« Le théâtre infini d’Andrea Camilleri » au Palazzo Firenze de Rome

Dépasser le célèbre commissaire Montalbano. Telle est l’ambition de l’exposition « Scènes, voix, accents, écritures : le théâtre infini d’Andrea Camilleri », consacrée à l’auteur sicilien pour le centenaire de sa naissance (1925-2019). Organisée par l’historien et critique littéraire Giulio Ferroni et l'Unité Culture de la Société Dante Alighieri, en collaboration avec le Fonds Andrea Camilleri et la production d'Arthemisia, l’exposition se tient dans la salle Walter Mauro du Palazzo Firenze – siège de la Société Dante Alighieri – jusqu’au 9 novembre 2025.

À travers six sections thématiques – écriture et langage, activité théâtrale et radio-télévisuelle, mémoire et vision intérieure – la rétrospective explore les nombreuses expressions de la créativité de l'auteur sicilien, pour qui le monde était « comme un immense théâtre où voix, accents et écritures s’entrelacent dans un spectacle sans fin ». D’après le critique Giulio Ferroni, « cette exposition est la continuité de sa vision de la vie, un théâtre dans tous les aspects de la vie, un théâtre de l’infini ».

 

 

La famille, l’école, les lectures et les découvertes

La première section plonge le visiteur dans l’intimité du jeune Camilleri. On y découvre des photos de famille, ses cahiers d’écolier et ses premiers poèmes (1939-1941), aux côtés des œuvres de Montale et Saba qui ont marqué sa formation. Deux documents du XIXe siècle, retrouvés parmi les papiers familiaux, inspireront plus tard La bolla di componenda et La concessione del telefono.

Poète ou metteur en scène ?

Les années d’après-guerre révèlent un Camilleri poète et intellectuel en devenir. Lettres d’Alba de Céspedes et d’Elio Vittorini, carnets de jeunesse et la poésie Mort de Garcia Lorca (primée en 1950) témoignent de cette période où son entrée à l’Académie d’art dramatique de Rome ouvre la voie à sa carrière théâtrale.

Sur la scène théâtrale : entre Beckett et Pirandello

Camilleri en tant que metteur en scène est ici à l’honneur : sa collaboration avec Orazio Costa, ses mises en scène de Beckett, Pirandello et Ionesco, mais aussi sa passion pour le théâtre de l’absurde. Documents, critiques et scénarios évoquent également son activité télévisuelle, notamment la série consacrée à Eduardo De Filippo.

L’ère de la RAI : radio et télévision

Au cours de sa collaboration avec la RAI, Camilleri se dévoile à travers lettres, scénarios et textes radiophoniques. Parmi les pièces exposées : Il Versificatore (avec une lettre de Primo Levi), Western di cose nostre (de Leonardo Sciascia) et les séries Il tenente Sheridan et Maigret.

Un récit inépuisable

Cette section retrace la naissance du romancier : du tapuscrit Mani avanti (1967-1968) à Il corso delle cose (1978), jusqu’à l’invention de Montalbano. On y explore son style narratif unique, ses lettres éditoriales, ses traductions et un glossaire sicilien rédigé par ses soins.

Formes de la vision

L’exposition s’achève sur la dimension visuelle de son œuvre. Les petits volumes consacrés à Caravage, Guttuso et Renoir révèlent son intérêt pour l’art. Le parcours se referme sur le souvenir vibrant de Conversation sur Tirésias, ultime témoignage d’un écrivain qui, jusqu’au bout, fit de la parole un art vivant.

Maé BRAULT