Édition internationale

RUGBY - Rencontre avec Pierre-Yves Tondeur, de l'association Terres en Mêlées

Pierre-Yves Tondeur, éducateur et formateur de l'association française Terres en Mêlées, est depuis le début du mois de Janvier au Cambodge pour aider au développement du rugby éducatif avec l'ONG Kampuchea Balopp. Rencontre.

Lepetitjournal.com/Cambodge : Pierre-Yves, pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste votre projet au Cambodge ?
Pierre-Yves Tondeur : Je suis en mission pour Terres en Mêlées, une association qui a pour vocation de soutenir les initiatives d'éducation par le rugby dans le monde. Il y a plus d'un an de cela, PSE (Pour un Sourire d'Enfant) a contacté l'association pour soutenir financièrement le développement du rugby au Cambodge. Nous n'avons pas eu les moyens de les aider, mais ce premier contact nous a permis de connaitre Jean-Baptiste Suberbie et les actions qu'il mène pour les enfants avec Kampuchea Balopp. Suite à ces premiers échanges il nous est apparu que nous avions des objectifs commun, et qu'il serait intéressant de collaborer pour donner aux enfants une éducation à travers le sport.

Quels sont les objectifs de la mission ?
Ma mission va durer 4 mois et a pour objectif la formation des éducateurs de Kampuchea Ballop à la mise en place de séances de rugby éducatif de qualité. Nous souhaitons que le sport soit un support pour véhiculer des valeurs que les enfants pourront réinvestir par la suite dans la vie de tous les jours. Il est essentiel d'aller au-delà de l'aspect purement sportif et de dédramatiser la victoire et la défaite. Les enfants sont avant tout là pour passer du bon temps, prendre du plaisir sur le terrain et faire de nouvelles rencontres grâce à l'activité.
                                     
Concrètement, comment intervenez-vous auprès des éducateurs ?
J'ai la chance de rester 4 mois donc je prends le temps d'y aller progressivement, pas à pas. Je ne vais pas révolutionner leur manière de travailler, les bases sont là. Un travail remarquable de structuration a déjà été accompli puisque Kampuchea Balopp emploie 4 coachs à plein temps et que ceux-ci travaillent tous les jours avec les enfants. Ils interviennent auprès de douze ONG différentes, soit près de 600 enfants au total. Tous les mois, les enfants se regroupent au Vieux Stade et apprennent à se connaitre au travers du jeu. Pour moi c'est une aubaine car je peux les observer tous les jours et les voir évoluer très rapidement. J'alterne entre formations théoriques et le suivi des éducateurs sur le terrain, lors des séances, qui me permet d'évaluer ce qu'ils ont retenu et d'ajuster la formation si besoin.
                                      
 
Et que pensez-vous de ces éducateurs?
Au début les séances étaient surtout composées de petits jeux, sans objectifs précis et sans vraiment rentrer dans l'activité rugby en profondeur. J'ai donc commencé par voir avec eux les bases du métier d'éducateur et la mise en place de séances, en insistant en particulier sur l'aspect sécurité, car si notre sport est un sacré défouloir pour les enfants, c'est aussi un sport de lutte et de contact qui comporte certains risques. Le rôle de l'éducateur est de tout mettre en oeuvre pour prévenir ces risques et que les enfants s'amusent en toute sécurité. Quand les principes de bases ont été acquis, nous avons commencé à travailler sur le contenu des séances : qu'est-ce qu'on veut apprendre aux enfants, et comment le met-on en oeuvre lors des séances.
 
Ont-ils bien progressé ?
Oui, en à peine deux mois les progrès sont vraiment significatifs. Déjà au bout d'un mois, entre le tournoi de Janvier et celui de Février, nous avons vu une belle progression des enfants. Cela veut dire que le message des éducateurs est bien passé. Je leur ai proposé une nouvelle philosophie : un jeu plus basé sur l'évitement que sur le contact, privilégier la vie du ballon plutôt que les blocages, et tout le monde a rapidement adhéré.
Depuis quelques semaines, je vois que les éducateurs sont en train de passer un cap : les séances sont mieux structurées, préparées à l'avance et surtout je les sens plus à l'aise pour transmettre leur savoir aux enfants. Avant ils se contentaient souvent de lancer les ballons sans vraiment observer les comportements des enfants. Aujourd'hui ils énoncent clairement leurs objectifs, et n'hésitent pas à stopper le jeu pour donner l'exemple et mieux expliquer afin que les enfants réussissent.
 
Etes-vous donc déjà pleinement satisfait ?

Je suis content de l'implication des éducateurs, de leur progression, mais il y a encore beaucoup à faire. Les deux mois qu'il me reste ne seront pas de trop. Depuis quelques jours, nous avons le renfort de Laurent Javerzac, de l'association Rugby de Poussière, qui propose lui aussi de nouveaux exercices qui viennent bien compléter la démarche de Terres en Mêlées. Aujourd'hui les coachs commencent vraiment à penser rugby, à avoir des exigences en terme de jeu et sont donc capables peu à peu de réguler les situations qu'ils proposent pour atteindre leurs objectifs. J'espère que d'ici la fin de mon séjour ils seront capables de construire leurs propres situations d'apprentissage en fonction des groupes qu'ils auront. En effet, chaque groupe est différent et mérite donc qu'il lui soit proposé un entrainement adapté, ni trop exigeant, ni trop simpliste.
 
Quel est votre programme pour les 2 prochains mois ?
Plusieurs projets sont en cours. Nous travaillons avec France Volontaires pour intervenir ensemble lors de la semaine de la francophonie qui aura lieu au mois de mars, avec sans doute un temps fort qui se déroulerait lors du prochain tournoi le dimanche 23 mars. Je compte également retourner à Siem Reap et dans la plantation de Philippe Monin car j'y ai engagé un travail de formation d'éducateurs et de coachs, et je souhaite donc effectuer un suivi de ces formations avant mon départ prévu fin avril. Enfin, je désire aussi profiter de ces derniers mois pour passer du temps avec les Cambodgiens et découvrir un peu mieux la culture locale.
 
Florent MONTMEAT & Quentin PANNIER (lepetitjournal.com/Cambodge), le 09 mars 2014.
 
Crédits photos : Terres en Mêlées
Pour retrouver la page Facebook de Terres en Mêlées : https://www.facebook.com/terresenmelees?fref=ts
Pour retrouver l'article de Kampuchea Ballop consacré à Terres en Mêlées : http://bit.ly/1dHlcm6
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