Édition internationale

ROMAN - Samuel Benchetrit et le temps des tours

Romancier, cinéaste, auteur dramatique, Samuel Benchetrit inaugure le cycle de ses souvenirs de jeunesse avec Chroniques de l'asphalte. Un récit léger et nostalgique d'une enfance vécue dans une tour de banlieue

Une évocation littéraire qui ne prétend pas au témoignage, mais déraille et fanfaronne pudiquement jusqu'àl'absolument invraisemblable. (Photo : AFP)

En ces périodes de sombres constats sur la réalitéde la vie en banlieue, le récit de Samuel Benchetrit est une bouffée d'air venue de l'autre côtédu périphérique. On ne sait si les temps ont beaucoup changéou si le regard que porte l'auteur sur ses années d'enfance est simplement chargéde bienveillance, mais la lecture de ces premières Chroniques de l'asphalte se fait le sourire aux lèvres.
Évidemment, il est un peu tôt, à32 ans, pour se pencher avec gravitésur de lourdes mémoires. Samuel Benchetrit opte pour la petite forme, pour l'évocation alerte. Si le projet semble copieux avec cinq tomes annoncés, la première livraison est digeste.
Ces chroniques-làsont celles d'une tour comme beaucoup d'autres, que l'auteur nous invite àvisiter de la cave au toit, paliers par paliers, ascenseur et vide-ordure inclus. Chaque chapitre est l'occasion d'une halte, d'une rencontre et d'autant d'anecdotes cruelles ou cocasses empilées comme les étages de béton.
Visite guidée
Au premier, un homme paye cher les conséquences de sa pingrerie au moment de financer les travaux de l'ascenseur, au troisième étage un tombeur éveille des jalousies, le quatrième est le théâtre de surprenants dépucelages en série? Et puis il y a les copains, Daniel, Karim, Dédé, attachants, excessifs et vraisemblablement pas si bien partis que ça. Derrière le rire et l'idéalisation nostalgique, pointent alors une tendresse profonde et une sorte d'hommage douloureux.
À regarder mieux, ces si joyeuses chroniques ont pour matière essentielle de petits et de grands drames et racontent drôlement beaucoup de choses vraiment pas drôles. Leur évocation littéraire ne prétend pas au témoignage, déraille et fanfaronne pudiquement jusqu'àl'absolument invraisemblable. Cela fait partie du charme d'un livre écrit simplement et simplement touchant.
Jean Marc JACOB. (LPJ) 3 février 2006

Samuel Benchetrit ? Chroniques de l'asphalte - 1/5 (Julliard) ? 187 pages ? 18€
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