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Fermeture des frontières aux expatriés : Roland Lescure explique

Fermeture des frontièresFermeture des frontières
Roland Lescure, député des Français d’Amérique du Nord
Écrit par Rachel Brunet
Publié le 4 février 2021, mis à jour le 5 février 2021

Depuis le 1er février, et dans un contexte d’accélération de la propagation du Covid-19 dans l’Hexagone et l’arrivée des variants, de nouvelles restrictions de voyage sont entrées en vigueur en France. Désormais, tout voyage à destination ou en provenance d'un pays non européen est interdit, sauf "motif impérieux". Les Français établis hors de l’UE sont ainsi directement impactés par cette nouvelle mesure annoncée  vendredi dernier par le Premier ministre.

Notre édition est partie à la rencontre de Roland Lescure, député des Français d’Amérique du Nord. Il explique cette décision dans nos colonnes.

 

Rachel Brunet pour Lepetitjournal.com New York : Le Premier ministre a annoncé la fermeture des frontières et donc un accès très limité pour les Français établis hors de l’Union européenne de rentrer en France. Qu’est-ce qui a justifié une telle décision ?

Roland Lescure : Nous devons faire face à l’arrivée sur le territoire français de cas Covid liés aux variants britannique et sud-africain, qui sont bien plus contagieux. Alors qu’ils ne représentaient que 3.3 % des cas début janvier, 14 % des cas sont dorénavant liés au seul variant anglais. De plus, nous pouvons voir une recrudescence des cas Covid en France. Nous avons enregistré vendredi dernier quasiment 23 000 nouveaux cas d'infection, 141 000 personnes ont été testées positives, soit une moyenne d'environ 20 000 cas par jour. La maladie a désormais tué 75 620 personnes. Nous sommes donc face à une situation préoccupante, mais nous souhaitons encore nous donner une chance.

C’est pour cette raison que le Premier ministre a décidé de limiter aux motifs impérieux les déplacements avec les pays extérieurs à l’Union européenne, mais aussi de fermer les centres commerciaux non alimentaire supérieurs à 20 000m ², et de renforcer les contrôles policiers pour le respect du couvre-feu. Ces décisions ont été prises, car elles restent moins contraignantes qu’un reconfinement. On se souvient des conséquences des confinements précédents sur l'activité économique, l’éducation, ou encore le moral des citoyens. Avec cette décision, nous voulons absolument préserver l’économie, la santé mentale de nos concitoyens, mais aussi éviter entre autres de nouveaux cas de décrochage scolaire. Les mesures annoncées ne constituent ni une formule magique ni une punition particulière, mais elles visent à resserrer encore les contraintes pour éviter le plus longtemps possible d’avoir à reconfiner la France.

 

Est-ce que vous avez pu plaider en la faveur des Français de l’étranger auprès du gouvernement lors de la décision de fermeture des frontières ?

Bien sûr, j’ai collaboré avec le Gouvernement tout le week-end autour de la définition de la liste des motifs impérieux. Chaque exception a été discutée et débattue de façon à proposer des mesures à la hauteur des exigences sanitaires actuelles. Mon intervention a d’ailleurs permis l’ajout de certains motifs comme celui du retour au domicile pour un séjour ayant débuté avant le 31 janvier 2021. Je suis d’ailleurs en mesure de confirmer que les cas de retour définitif en France rentreront dans les cas de motif impérieux. Concrètement, si un Français ou une Française établis hors de France décide de fixer sa résidence principale en France, il pourra revenir.

 

Pourquoi est-ce que cette mesure ne concerne-t-elle pas tous les Français établis hors de France ? Le virus continue de circuler activement en Europe comme ailleurs dans le monde et les variants y sont aussi présents.

Ces annonces ne concernent pas seulement les Français vivant hors d’Europe, mais aussi les habitants des Outre-mer. En effet, depuis le 2 février, tout déplacement entre la France hexagonale et l’Outre-mer doit être autant justifié qu’un déplacement vers un pays hors d’Europe. De même des restrictions ont également été mises en place pour les Européens venant en France. Par exemple, il est désormais nécessaire de disposer du résultat négatif d’un examen biologique de dépistage virologique « RT-PCR COVID » datant de moins de 72 heures avant un départ. Mais la situation des travailleurs transfrontaliers ne permet pas de fermer les frontières européennes. À ce jour plus de 350 000 Français les franchissent quotidiennement.

 

Est-ce que vous savez combien de temps va durer cette fermeture des frontières ?

Le moins longtemps possible ! À ce stade les restrictions n’ont pas de date limite. Dès que la situation sanitaire le permettra, elles seront levées.

 

Seul un motif impérieux qu’il soit pour raison personnelle ou familiale, médicale ou professionnelle peut justifier un retour en France, comment un expatrié peut-il savoir si la raison de son déplacement lui permet de vraiment voyager vers l’Hexagone ? Est-ce qu’il y a des cas par cas, et si oui, vers qui faut-il se retourner ?

Pour prendre connaissance de la liste des motifs impérieux, il suffit de télécharger l’attestation de déplacement qui se trouve sur le site du ministère de l’Intérieur. S’il s’agit d’un cas particulier auquel l’attestation ne saurait répondre, ma boîte mail est ouverte à tous !

 

Que se passe-t-il si un Français arrive à l’aéroport de Roissy sans le justificatif approprié ? Risque-t-il une amende, de se faire renvoyer d’où il arrive ?

Le motif impérieux est vérifié avant l’embarquement par la compagnie aérienne. Dans le cas où le voyage ne serait pas justifié, le voyageur ne sera donc pas autorisé à embarquer et contraint de rester sur le territoire d’embarquement.

 

N’aurait-il pas été plus simple de faire une exception pour les Français de l’étranger en leur autorisant l’entrée sur le territoire national avec la procédure déjà lourde mise en place le 26 janvier ?

La France est un des seuls pays européens qui n’a pas reconfiné à la suite de l’apparition des nouveaux variants. Les mesures annoncées ce week-end visent à resserrer les contraintes pour éviter d’avoir recours à un reconfinement bien plus contraignant. Elles visent aussi à renforcer la responsabilité de chacun. Il faut prendre conscience de la difficulté de voyager depuis un an. Moi-même je ne suis pas retourné en circonscription depuis février dernier. Pour freiner la propagation du virus dans le monde et se protéger, nous devons encore faire l’effort de limiter nos déplacements à toutes les échelles.

 

De nombreux Français et partis politiques s’insurgent contre cette mesure de fermeture des frontières aux Français établis hors de l’UE, que souhaitez-vous leur répondre ?

J’aimerais répondre à ces Français qui s’insurgent que nous les comprenons, notamment les Français vivant en Amérique du Nord, mais il faut être lucide. Dans ce contexte sanitaire il n’est pas responsable d’inciter, comme le demandent les oppositions de gauche et de droite, à une libre circulation des personnes. Le virus se propage de nouveau dans le monde entier, nul n’est à l’abri. Là où nous préconisons des déplacements indispensables pour limiter la propagation, nos voisins européens reconfinent. Alors il s’agit certes d’une mesure contraignante, mais elle est impérative pour nous protéger contre un nouveau pic d’hospitalisation. La situation sanitaire nous l’impose. Pour ce qui est des partis politiques, qui surjouent l’indignation, j’aimerais qu’ils lui préfèrent la responsabilité.

 

Un dernier mot pour rassurer les Français de l’étranger ?

Nous vivons depuis un an une situation inédite, instable et qui ne cesse d’évoluer. À nous de nous adapter et de faire en sorte que les choses redeviennent comme avant. Pour ce faire, montrons-nous patients, faisons preuve de vigilance et restons unis. Nous avons retrouvé espoir avec le vaccin, mais pour le moment nous devons rester responsables et respecter ces mesures contraignantes, mais nécessaires. Depuis mars dernier nous avons su le faire, alors continuons encore quelques temps et nous viendrons à bout de cette pandémie. Affrontons ce virus ensemble, combattons ce virus ensemble. Et à bientôt en Amérique du Nord.

 

 

 

 

 

Rachel Brunet
Publié le 4 février 2021, mis à jour le 5 février 2021