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Bilan culturel No20 du mois d’avril 2022 à Perth et sa région

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Écrit par Isabelle de Casamajor
Publié le 5 mai 2022, mis à jour le 5 mai 2022

Petit mois culturel ce mois-ci, Pâques et des petites vacances ont altéré le rythme de mes sorties: mais bonus, une critique de livre.

D’autant plus que la pièce « The Arsonist » a été annulé pour cause d’infection Covid.

 

Tartuffe à WAAPA

Tartuffe à la roundhouse à WAAPA à Mount Lawley

J’étais curieuse de voir comment la langue de Molière, ses jeux de mots et répliques cultes seraient traduites dans la langue de Shakespeare. Je n’ai pas été déçue, dynamique et rebondissant, où le comique est toujours de mise, cette pièce fut tout aussi appréciable et drôle que si elle avait été en français.

La troupe, étudiants en troisième année d'art dramatique de la Western Australian Academy of Performing Arts (WAAPA) a effectué un superbe travail, les acteurs étaient excellents, tous ont apporté à leur personnage l’esprit de Molière avec un aspect contemporain au déchirement de cette famille face à la perfidie d’un beau parleur.

Ah ! pour être dévot, je n'en suis pas moins homme.

Tartuffe qui se fait attendre jusqu’à la deuxième partie apparait plus hypocrite et sournois que jamais, Elmire est une femme forte, féministe avant l’heure quant à la servante Dorine, elle est d’une intelligence rebelle et convaincante. Le père Orgon et son imposante mère tombe sous l’emprise du beau parleur Tartuffe avec faiblesse et naïveté.

La mise en scène moderne ne trahit aucunement l’époque où l’histoire se déroule et rajoute du caractère à cette satire.

La salle de théâtre en amphithéâtre a été exploitée au mieux, les acteurs apparaissant et disparaissant par différents accès à travers le public et les décors quelques peu éclectiques, avec des meubles d’époques, des chaises bizarres et des rideaux bien pratiques.

Une pièce qu’on se plait à voir et revoir.

 

Boris Cyrulnik - Le laboureur et les mangeurs de vent

Le laboureur et les mangeurs de vent de Cyril Cylrulnik

Boris Cyrulnik a échappé à la mort dans des circonstances extraordinaires, alors encore enfant. Une histoire incroyable, inracontable durant des années. Cette histoire l’a amené à décortiquer la pensée humaine, en autres celle qui mène l’être humain à commettre des monstruosités.

Pourquoi certains deviennent-ils des « mangeurs de vent », qui se conforment au discours ambiant, aux pensées réflexes, parfois jusqu’à l’aveuglement, au meurtre, au génocide ? Pourquoi d’autres parviennent-ils à s’en affranchir et à penser par eux-mêmes ?

Quelle belle métaphore! Le laboureur est celui qui travaille la terre, qui n’a peut-être que peu d’éducation mais qui réfléchit, compare, construit une stratégie pour optimiser le rendement de sa terre, c’est celui qui clarifie sa réflexion sur son chemin de vie, pense par lui-même. Le mangeur de vent, lui, reproduit un discours « prémâché » auquel il adhère.

Cyrulnik dresse le lien entre insécurité personnelle et ralliement à des idées acceptées sans les discutées, énoncées par des mentors qui affirment savoir mieux que nous ce qui est mieux. Il revient aussi sur le concept de la « banalité du mal » d’Annah Harendt.

Par ces temps tourmentés où le Covid a remis en cause la liberté de chacun vis-à-vis du bien-être du groupe, où les maitres à penser, spécialistes possesseurs de vérité fleurissent plus rapidement que les variants de la pandémie, où la radicalisation religieuse fait des ravages, où la guerre en Ukraine nous rappelle que la paix est toujours fragile et certainement pas acquise, prendre le temps de réfléchir sur le comportement humain aide à prendre un peu de recul sur ce qui nous entoure.

Un livre profond et émouvant dans un style simple et accessible.

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