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RINGO LAM – « Sky on Fire », le ciel lui est tombé sur la tête

 

Fort de sa quadrilogie « On Fire » (City On FirePrison On Fire I et IISchool On Fire),  Ringo Lam est considéré comme l'un des cinéastes majeurs de Hong Kong. Après un passage à Hollywood sans réel relief et un retour à Hong Kong du même tonneau, le réalisateur avait pris une retraite anticipée au milieu des années 2000. Le polar Wild City sorti en 2015 avait toutefois marqué son come back au cinéma. Mais là encore, le résultat, sans être déshonorant, avait peiné à convaincre le public et la critique. Apres cet essai manqué, Sky On Fire est-il le film de la réconciliation ? Rien n'est moins sûr.

 

Sky One, un gratte-ciel ultra moderne qui domine la ville de Hong Kong, abrite en son sein un laboratoire spécialisé dans le traitement des cancers. Quand un camion rempli d'échantillons de cellules souches à destination de Sky One est détourné, c'est au chef de la sécurité du building, Tinbo (Daniel Wu), qu'il appartient de le retrouver. Ce dernier ne tarde pas à découvrir que les voleurs sont personnellement liés au directeur de l'établissement high tech.

Un film, deux intrigues

Le style Ringo Lam, c'était une approche réaliste du polar et une vision ambiguë des hommes et des institutions. Des thèmes qui ne sont guère en odeur de sainteté auprès de la censure chinoise. Or, le marché continental est aujourd'hui quasi-incontournable pour les (co-)productions hongkongaises.

Dans Wild City, on sentait déjà bien que Lam luttait avec ces nouvelles contraintes. Avec Sky on Fire, les choses vont de mal en pis. L'autocensure a ôté tout son mordant à l'intrigue principale du film basée sur la corruption dans le monde médical. Sans doute conscient qu'il ne peut se reposer sur cette histoire faiblarde, Ringo Lam y a greffé une intrigue secondaire (une jeune femme atteinte d'un cancer en phase terminale accompagnée de son frère prêt à tout pour la sauver) et tente d'étoffer ces personnages en les affublant chacun d'un trauma. Un peu grossière, cette histoire bis tire le film du coté du mélodrame mais permet de générer de l'empathie pour les personnages chez les spectateurs.

Piège de cristal

Conformément à son habitude, Ringo Lam propose de multiples scènes d'action plus ou moins réalistes. Bien emballés, ses crashs de voiture et autres combats à mains nues ne manquent pas d'impact mais ceux-ci ne parviennent cependant pas à donner à ce polar la personnalité et l'agressivité qui lui font défaut. Le grand final révèle quant à lui toutes les failles de la production. Ses défauts (effets visuels hideux, photographie lisse, prestations inégale des acteurs, enjeux sans grand intérêt) se combinent en effet dans une conclusion qui tombe dans la parodie pure et simple. Qu'un réalisateur de la trempe de Ringo Lam ait pu commettre une telle séquence ne peut que laisser un goût amer à tous les amateurs du cinéma de Hong Kong.   

Arnaud Lanuque (www.lepetitjournal.com/hong-kong) mercredi 23 novembre 2016.

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