Édition internationale

PAUL BOCUSE - Une légende vivante

"C'est le Davos de la cuisine", s'est exclamé Paul Bocuse en voyant l'important aréopage de toques étoilées venu du monde entier pour célébrer son 81e anniversaire.

Il y a une quinzaine de jours, 83 chefs parmi les plus célèbres étaient réunis à Monaco. Représentant les plus grandes maisons françaises, d'Italie, du Luxembourg, du Japon, des Etats-Unis, d'Australie, du Brésil, ils se sont mis aux fourneaux pour fêter l'anniversaire de celui qu'ils nomment familièrement mais aussi avec respect "Monsieur Paul". Les appellations ne manquent pas d'ailleurs pour désigner le grand chef : pape de la gastronomie, de la cuisine, ambassadeur de la cuisine française. Les honneurs non plus ne lui ont pas été ménagés, 1e étoile en 1958, la 2e en 1962, la 3e en 65 et il a su la conserver, meilleur ouvrier de France en 1961, chevalier de la Légion d'honneur en 1975, à cette occasion il créa la fameuse "soupe aux truffes noires VGE", officier en 1987, cuisinier du Siècle en 1989, premier chef à être entré au musée Grévin en 1991.

Paul Bocuse, né le 11 février 1926 à Collonges au Mont d'Or est un enfant de la balle. Issu d'une lignée de cuisiniers oeuvrant depuis le XVIIIe siècle dans le même village, il ne dérogera pas à la tradition familiale. A 16 ans il entre comme apprenti au restaurant de la Soierie à Lyon et s'engage deux ans plus tard dans les Forces françaises libres. Blessé, une fois rétabli et la guerre finie, il reprend son apprentissage, cette fois chez la mère Brazier. Puis ce sera chez Lucas Carton où il aura pour condisciples Pierre et Jean Troisgros. Les trois cuisiniers se retrouveront un peu plus tard à la Pyramide de Fernand Point à Vienne. Puis il s'installe dans le restaurant familial au bord de la Saône, il en fera un haut lieu de la gastronomie.

En permanence sur tous les fronts
Connu dans le monde entier, il le parcourt sans cesse et continue à ouvrir des établissements à Lyon ou au Japon où il est vénéré à l'égal d'un dieu. Malgré un triple pontage, il déborde d'activité et de prosélytisme. Sa devise est d'ailleurs "travailler comme si on allait mourir à cent ans et vivre comme si on allait mourir demain". Il n'ignore rien des règles du marketing et règne sur un vaste empire de restaurants, brasseries et boutiques. En outre, il a créé une école de cuisine et une fondation, ses Bocuse d'or, une statue dorée à son effigie et 20 000 euros, récompensent depuis 1987 de jeunes cuisiniers.

Bocuse est toujours à la pointe, lui le chantre de la cuisine traditionnelle, n'a pas hésite à se lancer dans la restauration rapide. A Lyon d'abord avec des plats à emporter ou à consommer sur place, pour un coût de 6 à 12 euros. "Il n'y a qu'une cuisine, la bonne", a-t-il coutume de dire. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que de grands noms s'intéressent à ce genre de cuisine, le Fast Good de Ferrán Adriá à Madrid en est la preuve.

En 2005 il s'est confié à Eve-Marie Zizza-Lalu, dans "Le Feu Sacré", une sorte de testament où il se livre, n'éludant aucun sujet même celui de sa vie privée qui n'a pas toujours été de tout repos? "J'ai trois étoiles, j'ai eu trois pontages et j'ai toujours trois femmes".

C.D. (www.lepetitjournal.com - Monaco) mardi 27 février 2007
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