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PARIS - Au 59 Rivoli, le rêve fou de l'art pour l'art

Le grand squat d'artistes de la capitale rouvre ses portes au public après trois ans de remise aux normes. Ni galerie ni musée, le centre garde sa vocation première : celle de rapprocher les ?uvres et le public

Jusqu'en 2006, le squat du 59 Rivoli était connu des Parisiens pour sa façade déjantée (installation réalisée en avril 2001 par l'artiste BIBI)

Disparu le joyeux bric-à-brac qui ornait la façade du 59 Rivoli jusqu'en 2006? C'est dans des locaux rénovés et momentanément épurés que le plus grand squat d'artistes parisien a repris du service la semaine dernière. Un temps menacés d'expulsion, les « squartistes » ont été déplacés pendant trois ans dans le 9e arrondissement, pendant que la mairie de Paris, qui a racheté les locaux, procédait à la rénovation du lieu.
Les squatteurs n'ont aujourd'hui plus le droit de dormir dans les locaux, mais quatre étages ouverts aux visiteurs ont été aménagés pour la création et l'exposition de leurs ?uvres. "L'esprit reste le même", assure Slimane Hamadache, un artiste plasticien qui officie au 59 Rivoli depuis le début des années 2000.
Dans son atelier de 8m2, seule une grosse valise rouge trahit un déménagement récent. Dans une odeur de colle et de métaux en fusion, le public afflue devant son établi, intrigué par les carbones biologiques qu'il fabrique et dispose ensuite sur des toiles.
"Quand on voit les ?uvres dans les musées, on ne sait pas comment elles sont faites, surtout en art contemporain où les techniques sont complexes, commente un visiteur. Mais le fait de voir l'artiste en action, de sentir la passion pour son métier, ça donne envie de mieux comprendre son travail."

Slimane Hamadache explique son travail aux visiteurs (photo AE)

Le contact avec le public, le partage qui fait l'esprit du lieu, c'est aussi ce qui a poussé Slimane Hamadache à travailler au 59 Rivoli: "J'essaye d'expliquer au public ma conception de l'art et ce qu'il m'apporte, donc ça m'aide aussi à réfléchir sur moi-même."

Passer dans l'envers du décor
L'espace est partagé entre 32 ateliers d'artistes et un espace d'exposition sur deux étages. D'autres créateurs se partagent ses murs à tour de rôle. A la différence d'une galerie traditionnelle, l'argent ne rentre pas en jeu. Certaines ?uvres trouvent parfois preneurs, mais les artistes sont là pour travailler sans penser aux contraintes du marché. La plupart d'entre eux ont un emploi à mi-temps et ne cherchent pas à vivre de leur passion.
« Il est très rare que les plasticiens en France arrivent à gagner leur vie, y compris les plus célèbres », explique Gaspard Delanoë, co-fondateur du collectif Chez Robert, électron libre, qui anime le 59 Rivoli. Mais le squat n'a pas non plus pour vocation de sacraliser l'art. "Nous n'avons ni la démarche d'une galerie ni celle d'un musée, poursuit-il. On invite les gens à voir les ?uvres en train de se faire pour les rendre plus accessibles et faire en sorte qu'ils se sentent proches des artistes."
Alexia Eychenne (www.lepetitjournal.com) mardi 29 septembre 2009

Le 59 Rivoli
59 rue de Rivoli
75001 Paris
Ouvert de 13h à 20h du mardi au dimanche, le samedi dès 11h
Entrée gratuite
métro: Châtelet, Hôtel de Ville, Louvre-Rivoli, Pont-Neuf
www.59rivoli.org

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