Voici en avant-première quelques critiques, quelque peu ciblées pour audience française, il n’en reste pas moins beaucoup d’autres films qui je suis sure mérite d’être découvert.
After Blue de Bertrand Mandico
Après que la Terre soit devenue inhabitable, ses habitants ont migré sur une autre planète, After Blue. Seules les femmes survivent à cet exode, les hommes sont tous morts tuées par leur poils qui ont poussé à l’intérieur. Elles s’organisent en micro-communautés autosuffisantes. Les poils semblent avoir une place prépondérante dans ce film...
Roxy (Paula Luna), une adolescente solitaire, délivre une criminelle, Kate Bush (Agata Buzek) ensevelie sous les sables. A peine libérée, cette dernière sème la mort. Tenues pour responsables, Roxy et sa mère Zora (Elina Löwensohn) sont bannies de leur communauté et condamnées à traquer la meurtrière. Elles arpentent alors les territoires surnaturels de cette planète sauvage : un paradis sale…
C’est alors que commence pour elles d’une longue quête ponctuée de nombreuses rencontres.
Avec des plans magnifiques, des compositions chaudes et esthétiques, très DB des années 90, le tout baigné d’un érotisme au féminin assez poussé, ce film de science-fiction psychédélique pêche par un scenario un peu faiblard et des dialogues sans grand intérêts.
Le coté amusant du film est ses références à la chanteuse anglaise en pleine renaissance ainsi que les armes à feu nommées après les marques de luxe, Paul Smith et Louis Vuitton.
Vous trouverez beaucoup de dérision dans ce film.
Les passagers de la nuit de Mikhaël Hers
Dans un Paris euphorique, suite à l’élection de François Mitterrand, Élisabeth (Charlotte Gainsbourg) vit le drame de la séparation, à court d’argent, sans travail, elle a deux adolescents à charge.
Elle trouve un emploi d’assistante à la Maison de la Radio, dans l’émission de radio nocturne de Vanda (Emmanuelle Béart). C’est là qu’elle rencontre Talulah (Noée Abita), une jeune fille perdue, qu’elle va prendre sous son aile.
Une histoire simple dans le quartier Beaugrenelle, un brin de nostalgie mais sans fioriture, Mikhaël Hers nous replonge dans l’univers des années 80, on est frappé par les cigarettes omniprésentes, cela semble si loin... Les images sont admirables, tout est en subtilité. Charlotte Gainsbourg colle parfaitement à cette chronique qui tire sa grâce de sa douceur. La courte apparition d’Emmanuelle Béart est remarquable en reine de la nuit hors norme.
On observe cette famille, différents personnages, leurs différents points de vue. Pas à pas on suit leur histoire au grès de déambulations urbaines, nocturnes, presques proustiennes. Chacun fait son chemin mais reste toujours unis.
Ce film est un petit bijou, émouvant sans faire de vague.
Where is Anne Frank? d’Ari Folman
Ari Folman (Le Congrès, Valse avec Bachir) redonne un étincelle de vie à Anne Frank, à travers un long métrage d'animation magnifiquement réalisé qui explore sa vie, son journal et son héritage.
Dans l'Amsterdam d’aujourd’hui, Kitty, l'amie imaginaire dont Anne Frank parlait dans ses écrits, prend vie et tente de retrouver Anne. En parcourant les rues de la ville de long en large, étonnée par son étrange modernité, et par le fait que les images de l’auteur sont partout, avec des théâtres et des bâtiments portant son nom, elle découvre peu à peu l'héritage de l'auteur et l'importance de son œuvre.
Nous assistons avec Kitty au travers d’une pièce de théâtre à la fête d'anniversaire d'Anne. C’est alors que Kitty se met en colère contre les mésinterprétations du monde moderne.
L’exploration du journal est sophistiquée, nous naviguons entre le passé et le présent et le dialogue entre Anne et Kitty fonctionne à merveille. Les compositions visuelles sont audacieuses, les troupes nazies apparaissent comme des démons géants qui rappellent les démons sans visage de Miyazaki. Kitty se représentent le dernier voyage d’Anne, l’enfer et de la rivière Styx vers lesquels, elle et tant d’autres avancent inexorablement.
Avec un récit qui en appelle à l’imaginaire enfantin, Folman dénonce une fétichisation d’Anne Frank et l’inobservance ce que qui a entre autres provoqué cette tragédie.
Il fait aussi référence un peu maladroitement à l’équivalence entre la situation des réfugiés et celle de la famille Frank emmenée dans les camps. En cela, le film est autant destiné aux adultes qu’aux enfants
Dreaming walls dAmelie Van Elmbt et Maya Duverdier
Le Chelsea Hôtel de New York est légendaire, construit entre 1883 et 1885 par l’architecte franco-américain Philip Gengembre Hubert, dans un style qui évoque le gothique victorien, il a été conçu sur un modèle d’utopie communautaire. La pression capitaliste prendra vite le dessus.
La réhabilitation de cet ancien hôtel en plein cœur de New York est en cours, peu importe que celui-ci ait abrité des artistes célèbres et d’autres qui ne sont jamais arrivés sur le devant de la scène. Cinquante et un de ces résidents habitent toujours dans ce bâtiment légendaire, alors que les travaux de rénovation se déroulent autour d'eux.
La chorégraphe octogénaire, Merle Lister, gourou « Baba » nous guide dans les méandres de ce qui est pour elle un sanctuaire, et ses souvenirs.
Avec elle, on croise Steve, Joe, Susan ou Bettina. Tous se souviennent d’un autre temps, et se refusent à faire table rase sur le passé, ils se sentent gardiens de la mémoire du lieu. Mais bientôt, tous et toutes, acteurs du siècle passé disparaitront.
Les réalisatrices Amélie van Elmbt et Maya Duverdier prennent le temps de les écouter et de nous laisser nous imprégner d’une atmosphère qui s’évanouit petit à petit.
Dreaming Walls est un documentaire hors norme, où l’espoir n’a pas sa place, le changement est inexorable.