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TEMPLE BAR - Haut-lieu du "live" dans le sacro-saint Gulou/Nanluoguxiang

Écrit par Lepetitjournal Pékin
Publié le 10 octobre 2013, mis à jour le 8 février 2018

Ouvert fin juillet 2011, le Temple Bar récolte non seulement les louanges de ses fidèles ouailles, mais aussi les lauriers décernés par les magazines comme City Weekend ou The Beijinger, que le vote soit celui des rédactions ou des lecteurs. Meilleure salle de concert, meilleur service ou même meilleur bar qui mélange les étrangers et les Chinois… n'en jetez plus, la chope est joyeusement pleine. Récit d'un bar live qui marche, avec le co-fondateur français, Clément Berger (photo ci-contre).

Pour exprimer sa pleine vitalité, la musique live a besoin d'une scène, celle que lui offrent notamment les nombreux bars du grand quartier formé par les hutongs de Nanluoguxiang et Gulou. "C'est le centre névralgique de la jeunesse, avec ses salles de concert mais aussi ses magasins de musique ou de skate, c'est le noyau du rock'n'roll à Pékin", explique Clément Berger. Le Français venu de Loix, sur l'île de Ré, n'est pas un novice. C'est une des premières raisons du succès du Temple Bar. L'amateur de surf a glissé avant les autres sur la vague amenant en Chine. Avec un peu de chance aussi : quand il intègre le chinois LV3, son lycée est le premier en Charente à proposer une classe de mandarin. Et en 2003, quand, dans le cadre de son cursus universitaire en Langues étrangères appliquées, il débarque à Qingdao, c'est la première fois que l'université de la Rochelle se jumelle avec une ville chinoise.

"Le Vent du Nord-Ouest"

Mais c'est seulement à partir de 2005 que Clément Berger prend conscience, après avoir notamment rencontré au MIDI festival le chanteur Cui Jian, légende chinoise du rock, qu'il y a une vraie pulsation de la scène rock à Pékin. Une scène qui a mûri depuis le Xibeifeng, ou "Vent du Nord-Ouest", nom donné aux prémices du rock en Chine, dans les années 1986-1989. Clément Berger décide donc, avec deux amis français, d'organiser des concerts à côté de ses nouveaux cours à l'université des Langues de Pékin, où il s'est inscrit pour 2 ans. Il s'agissait alors surtout de "faire découvrir le rock chinois aux étrangers. Nous avons organisé comme ça une cinquantaine de concerts en 3 ans, sans label, juste pour le plaisir".

Il se familiarise avec les groupes locaux de rock donc, mais aussi de métal ou de reggae, qu'il va justement retrouver quand, en avril 2011, son ami chinois vieux de 8 ans, Gao Xu, l'appelle et lui propose, avec un troisième camarade, Gao Jian, d'ouvrir un bar ensemble : "ce dont nous avions toujours rêvé". A ce moment, Clément Berger était rentré en France, après deux ans en tant que manager du Salud, autre institution de la vie nocturne de Nanluoguxiang. Là encore, cette dernière expérience s'est avérée bénéfique, mais pas pour les raisons auxquelles on pourrait de prime abord penser.

Problèmes de voisinage

"Cela a été utile pour les problèmes de voisinage". Car comme beaucoup de bars de musique live dans le quartier, la cohabitation n'est pas toujours facile, et les plaintes pour tapage nocturne sont monnaie courante. "Surtout les 6 premiers mois, bien qu'on faisait attention à l'époque à arrêter les concerts à minuit pile." Un jour, deux voisines se sont plaintes en insultant les trois propriétaires du Temple Bar, devant la police de quartier. Sauf que les policiers, qui commençaient à bien connaître Clément Berger depuis le Salud "ont pris notre parti, car ils ont bien vu qu'il n'y a jamais eu de bagarre, ni d'alcool contrefait ou de problème de drogue." Les piliers du Temple ne sont pas les piliers de comptoir.

Mais face aux autorités, le rock en lui-même, musique par nature contestataire, est-il source de problème? Non, répond Clément Berger. "Le rock est ici moins revendicatif qu'en occident, et s'exprime à demi-mots, par sous-entendus". Et quand ce sont des groupes étrangers qui se produisent, Clément Berger est direct : "je leur fait comprendre que ce n'est pas leur rôle de critiquer la Chine".

Un public sino-étranger

En juillet 2011, les trois compères inauguraient le Temple Bar sur Gulou Dong Dajie, non sans être passés par un intermédiaire aux relations efficaces, qui leur a permis non seulement d'obtenir plus rapidement toutes les autorisations, mais en plus de faire des économies. Et le public a suivi. "Nous voulions cette fois produire des groupes chinois et étrangers, pour une audience chinoise et étrangère". Et si les mélomanes chinois se déplacent dans son bar encore aujourd'hui surtout pour voir les groupes locaux, c'est plus "un problème de promotion des concerts qu'un défaut de curiosité". Au contraire, explique dans un sourire Clément Berger, "les Chinois sont très curieux, ils adorent aller vers l'étranger pour la musique ou la mode". Ambitieux, l'heureux co-propriétaire vise en plus les touristes de passage, car la Chine, "ce n'est pas que 5000 ans d'histoire, c'est aussi la musique actuelle, aujourd'hui".

Les 4 à 5 concerts par semaine attirent donc un public chinois fidèle, régulier, qui n'hésite d'ailleurs pas à se déplacer dans tout le pays au gré des festivals. Mais ce n'est pas encore un public très large. "Car le rock commence juste à être diffusé à la radio, et le métier de musicien n'est pas encore considéré comme une profession". Cependant, pour un Clément Berger optimiste, tous les voyants sont au vert, avec l'ouverture future d'une terrasse au Temple Bar dans un coin de sa tête, mais aussi, un jour peut-être, l'agrandissement de sa congrégation musicalo-festive, avec l'ouverture d'un Temple Bar à Shanghai.

Joseph Chun Bancaud (lepetitjournal.com/pekin) Vendredi 11 octobre 2013

Pratique : Temple Bar

adresse : 206 Gulou Dong Dajie, Dongcheng district
en chinois : 东城区鼓楼东大街206号
tél : (+86) 134 2607 0554
Ouvert tous les jours à partir de 17h
programmation sur le site internet : www.templebarlivehouse.com

contact mail : templebarlivehouse@hotmail.com

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Publié le 10 octobre 2013, mis à jour le 8 février 2018

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