrai. Et le vin raconte un peu ça. Il y a des choses issues du terroir, de ses racines et des choses qu’on apprend par soi même, en voyageant.

 

La famille, les racines, le voyage, le mélange des cultures, ... ce sont des thèmes que l’on retrouve dans vos autres films. Un lien intime ?

- Dans mon nom, il y a du voyage ! Je suis français et je porte un nom polonais, hérité de mon arrière grand-père. C’est quelque chose de présent et à la fois très lointain, mais je sais qu’il y a quelque chose de ça dans mon hérédité. Aussi, je suis parti faire deux ans d’études à New-York à 23 ans, et j’ai appris ce que c’était que d’être français à l’étranger. C’est sûrement ce qui a motivé mon film « l’auberge espagnole ».

Pour ces deux raisons, je suis peut-être conscient et sensible au fait que le voyage fait partie de la vie contemporaine. Et je pense que « l’auberge espagnole » a rencontré un tel succès en France et dans le monde parce qu’il est arrivé au moment où les gens avaient commencé à voyager partout dans le monde, et à vivre à l’étranger, pour les études ou le travail de façon très répandue.

Cedric Klapisch © Emmanuelle Jacobson-Roques
Cedric Klapisch © Emmanuelle Jacobson-Roques

 

La Bourgogne, au centre de votre film, est d'ailleurs aujourd’hui très ouverte sur le monde.

- C’est extrêmement ouvert. Je pense que les français ne s’en rendent pas bien compte. J’ai fait beaucoup de films sur des villes très cosmopolites, Paris, New-York, etc. ou sur des gens qui voyagent, qui se mélangent avec d’autres cultures, ... Et, là, avec ce film, les gens se sont aperçus que la campagne française est aujourd’hui multiculturelle. Ce n’est pas simplement touristique, mais vraiment au sein des domaines viticoles. Il y a des américains, des australiens, des anglais, des asiatiques, ... des gens du monde entier ; c’est vraiment une plaque tournante. C’était assez étonnant à découvrir et intéressant à faire découvrir au public.

 

La musique de Loïk Dury accompagne le film avec cette fois un son bien particulier et une collaboration avec Camélia Jordana.

- La musique a une place très importante pour moi dans un film, et je travaille avec le même compositeur depuis plus de quinze ans, Loïk Dury. Je crois que je ne pourrais pas travailler avec quelqu’un d’autre ! Il est très électro, très urbain, mais a cherché une nouvelle sonorité pour ce film, qui soit française et qui parle de la campagne. Dans les autres films, comme Casse-tête chinois qui se passe à New-York, on était dans des références anglo-saxonnes rythm & blues, mais là nous nous sommes posés la question du terroir, de l'identité musicale de la France. Loîc a trouvé cet instrument, le Cristal Baschet, qui donne ce son particulier. Et nous avons fait appel à Camilia Jordana pour la chanson.

 

Connaissez-vous le cinéma asiatique ?

- Je suis très fan de cinéma japonais. Je connais un peu le cinéma coréen et chinois. J’aime bien le cinéma asiatique en général qui a la particularité d’être très visuel. Et j’aime beaucoup.

 

Pourquoi pas un tournage en Asie, et à Singapour ?

- Si, si, ... et à mon avis, ça va arriver !

 

 

Sortie officielle à Singapour du film « Ce qui noue lie » (Back to Burgundy) le 23 novembre 2017.

 

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