

Le voile islamique intégral fait une nouvelle fois polémique. Un rapport de police a recensé 367 femmes portant la burqa, un proportion trop minoritaire pour s'inquiéter, selon certains. Mais après l'affaire du "burqini", des voix s'élèvent pour légiférer sur la question
Des femmes portant le niqab (AFP/Amr Nabil)
Rappel des faits
Une proposition du député de Vénissieux André Gérin (PC) pour interdire le voile islamique intégral (burqa ou niqab) dans les lieux publics il y a deux mois, avait débouché sur la création d'une commission parlementaire qui doit rendre son rapport fin janvier 2010. Les esprits semblaient alors apaisés mais deux évènements sont pourtant venus relancer le débat. Tout d'abord, un rapport de la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) a été rendu public. Celui-ci recensait seulement 367 femmes portant ce type de voile sur le territoire français. D'après les analyses de la DCRI, ces femmes âgées de moins de 30 ans pour la plupart porteraient le voile intégral de façon volontaire pour une majorité d'entre elles. La DCRI révèle tout de même que ce phénomène bien que minoritaire est en progression car complètement inexistant en France, il y a dix ans. Le dépôt d'une plainte pour "discrimination"de la part d'une femme musulmane qui s'est fait interdire l'accès à la piscine municipale d'Emerainville (Seine et Marne) car elle portait un burqini, un maillot de bain islamique composé d'un voile, d'une tunique et d'un pantalon large, a enflammé le débat entre les défenseurs des libertés individuelles et les partisans d'une loi pour interdire ce voile dégradant pour la femme.
Contre
Au vu des chiffres avancés par la DCRI, le socialiste Claude Bartolone a estimé que d'avoir un débat parlementaire voire de légiférer sur la question reviendrait à "sortir un gros pilon pour écraser une mouche" . Même position de la part du recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, qui, bien qu'il rappelle que le port de la burqa n'est pas inscrite dans le Coran, a souligné la "disproportion entre la réponse qui a voulu être donnée en prenant des mesures graves, sérieuses (..) à un phénomène extrêmement marginal". Selon une note de la sous-direction de l'information générale (SDIG), la communauté musulmane dans son grand ensemble considère ces pratiques islamistes comme étant "sectaires"mais craint qu'une loi n'ait pour effet de "stigmatiser l'Islam". D'autres experts, comme l'anthropologue américain spécialiste de l'islam, John Bowen, s'opposent à toute loi liberticide qui ne s'avérerait être qu'"une atteinte à la vie privée des gens, à la liberté dans la sphère privée".
Pour
André Gérin réfute ces accusations et conteste "les chiffres ridicules" du rapport de police. "Le voile intégral, c'est l'iceberg recouvert d'une marée noire. Ne nous trompons pas, l'emprise des fondamentalistes, des intégristes islamistes, tente de régenter la vie civile de certains territoires de notre pays", déclare le député PCF. Ce point de vue est relayé par une sociologue au CNRS, Nathalie Heinich, qui dans une tribune dans le Monde prend le débat à c?ur : "Devrait-on renoncer à légiférer contre le crime parce que celui-ci ne serait le fait que de quelques individus ? La loi n'est pas affaire de nombre, mais de principe. Le problème posé par la burqa relève-t-il de la vie privée ? Evidemment non, puisque ce qui est en question est précisément son port dans l'espace public : personne, que je sache, n'a jamais songé à l'interdire dans les domiciles !". Les associations féministes persistent à dénoncer le port de ce voile islamiste qui est une atteinte à la femme et aux droits de l'Homme. "Il faut une loi. La burqa représente quelque chose d'inacceptable pour la femme. C'est une humiliation à la fois pour la femme et pour les passants qui voient ses filles grillagées"affirme Bernard Debré, député UMP de Paris. La secrétaire d'Etat française à la Ville, Fadela Amara, martèle également que la France se doit de combattre la "gangrène, le cancer que représente l'islam radical qui déforme complètement le message de l'islam". "La burqa ne représente pas simplement un morceau de tissu, mais la manipulation politique d'une religion qui réduit les femmes à l'esclavage et va à l'encontre du principe d'égalité entre les hommes et les femmes" ajoute-t-elle.
Et vous ?
Qu'en pensez-vous ? Serait-ce une bonne idée de légiférer pour l'interdiction du voile islamique intégral dans les lieux publics ? Ou ce débat n'est pour vous que tempête dans un verre d'eau ? Laissez vos commentaires en bas de cet article
Damien Bouhours (www.lepetitjournal.com) vendredi 21 août 2009
En savoir plus
Notre article, Pour ou contre l'interdiction du port de la burqa
Article de Libération, Burqa : légiférer "ce serait sortir un gros pilon pour écraser une mouche"
Article du Monde, La burqa, les sophistes et la loi par Nathalie Heinich


































