Cela fait plusieurs semaines que les hérissons ont fait leur grande apparition dans les rues et jardins d'Istanbul. Et depuis quelques jours, les fouines pointent aussi le bout de leur truffe? Des spécialistes expliquent ce phénomène.
C'est une véritable partie de cache-cache à laquelle se livrent de petits êtres à pics, terrestres et insectivores dans les rues et jardins d'Istanbul? Depuis plusieurs semaines, les Stambouliotes partagent en masse sur les réseaux sociaux des photos de hérissons croisés en pleine ville, s'inquiétant parfois d'apercevoir ces petits mammifères en milieu urbain. Pour les spécialistes, pourtant, ce phénomène a bien une explication : les hérissons, particulièrement sensibles aux vibrations causés par les travaux de construction, auraient été perturbés par les projets en cours dans de nombreux districts d'Istanbul. Ils quittent ainsi leurs terriers souterrains et remontent à la surface.
"Les hérissons ont commencé à rechercher de nouveaux espaces de vie en raison des vibrations créées par les travaux de construction. Ils ressentent ces vibrations dans la croûte terrestre. Les tremblements de terre peuvent aussi les faire sortir de leur terrier, explique Murat Arslan, chef de la Chambre des vétérinaires d'Istanbul, cité par Hürriyet. À mesure que les zones vertes disparaissent, l'espèce risque l'extinction. C'est pourquoi nous pouvons désormais voir davantage de hérissons se réfugier dans nos jardins."
Ahmet Emre Kütükçü, membre du Fonds mondial pour la nature (WWF), précise également que les hérissons adorent les croquettes pour chats et chiens laissées dans les rues par les habitants pour les animaux errants.
Mais aussi des fouines?
Le hérisson est considéré comme une "espèce parapluie", c'est-à-dire que sa présence dans un milieu laisse supposer que d'autres espèces, comme la fouine ou l'écureuil, y vivent aussi. Or depuis plusieurs jours justement, beaucoup de martres des pins ?proches de la fouine-- ont été vues dans les rues d'Istanbul, notamment dans les quartiers de Fatih et Beyo?lu. "Elles sortent la nuit, pour se nourrir. Il y a de nombreux animaux à Istanbul en quête de nourriture à la manière des rats et des pigeons, mais les martres raffolent aussi de sucreries. Parfois, elles entrent dans les maisons si les fenêtres sont ouvertes. Elles adorent les ?ufs. Elles brisent les ?ufs avec leurs griffes et les boivent", a déclaré Ahmet Emre Kütükçü, cité par Hürriyet Daily News. "Istanbul est une grande ville, mais elle a encore un grand potentiel pour la faune. Il est encore possible de réaliser des projets qui tiennent compte des priorités de la faune sauvage", a-t-il ajouté.
"Le fait que les nouveaux bâtiments soient élevés rend ces animaux en mouvement dans différentes régions", a-t-il ajouté, faisant aussi référence aux sangliers qui ont été vus à Istanbul en juillet et à d'autres reprises au cours des années précédentes : "Si les sangliers cherchent désormais de la nourriture dans la ville, cela signifie que la forêt n'est pas suffisante."
Hérissons, fouines ou sangliers? Pour apercevoir l'une de ces créatures à Istanbul, gardez les yeux bien ouverts !
Solène Permanne (http://lepetitjournal.com/istanbul) vendredi 18 août 2017