Philippe Ridet, journaliste et correspondant permanent pour le journal Le Monde observe et décrypte la société italienne dans son ensemble depuis maintenant 5 ans. Auteur de L'Italie, Rome et moi, il analyse les changements de l'Italie contemporaine. Rencontre avec un amoureux de la ville Eternelle.
Lepetitjournal.com - Etre correspondant en Italie ou ailleurs, quelle différence ?
Philippe Ridet - Le métier de correspondant s'exerce dans la durée. Il faut prendre le temps de décrypter le pays en évitant de se précipiter sur les lieux communs et en en cueillant toutes les subtilités. Cette notion de temps est valable en Italie plus qu'ailleurs, tant la réalité ici est complexe. Les choses doivent se décanter jusqu'à ce que l'Italie devienne comme une sorte de "première langue". Patiemment, j'ai dû apprendre à dominer mes agacements et mes émerveillements. A accepter une réalité très différente de l'Italie idéale rêvée pendant mon enfance. Le regard que je pose sur elle est aujourd'hui détaché et externe : je vois très bien ce qui ne va pas, il y a même beaucoup de choses qui ne vont pas, mais mon souci n'est absolument pas de comparer avec ce qui se passe en France. Par choix, je rentre rarement en France et je suis l'actualité française à travers mon journal car je veux "m'imprégner" de l'atmosphère italienne. Je suis tout à fait conscient du fait que beaucoup de mes lecteurs sont italiens et qu'ils sont très friands de connaître l'avis des Français sur eux. D'autre part, je sais aussi que l'Italien est un sentimental et qu'il peut très vite être blessé par des jugements un peu trop tranchants. J'essaie donc de faire très attention.
Au quotidien, en quoi consiste votre travail ?
Depuis mon arrivée à Rome, en 2008, je "raconte" l'Italie. Il faut savoir que parler de l'Italie pour des journaux français, cela ne va pas de soi. Je suis sûr que dans La Stampa il y a plus d'articles qui parlent de la France que d'articles parlant de l'Italie dans Le Monde. Comment expliquer ce phénomène ? L'Italie est en compétition avec d'autres pays qui ont un poids bien plus important dans les équilibres du monde, comme les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l'Allemagne? Pour moi, c'est un avantage : Lire la suite sur notre édition de Turin qui a l'a rencontré lors de son dernier passage
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