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Le Projet Sentinelle du lycée Chateaubriand

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Écrit par Karine Gauthey
Publié le 11 septembre 2019, mis à jour le 11 septembre 2019

Mise en place dans les établissements scolaires français depuis 2010 sous l’égide d’Éric Verdier, psychologue et directeur du pôle discrimination à la S.E.D.A.P. (Société d’Entraide et D’Action Psychologique), la formation « Sentinelles et Référents » s’est déroulée du 8 au 11 avril 2019 au lycée Chateaubriand.

11 élèves et 7 adultes ont eu l’opportunité de participer à ce stage de quatre jours et l’ont présenté lors d’une réunion qui s’est tenue le vendredi 12 avril 2019 à 14h30.

Une implantation dans les milieux scolaires

En guise de préambule, Éric Verdier a rappelé que pas moins d’un élève sur dix est victime de harcèlement à l’école. C’est la raison pour laquelle les établissements scolaires doivent prévenir et sensibiliser les jeunes et les adultes aux phénomènes de « bouc émissaire » pour trouver des solutions durant quatre journées de concertations et d’ateliers.

Ce dispositif repose sur la collaboration entre les équipes éducatives et les élèves ; il se donne pour objectif de repérer et prendre en charge les élèves harcelés et empêcher que certains ne deviennent des boucs émissaires. Mais il s’agit également de cibler les élèves isolés, en situation de risques, de décrochage, de phobie scolaire ou de radicalisation.

Des élèves sentinelles en alerte

Sur la base du volontariat, 11 élèves de 6ème et de 5ème sont devenus les « sentinelles » de Chateaubriand, soutenus par leurs 7 « référents » (enseignants, assistant d’éducation, conseiller principal d’éducation, personnel de direction) ; leur rôle est double : ils doivent aider la victime désignée et sensibiliser les témoins passifs, en les encourageant à reconnaître la souffrance du bouc émissaire. Néanmoins, ils ne doivent pas intervenir directement sur le persécuteur, ce rôle revenant aux référents une fois la victime en sûreté. Très investis, les élèves du collège ont bien compris les enjeux de leur mission, rappelant qu’ils ne sont pas là pour désigner un coupable (ce qui ferait d’eux une « balance »), mais plutôt pour aider et orienter la victime vers un adulte.

À présent, grâce aux divers ateliers mis en place par Éric Verdier, les sentinelles vont mener des actions contre le harcèlement, mettre en place un climat de confiance, des moments d’échanges, et peut-être former de nouvelles sentinelles en CM1.

Nous avons posé des questions à une « sentinelle », Lucrezia, Myriam, Ettore ainsi qu’à Stéphanie Guilmot, Conseillère Principale d’Éducation porteuse du projet à Chateaubriand.

Pourquoi as-tu participé à ce projet ?

Lucrezia : J’ai participé à ce projet parce que j’ai déjà vu des choses qui m’ont vraiment touchées et si je n’avais pas fait ce stage, j’aurais fait l’inverse de ce qu’il faut faire ; je serais intervenue vers celui qui fait du mal au bouc émissaire et maintenant je sais que je dois plutôt aller vers la victime.

Myriam : Parce que mon professeur principal m’a choisie parmi les élèves de ma classe, car j’avais fait quelques actions pour mes camarades avant.

Ettore : J’ai participé à ce projet, car quand il m’a été présenté, je l’ai trouvé très intéressant, ça me faisait plaisir d’aider le collège.

Stéphanie Guilmot : J’ai participé à ce projet parce que je l’ai monté et j’avais envie d’y participer, c’était une belle expérience. Ensuite, j’y ai participé pour pouvoir suivre le projet avec les élèves, il fallait que je sois référente, je ne le voyais pas autrement.

Pour toi, c’est quoi être une sentinelle ?

Lucrezia : C’est savoir aider quelqu’un qui est en difficulté sans le commander ni lui dire ce qu’il doit faire.

Myriam : Pour moi, c’est aider les autres pour qu’ils sortent de l’isolement et que les autres ne se moquent pas d’eux et pour qu’ils aillent voir un adulte.

Ettore : Pour moi, c’est de ne pas être un rapporteur, mais quelqu’un qui aide les gens en difficultés, les aide à résoudre leurs problèmes

Que représente être référent à tes yeux ?

Stéphanie Guilmot : Être référent, c’est accueillir la parole des sentinelles, les accompagner, les aider à résoudre les situations. On a une marche en plus, c’est le « et après ». Après, on peut également s’occuper de l’harceleur, ce que ne font pas les sentinelles.

Comment s’est déroulée la formation ?

Lucrezia : On était dans une salle, on a établi des règles dès le début, comme le fait de devoir s’appeler par nos prénoms, et on était plus libres de parler.

Myriam : C’était pendant une semaine, un animateur est venu de France, on était tous ensemble dans une salle. Chaque jour, on apprenait beaucoup de choses avec des ateliers, des jeux, etc. À la fin de journée, on donnait notre avis.

Ettore : On a fait des jeux, après on faisait de la théorie pour comprendre pourquoi on faisait ces jeux.

Stéphanie Guilmot : On était tous ensemble tout le temps, on participait aux mêmes activités avec une liberté de participation, car il y avait des ateliers bouleversants que n’ont pas pu faire tous les adultes comme celui des insultes.

Qu’avez-vous retenu de cette formation ?

Lucrezia : J’ai retenu beaucoup de choses. Le groupe est très uni, vendredi on s’est tous mis à pleurer quand on faisait une sorte de jeu : on devait amener un objet particulier, il y avait des choses très tristes, donc j’ai compris qu’il y avait beaucoup de confiance entre nous.

Myriam : J’ai retenu tous les rôles ; par exemple le bouc-émissaire, c’est celui qui est harcelé, nous les sentinelles, on joue le rôle de rebelle et on l’aide à sortir de l’isolement.

Stéphanie Guilmot : J’ai retenu cette confiance dans le groupe, le fait d’être au même niveau que les élèves, on se rend compte que les élèves comprennent beaucoup de choses. Et le travail à faire après est très intéressant. J’espère que le projet va fonctionner.

Quelle est la suite des événements ?

Lucrezia : Nous sommes en train de préparer des réunions, la première a eu lieu le 7 mai, en attendant, nous, les sentinelles, on essaie de regarder ce qui se passe autour de nous.

Myriam : Il y a la fenêtre d’écoute : certains jours on est dans une salle et les élèves peuvent venir parler de leurs problèmes.

Ettore : On fait des réunions chaque mois, on explique aux autres élèves le projet.

Stéphanie Guilmot : Il y aura plusieurs réunions durant l’année, on va réfléchir à la communication, la manière d’être repérés. On va également évoquer les cas, si on en a.

 

Karine Gauthey
Publié le 11 septembre 2019, mis à jour le 11 septembre 2019

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