La vente du siècle annoncée par la presse ne s’est pas déroulée comme prévu, puisque les enchères de ce mardi 18 janvier, avec un prix de départ de 471 millions d’euros, ont été désertes. Pourtant, l’identité du milliardaire futur propriétaire de la villa décorée de fresques du Caravage et du Gerchin était l’objet de nombreuses spéculations.
Un véritable musée sur le marché
Cette dépendance est le seul élément subsistant d’une vaste villa du XVIème siècle, commandée par le cardinal Francesco Maria Del Monte, mécène du Caravage. Achetée par la famille noble des Ludovisi en 1621, elle est restée leur propriété, jusqu’à la vente prochaine. Les proches du prince Nicolo Boncompagni Ludovisi, décédé en 2018, se disputaient son héritage, dont la villa fait partie. Un tribunal romain a donc imposé la vente aux enchères pour mettre fin aux litiges.
La villa est remarquable architecturalement et artistiquement à de nombreux points de vue, et notamment pour ses fresques. Un de ses plafonds est en effet orné d’une fresque de 1597 attribuée au Caravage, qui est la seule peinture murale de l’artiste, et qui représente les dieux de la mythologie romaine Jupiter, Neptune et Pluton.
Si le nom du célèbre peintre a tendance à monopoliser l’attention – de nombreux médias internationaux annonçant la vente d’un Caravage, oubliant la villa allant avec – le Pavillon compte d’autres remarquables œuvres, dont une fresque du peintre baroque le Guerchin. Elle représente la déesse Aurore, ce qui explique le nom donné au Casino.
Pour convaincre un acheteur hésitant, le jardin aurait été réalisé selon le plan du jardinier de Versailles, Le Nôtre.
Polémique autour de la privatisation de l’héritage culturel
La mise en vente du Casino de l’Aurore a soulevé la question tendue de la privatisation de l’héritage culturel, en particulier dans un pays comme l’Italie particulièrement riche en héritage, mais doté de moyens insuffisants. Une pétition appelant l’État italien, qui a un droit de préemption, à se porter acquéreur du Pavillon a atteint presque 40 000 signatures. Mais le prix fixé initialement représente un quart du budget annuel du ministère de la Culturel italien, et même s’il est diminué, il restera difficilement accessible.
Un prix à revoir à la baisse
Ni le placement au cœur de Rome de la villa, ni les chefs d’œuvres qu’elle contient n’auront réussi à convaincre Bill Gates ou le sultan du Brunei, en fonction des rumeurs, de débourser un quart de milliard d’euros, auquel s’ajouteraient près de 11 millions d’euros de travaux de restauration.
Une nouvelle séance d’enchères a donc été fixée au 7 avril 2022, avec un prix de départ réduit de 20 %, mais toujours surévalué selon les experts. Le même scénario peut donc se reproduire, jusqu’à atteindre un prix plus réaliste, rendant possible un achat par l’État.
Éléné Pluvinage