L'un des principaux leaders de la dissidence des FARC colombiennes, à la tête d'une faction armée opérant dans le sud-ouest de la Colombie, a été capturé en Equateur, a annoncé lundi la police équatorienne.
"La nuit dernière dans la province d'Imbabura (60 km au nord de Quito), les activités d'enquête et de renseignement menées depuis trois mois ont permis la capture de Carlos L., alias +El Gringo+, une cible de grande valeur", a annoncé la police.
L'homme est un "leader du groupe armé Oliver Sinisterra", l'une des trois factions de la dissidence des FARC (qui rejettent l'accord de paix signé en 2016 avec cette guérilla marxiste) opérant à la frontière entre les deux pays.
Ces factions sont notoirement impliquées dans le trafic de drogue, en particulier le transit vers l'Equateur de la cocaïne produite en Colombie.
"El Gringo", ou encore le "Commandant Gringo", est "lié à des activités terroristes à Esmeraldas", province côtière de l'ouest de l'Equateur où sont actifs de nombreux gangs criminels impliqués dans le narcotrafic, a déclaré le commandant de la police équatorienne, César Augusto Zapata, sur le réseau social X.
Il avait pris la tête du Front Oliver Sinisterra en 2018 et il était l'un des hommes les plus recherchés de Colombie. "Il était le commandant en second de cette organisation", a précisé M. Zapata.
"Il a été interpellé dans la ville d'Ibarra, où il était en train de commettre des actes criminels", a-t-il ajouté, annonçant "une audience des services d'immigration" afin "qu'il puisse être expulsé vers la Colombie".
Le commandant de la police colombienne, le général William Salamanca, a ensuite confirmé à la presse l'extradition du narcotrafiquant, affirmant qu'il était en "cours de transfert à la frontière" .
Le ministère de l'Intérieur équatorien a diffusé des images de l'arrestation dans une maison particulière, et du suspect interpellé, claquettes aux pieds et en short de sport, entre deux militaires en armes et masqués.
Selon les autorités colombiennes, la dissidence "Oliver Sinisterra" domine le trafic de cocaïne dans le sud-ouest du pays. Elle est également responsable de l'enlèvement et du meurtre d'une équipe de journalistes équatoriens en 2018.
Les corps des trois hommes, journalistes pour le quotidien El Comercio, avaient été retrouvés dans une fosse commune du côté colombien de lac frontière, trois mois après leur kidnapping par ce groupe armé.
- Négociation -
Situé entre la Colombie et le Pérou, plus importants producteurs de cocaïne au monde, l'Equateur était resté pendant des années à l'abri de la violence liée au narcotrafic. Mais de simple pays de transit, il est devenu un centre d'opérations et de logistique pour l'expédition de la cocaïne vers l'Europe.
Une vingtaine de gangs y font régner la terreur, en particulier dans les provinces côtières. Le pays connaît depuis le 7 janvier une crise sécuritaire sans précédent, depuis l'annonce de l'évasion de l'ennemi public numéro 1, alias "Fito", chef des Choneros, le gang le plus puissant du pays en lien avec les groupes armés à la frontière colombienne pour sortir la cocaïne vers la côte Pacifique.
L'arrestation du "commandant Gringo" intervient alors que le président de gauche de la Colombie, Gustavo Petro, tente de négocier la paix avec les principaux groupes armés actifs dans son pays, dont la principale faction de la dissidence des FARC opérant dans le sud-est amazonien, connue sous le nom d'Etat-major central (EMC).
Officiellement, aucun contact n'a été établi à ce jour entre le gouvernement colombien et la faction "Oliver Sinisterra".
La chute du "Commandant Gringo" joue sans aucun doute en faveur des autorités équatoriennes pour négocier avec Bogota l'expulsion de près de 1.500 criminels colombiens détenus dans les prisons équatoriennes vers leur pays.
Cette mesure a été promise par le président Noboa mais se heurtait jusqu'à présent à l'hostilité affichée du gouvernement colombien.