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PORTRAIT – Charles Pasqua : la preuve par sept

Le premier procès en correctionnel de Charles Pasqua s'est ouvert hier. L'ex-ministre de l'Intérieur est accusé d'avoir illégalement financé sa campagne électorale pour les européennes de 1999. Une des sept affaires dans laquelle il a été mis en examen

Pasqua à son arrivée au tribunal hier. Il devra y revenir 3 après-midi par semaine jusqu'à la fin du mois (photo AFP)

Même à 80 ans, on peut encore connaître des "premières fois". C'est le cas de Charles Pasqua, qui comparaît depuis hier devant le tribunal correctionnel de Paris. Le procès de 3 semaines doit déterminer si oui ou non la campagne électorale de l'ancien ministre de l'Intérieur pendant les Européennes de 1999 a été illégalement financée.
En 1994, Pasqua a délivré à son ami Robert Feliciaggi l'autorisation d'exploiter le casino d'Annemasse -Savoie. La revente de l'établissement un an plus tard a permis à Feliciaggi d'effectuer une plus-value de 1,14 million d'euros. Selon l'accusation, la somme aurait servi à financer le RPF (Rassemblement pour la France), parti cofondé avec Philippe de Villiers, qui avait sa propre liste durant les élections européennes de 1999.

Flic et voyou ?
Résistant à l'âge de 15 ans, créateur du Service d'action civique, la police privée sous de Gaulle : Charles Pasqua est un homme qui ne craint pas d'agir quel qu'en soit le prix. Il n'a jamais hésité à le dire d'ailleurs, et on le connaît ainsi pour son franc-parler teinté de l'accent du sud. Morceaux choisis : "Il faut terroriser les terroristes". "Les états d'âme, c'est bon pour les collaborateurs, pas pour les ministres".
D'abord commercial pour Ricard entre 1952 et 1967, il a été deux fois ministre de l'Intérieur : entre 1986 et 1988 dans le gouvernement de Chirac, dont il a organisé la campagne présidentielle en 1981, et pour Balladur en 1993 et 1995. Il est devenu sénateur des Hauts-de-Seine en 2004 avec le soutien de l'UMP.
L'ex-premier flic de France se retrouve aujourd'hui du côté des voyous. En plus de l'affaire le concernant aujourd'hui et qui comporte deux dossiers, il a été mis en examen dans 5 autres dossiers depuis 2001 : deux affaires de corruption instruites depuis 2004, les ventes d'armes en Angola pour lesquelles plusieurs personnalités françaises auraient touché des commissions occultes, les présumés pots-de-vin perçus du régime de Saddam Hussein dans le cadre du programme "Pétrole contre nourriture", et enfin, ses rapports avec l'homme d'affaires libanais Iskandar Safa, intermédiaire dans l'affaire des otages du Liban en 1988.
Hier, Pasqua n'a pas fait preuve de sa truculence coutumière. Il a refusé de s'exprimer devant les juges pour laisser faire son avocat.
Nicolas MANGIN. (www.lepetitjournal.com) mardi 6 novembre 2007

En savoir plus
Le Nouvel Obs - "Un hors d'?uvre avant le procès de l'Angolagate"
Le JDD - RPF : Pasqua se refuse à ses juges

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