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POLITIQUE – Eric Besson, la trahison tranquille

Eric Besson, le « traitre » des socialistes, est dans les petits papiers de l'Elysée. En plus de devenir, en remplacement de Brice Hortefeux, ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale, il occupe le poste de secrétaire général adjoint de l'UMP. Portrait d'une ambition


L'arrivée récente d'Eric Besson (Eric Piermont/AFP/Archives) dans l'organigramme de l'UMP étonne mais traduit finalement bien son parcours.
Après des études commerciales et politiques, Eric Besson rejoint les bancs du PS en 1993 et gravit ses échelons jusqu'en février 2007 où il donne sa démission du poste de secrétaire national à l'Économie, suite à un désaccord "de fond" avec Ségolène Royal. Il se rallie alors à Nicolas Sarkozy après les résultats du 1er tour de l'élection présidentielle, en échange d'une promesse d'un maroquin, et l'homme politique poursuit son ascension... mais cette fois-ci au sein de la majorité.
Depuis une semaine, le maire de Donzère (26) passe de secrétaire d'Etat chargé de la Prospective, de l'évaluation des politiques publiques et du développement de l'économie numérique à ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale avec en prime une place à la direction de l'UMP, en tant que secrétaire général adjoint.

Un nouveau poste de secrétaire
Cette nomination ne fait pas l'unanimité auprès de certains hommes politiques de droite, notamment Axel Poniatowski. Ce proche de Jean-Pierre Raffarin et député du Val d'Oise a déclaré, lors d'un Talk-Orange-Le Figaro, que l'UMP "n'est pas un ramasse-miettes" et que l'"ouverture nécessaire"du gouvernement semble "beaucoup plus problématique" au sein de l'UMP. Eric Besson, qui dit n'avoir "pas de goût pour la provoc", réplique en affirmant n'avoir "aucun état d'âme" sur cette transition logique : "Je suis dans l'avion, on me propose d'aller dans le cockpit, j'y vais".

Une ambition affirmée
Eric Besson assume ses choix en se "réengageant politiquement" et ne semble pas non plus regretter sa décision de quitter le Parti socialiste. "Qui incarne aujourd'hui la réforme, le mouvement ? Qui porte la régulation du capitalisme, le multilatéralisme, l'Union pour la Méditerranée ?", lance-t-il à nos confrères du Monde. Quant à son niveau ministère, Eric Besson le défend. La création d'un ministère de l'Immigration et la mise en avant du concept d'"identité nationale"fustigées par le PS avaient pourtant fait l'objet d'un ouvrage coordonné par l'ex-socialiste : L'inquiétante "rupture tranquille"de Monsieur Sarkozy.
Même s'il se dit "totalement responsable de ce rapport", il précise qu'il n'a "pas écrit un mot sur la partie concernant l'immigration" et se dit prêt à endosser son nouveau rôle avec "fermeté et humanité" . Et si la question des migrations le touche personnellement, lui qui a vécu au Maroc jusqu'à l'âge de 17 ans, il souhaite cependant conserver l'objectif de 26.000 reconduites de clandestins à la frontière par an.
Un ministère en tout cas taillé sur mesure pour cet habitué des polémiques, qui, après son retournement de veste, paraît bien à l'aise dans son nouveau costume de figure montante du sarkozysme.
Damien Bouhours (www.lepetitjournal.com) jeudi 22 janvier 2009    
 
En savoir plus
Article du Monde, M. Besson : "Je n'ai pas de problème avec le concept d'identité nationale"
Article de Libération, L'arrivée d'Eric Besson à l'UMP fait polémique
Article du Nouvel Obs, Eric Besson n'a aucun état d'âme à intégrer la direction de l'UMP
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