La bande-dessinée Nos adoptions, dessinée par Jung et scénarisée par Laëtitia Marty est sorti dans les librairies en octobre 2023. Les auteurs nous parlent de leur ouvrage, premier d'une trilogie.
C'est de l'autre côté de l'écran que deux visages souriants apparaissent. "Ça fait un certain nombre d’années que je fais de la bande dessinée, à peu près 30 ans maintenant", commence d'abord l'auteur et dessinateur, Jung. L'autre visage, c'est celui de Laëtitia Marty, co-autrice et moitié du duo de choc, à la vie personnelle comme professionnelle. Ensemble, ils signent Nos adoptions, une bande-dessinée sur la quête identitaire par le prisme de l'adoption. Sujet très personnel, développé dans une première œuvre plus autobiographique, Couleur de peau : miel, ayant eu droit à son adaptation cinématographique animée.
Ce premier volet d'un triptyque commence par le point de vue de parents adoptifs suivant la longue et périlleuse quête de recherches par leurs enfants de leurs parents biologiques. "C'était un peu surréaliste pour nous, n'ayant retrouvé aucune trace de nos passés respectifs en Corée, de faire un tel récit", confie Laëtitia Marty. Un processus de création mêlant alors recherche de témoignages et introspection personnelle, "parfois pas évidente dès le départ".
Un nouveau challenge
Olivier, Mélanie, Cécile... Dans la bande-dessinée, on y retrouve trois chapitres et donc, trois témoignages différents. Ces proches qui ont accepté de raconter leurs histoires a signé le point de départ. Il est le résultat d'un travail de recherche qui a pris du temps et de la réflexion. Les premiers dessins ont vu le jour trois ans plus tôt. "Après nos précédents albums, c'était important aussi de prendre du plaisir aussi à travailler et donc avoir de nouveaux challenges et raconter les choses différemment", souligne Jung.
"Parler de ces thématiques, dont on ne parle pas dans le quotidien parce que ça nous appartient, a vraiment une dimension thérapeutique. Il faut s’affranchir de sa propre histoire pour avoir suffisamment d’empathie pour l’une des trois parties à savoir les adoptés, adoptants et parents biologiques. C’est un équilibre à trouver et c’est pas forcément facile", raconte Laëtitia.
On ne voulait pas rentrer dans cette forme de récit engagé. On voulait raconter les choses avec justesse, émotion et avec une liberté artistique.
- Laëtitia Marty
Des histoires bouleversantes, toutes différentes, racontées avec délicatesse dans des pages parfois uniquement remplies de dessins. Pas de bulles mais un texte témoin de batailles intérieures se couchant sur le papier. "On ne voulait pas rentrer dans cette forme de récit engagé. On voulait raconter les choses avec justesse, émotion et avec une liberté artistique."
En attendant, les auteurs travaillent sur de nombreux projets dont les deux suites prévues à ce premier tome, avec le point de vue des parents biologiques et ceux des adoptés. Pour se faire, les habitudes de travail ne changent pas : "Nous sommes deux personnes qui travaillent sur la sincérité, le ressenti. C’est réconfortant pour nous de savoir que les émotions que nous avons voulu retranscrire passent auprès de nos lecteurs, car nous les avons aussi ressenti pendant la phase d'écriture."
Alors à votre BD et votre paquet de mouchoirs, où le temps semble se suspendre et les silences se fondent dans un récit d'une belle poésie.
Après l'adaptation en film d'animation de Couleur de peau : miel en 2012, une seconde oeuvre cinématographique, Tout ce qui nous relie, est à découvrir. Réalisé par Jung, et la protagoniste principale interprétée par Laëtitia Marty, le documentaire aborde - 108 minutes durant - les thématiques de quête d'identité et de la recherche de ces racines. "Ce sont des témoignages sur ce que l'on peut transmettre à nos enfants quand, nous-même, ne connaissons pas nos racines", précise Laëtitia Marty. Des projections ont été organisées lors d'évènements de promotion de leur bande-dessinée, toute l'actualité concernant leur film est disponible sur leur site.