Le mois de novembre a été extrêmement riche en évènements culturels, comme si Perth sortait de sa léthargie hivernale. Les vacances d’été sont proches et toutes les activités estivales commencent et elles sont nombreuses.
John Stringer prize à John Curtin Gallery
Le John Stringer prize est un prix (sans achat) attribué à un artiste contemporain par un club de collectionneurs. Les finalistes de ce concours sont exposés à John Curtin Gallery. Les œuvres sont variés et d’inspiration très différentes.
Le tableau de Merrick Belyea (en intro) réinvente le paysage, tout devient abstrait mais l’on devine toujours les formes caractéristiques des paysages australiens. Les couleurs sont fantastiques, pleines de soleil et de chaleur.
Celui de Ross Potter est une ode à son épouse enceinte de leur deuxième enfant. Un portrait sans concession réalisé au crayon d’après une photo, mais sur 42 feuilles de papier. Chacune a été réalisé indépendamment pour n’être assemblées qu’à la fin. Très impressionnant et on sent vraiment l’amour à travers ce portrait.
D’autres œuvres à découvrir, Claire McFarlane qui joue avec des motifs répétitifs et squelettes d’animaux mais aussi nous invite à retrouver les paysages de son enfance. Theo Costantino qui mélange les matériaux pour réaliser des organes humains, certainement pas au gouts de tout le monde. Daniel Kristanjansson utilise des photographies pour reconstituer un paysage, on ressent beaucoup de conflits internes et dilemne de choix de vie dans cette réalisation. Et pour finir Lea Taylor travaille la peaux de kangourous, raffia et plumes pour rappeler au monde que les premiers habitants d’Australie ont subi la colonisation à grand frais.
Now I am à Kigodo
Organisé par l’association Form qui a mis au point le programme « Creative schools », cette exposition est le résultat, le travail de 4 écoles et 4 artistes renommés, Anne Gee, Stormie Mills, Claire Davenhall et Andrea Tenger. Ils avaient pour mission d’ouvrir pour ses enfants tout un champ de possibilité, révéler leur créativité, parfois enfoui au plus profond et les libérer de la peur d’oser. Le résultat est surprenant, parfois d’une maturité déroutante et touchante.
A travers ces pièces exposées, on perçoit clairement le plaisir qu’ils ont pris à travers cet exercice.
The power of Dog de Jane Campion
Ce nouveau film de Jane Campion est une sorte de Western où les lumières si particulières à la Nouvelle Zélande dominent et contribue à une atmosphère dramatique.
Malgré un esthétisme fort, le film devient rapidement agaçant, on ne sait pas trop où on va. Un élevage bovin qui fonctionne, deux frères que tout oppose, une routine rompu par l’arrivée dans la maison familiale de la nouvelle épouse, une veuve qui tenait une pension de famille. Son fils, Peter, légèrement efféminé dont la maigreur est impressionnante, qui fait des études de médecines et revient au ranch pour les vacances.
L’atmosphère est lourde, on ne présage rien de bon mais rien ne se passe. Jusqu’à ce que doucement les pièces du puzzle se mettent en place et les secrets de chacun se dévoilent.
George est corpulent, complaisant et mal dans sa peau. En revanche, son frère, Phil a une silhouette émacié et coriace, il évite les pièges de l‘opulence préférant les grands espaces.
Quant à l’épouse, Rose Gordon est celle par qui tout bascule. La cohabitation entre Phil et Rose n’est pas harmonieuse, pleine de tension, le rapport de force est inégal. Rose est humiliée par Phil, et socialement dépassée. Elle se met à boire.
George ferme les yeux et Phil, pour des raisons qui lui sont propre, se rapproche de façon inattendue de Peter, lors de ses vacances. Il l'emmène faire de l'équitation.
Peter, est ombrageux, secret, il a certainement des ambitions secrètes. Il rentre dans le jeu de Phil, on peut même y voir une certaine complicité.
Ce film est un huit clos complexe, qui se mérite mais ne vous déçoit pas.
À la fin du film, il est fait référence au psaume 22 de la Bible anglaise du roi Jacques : "Délivre mon âme de l'épée, mon chéri de la puissance du chien." on ne peut s'empêcher de se demander quel en est la signification.
Little women au Blue room theatre
C’est un classique, mainte fois repris au cinéma, avec cette adaptation, Mel Julien-Martial et Sally Davies apportent leur touche personnelle tout en restant fidèle à l’époque et au grande ligne du récit.
Jo est indépendante et tient à le rester, Meg est amoureuse et cela compte plus que toutes les belles robes, Amy rêve d’épouser un homme qui l’aime et de préférence riche, et la cadette Beth se réfugie dans son monde et la musique pourvu que la paix règne autour d’elle. Une grande diversité au sein d’une même famille, mais aussi beaucoup d’amour et on le sent bien. Ces quatre actrices nous emportent dans leur combat pour accomplir leur rêve.
N’oublions pas Laurie / Teddie qui semble plus privilégiée à la naissance mais tout n’est pas si rose, elle a aussi ses démons. Surtout il y a une légère différence de sexe par rapport au roman de Louisa May Alcott.
Cette pièce est un merveilleux moment qui passe outre les préjugées et on oublie bien vite les libertés prisent par rapport à l’œuvre originale.
Wardarnji au Fremantle art center
Une soirée de partage, d’histoires, de chants et danses sous les étoiles, une très belle soirée et les températures étaient estivales.
La pelouse sud du Fremantle Arts center a atteint sa capacité maximum , nombreux sont ceux qui ont fait le déplacement pour se plonger dans l’une des cultures les plus anciennes et les plus riches du monde. Wardarn est le mot nyoongar qui signifie "mer". L'histoire nyoongar de Waarlitj qui nous est conté est celle de l'aigle, Chiriger le troglodyte gris et la façon dont le troglodyte bleu a obtenu ses couleurs.
L’apparition de cette marionnette géante qui représente Chiriger est un des moments les plus impressionnants de la soirée. Animées par la marionnettiste Rachel Riggs et l'artiste nyoongar Nerolie Bynder.
Un autres points forts, de danse contemporaine dynamique présentée en collaboration avec ZAP Circus, la compagnie de spectacles primée d'Australie occidentale, connue pour son mélange d'acrobaties, de feu, de pyrotechnie et de comédie.
The worst person in the word de Joachim Trier
Le drame romantique est un genre bien difficile à réussir et celui est combine avec l’histoire du passage à l’âge adulte de Julie, la vingtaine, étudiante qui se cherche, terrifiée par le caractère irréversibilité de ses choix de vie.
Elle est d'abord étudiante en médecine, puis, en psychologie trouvant finalement l'esprit plus intéressant que le corps et décide enfin de se lancer corps et âme dans la photographie. Elle entame une relation avec un de ses modèles, puis le quitte lors d'une fête pour un obscur dessinateur de bandes dessinées à succès, Aksel.
Elle s’installe rapidement avec Askel et délaisse sa carrière tout en travaillant dans une librairie après quelques tentatives journalistiques la frustration s’installe. Et c’est là que sa vie dérape ainsi que le film d’ailleurs avec tout d’abord un arrêt sur image sur image de 24hrs ou Julie renoue une rencontre d’un soir, puis lors d’un délire hallucinogène due à la prise de champignons.
Julie change d’homme mais ses problèmes existentiels ne trouvent pas de solutions pour autant.
Ce film reste cependant assez conventionnel, Renate Reinsve endosse le rôle de Julie avec beaucoup de maturité, elle est sensible et sympathique. Et les questions restent en suspens : Que faire de sa vie De qui tomber amoureux ? Est-il le bon ? Partir ou rester ? Avoir des enfants ou pas ?
Et d'où vient le titre ? Je me demande encore qui est la pire personne dans tout ça.