Qui est Laurent Bili, l'Ambassadeur de la France aux Etats-Unis?

Quai d’Orsay : Laurent Bili, un ambassadeur français au cœur de la « Chinamérique »

Arrivée le 5 février 2022 à l’hôtel de Pontalba, la diplomate américaine Denise Campbell Bauer peut déjà célébrer sa première année à la tête de l’ambassade des Etats-Unis à Paris. De l’autre côté de l’Atlantique, son homologue français, Philippe Etienne, entame quant à lui ce qui s’annonce comme sa dernière année en tant qu’ambassadeur de France à Washington. Le diplomate de 67 ans, arrivé le 9 juillet 2019, passera le flambeau à son successeur au cours de l’année 2023 avant de prendre sa retraite. Au Quai d’Orsay, un remplaçant a déjà été trouvé.

Laurent Bili, actuel ambassadeur de la France en Chine, est pressenti pour prendre la tête de la diplomatie française en Amérique. Le nom du diplomate a été proposé en conseil des ministres fin 2022. Celui qui aura occupé par le passé les postes d’ambassadeur en Thaïlande, en Turquie, au Brésil, et aujourd’hui en Chine, traversera l’Atlantique pour rejoindre les Etats-Unis. Ce choix est considéré comme une surprise au sein du Quai d’Orsay mais Laurent Bili pourrait être l’homme clé d’une diplomatie triangulaire entre la Chine, les Etats-Unis, et la France.

Paix franco-américaine et guerre américano-chinoise

Appelé à endosser la fonction d’ambassadeur de France aux Etats-Unis, le rôle de Laurent Bili sera critique à plus d’un titre. A l’automne dernier, la visite d’État du président Emmanuel Macron à Washington fut salutaire pour l’amitié franco-américaine : la rencontre avec le président américain Joe Biden était parvenue à réchauffer les relations transatlatiques, refroidies par la crise des sous-marins australiens. Tirant profit d’une paix retrouvée, Bili devra préserver l’amitié entre les deux nations, de toute crise susceptible de les diviser une nouvelle fois.

Par ailleurs, le diplomate sera le point focal de la France dans la guerre commerciale que se livre la Chine et les Etats-Unis depuis 2018. Au moyen de droits de douane, Washington et Pékin ont augmenté les taxes d’importation de produits américains et chinois. Américains comme Chinois souffrent de cette guerre commerciale : les entreprises et consommateurs américains, tributaires de produits « made in China », sont fortement pénalisés tandis que la Chine souffre d’une dévaluation monétaire qui pourrait se propager à d’autres économies.

Nixon goes to China, Bili goes to America

Afin d’éviter une panique financière et un effet domino globalisé, dont l’Union européenne et la France seraient les victimes collatérales, il apparaît nécessaire pour Paris d’envoyer son « Monsieur Chine » en Amérique. Fort de sa connaissance du mastodonte chinois, Laurent Bili pourra traiter avec le géant américain afin de préserver les intérêts français et européens, pris en étau dans cette nouvelle guerre froide. La paix retrouvée entre Paris et Washington doit permettre d’apaiser les tensions américano-chinoises dans l’intérêt de l’économie mondiale.

En 1972, la visite historique du président américain Richard Nixon en Chine fut une réussite pour la normalisation des relations diplomatiques entre Washington et Pékin, alors adversaires. Le slogan « Nixon goes to China » nous est resté de cette visite historique qui inspira même un opéra. Près de cinquante ans plus tard, la France tente l’expérience et pourrait même surfer sur sa variante du slogan : Bili goes to America. Espérons que la visite prolongée de Laurent Bili en Amérique parviendra à apaiser les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine.