

Jean-Marie Messier ou le petit Frenchie qui s'en va voir New-York
Après des études à Polytechnique et à l'Ena, Jean-Marie Messier (AFP) est inspecteur des Finances, puis conseiller technique au cabinet d'Edouard Balladur. Il devient en 1989 banquier d'affaires chez Lazard et quitte alors la sphère publique. Repéré par Guy Dejouany, président de la Compagnie Générale des eaux, il le remplace à sa retraite en 1996 et transforme alors totalement le groupe, renommé Vivendi, qui devient très vite la deuxième entreprise mondiale de communication. Messier rachète l'Américain Seagram dont la branche alcool est revendue à Diageo et Pernod Ricard. La branche divertissement qui comprend les studios Universal est conservée, Vivendi devient alors Vivendi Universal et fusionne avec Canal+.
Il devient J6M, alias Jean-Marie Messier Moi-Même Maitre du Monde
Il est rapidement l'un des patrons français les mieux payés de France et l'un des plus connus à l'étranger. Il hérite tout d'abord du surnom "J2M" (Jean-Marie Messier), puis de "J4M" (Jean-Marie Messier Moi-Même), pour finir en "J6M", caricature de "Jean-Marie-Messier-Moi-Même-Maître-du-Monde" des Guignols de l'info.
C'est l'heure de gloire pour J2M, Il reçoit le titre de chevalier de la Légion d'honneur en 2001 et fréquente le club "Le Siècle"qui réunit des membres influents de la "classe dirigeante"française.
En 2002, tout s'arrête brutalement
Vivendi déclare des pertes énormes. L'action s'effondre. Les administrateurs du groupe, sous l'impulsion de Claude Bébéar (fondateur d'AXA), contraignent Messier à démissionner en juillet 2002 après que l'entreprise ait perdu 13,6 milliards d'euros sur l'année précédente. Jean-René Fourtou, ancien PDG d'Aventis, reprend en main le groupe.
Depuis 2005, Jean-Marie Messier dirige une entreprise de conseil, Messier Partners.
Calife à la place du calife, il doit rendre des comptes
Le 5 mars 2002, J2M annonce à ses actionnaires la perte de 13,6 milliards d'euros. Mais selon lui, "Le groupe va mieux que bien", un euphémisme.
Dans les années 2000-2002, le groupe avait fait croire à sa santé florissante alors qu'il traversait une grosse crise de liquidités. Cela avait causé l'effondrement du titre du groupe et des pertes pour nombre de petits porteurs. Lundi s'est ouvert le procès Vivendi aux Etats-Unis. Figurent sur le banc des accusés pour avoir embelli les comptes, Messier, l'ancien PDG, Hannezo, l'ancien directeur financier du groupe, et Vivendi en tant que personne morale. Ce n'est pas le premier procès auquel est confronté le groupe mais il pourrait être celui aux plus grosses conséquences financières si la justice décide le dédommagement des actionnaires pénalisés par l'effondrement du titre en 2002. La justice française chiffre à 1 million le nombre d'investisseurs potentiellement concernés. Cela pourrait coûter plusieurs milliards de dollars d'amende au groupe Vivendi. Le procès pourrait durer deux à trois mois.
Pour quelqu'un qui a sorti en 2009 un livre dispensant des critiques et des conseils sur la gestion de crise "Le jour où le ciel nous est tombé sur la tête", Messier ne semble pas être le plus à même à donner des leçons.
Magali MASSA (www.lepetitjournal.com) mercredi 7 octobre 2009
En savoir plus:
Article du Monde- Vivendi: les années Messier sont jugées à New-york
Article du Point- Vivendi: Procès à haut risque pour Messier


































