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Brigitte Saint-Ouen : « NY m’a donnée l’opportunité d’être moi-même »

Brigitte Saint-OuenBrigitte Saint-Ouen
Brigitte Saint-Ouen
Écrit par Rachel Brunet
Publié le 3 mars 2020, mis à jour le 5 mars 2020

En 2019, Le Petit Journal New York a décidé de rendre hommage aux femmes francophones de New York en lançant le « Mois de la Femme ». Parce qu’un an plus tard, les femmes sont toujours sous-représentées dans les médias, nous poursuivons notre projet en publiant, chaque jour de mars 2020, le portrait d’une femme francophone de la ville. Aujourd’hui, nous avons rendez-vous avec Brigitte Saint-Ouen, un visage bien connu de la communauté française de New York, celui d’une galeriste, mais aussi celui de la fondatrice de Bleu Blanc Rouge.

 

De Wally Findlay à 32 Fine Arts

Parisienne de naissance, Brigitte Saint-Ouen y fait toute sa scolarité. D’abord chez « les sœurs », puis en école de commerce et enfin à l’École du Louvre. Entre temps, elle part perfectionner son anglais au Texas, durant 18 mois. « Une vraie révélation » du propre aveu de la galeriste. Et de rajouter « quand on est blonde aux yeux bleus, ça aide, au Texas ». En effet... Passionnée de chevaux, elle se fait une idée de l’Amérique calquée sur son expérience texane.

De retour en France, elle entre à la galerie américaine Wally Findlay, avenue Matignon, et met définitivement un pied dans le monde de l’art qu’elle ne quitte plus. Elle garde toutefois une idée en tête, repartir aux États-Unis. Le rêve devient vite réalité lorsqu’elle est envoyée à la galerie new-yorkaise Wally Findlay. « Je n’étais pas forcément ravie au début, parce que ce n’est pas de New York dont je rêvais ». Après une quinzaine d’années de collaboration avec la célèbre galerie, l’aventure s’arrête au moment où le fondateur, Wally Findlay décède. « Il a légué sa fortune à ses employés. Une femme de ménage qui avait travaillé plus de trente ans pour la galerie a touché des millions » raconte, amusée, Brigitte Saint Ouen. Pour sa part, elle repart avec un petit pécule « une fois les nombreuses taxes déduites ».

Après ces années Wally Findlay, qui lui ont donné tant les bases que l’apprentissage du métier de galeriste, Brigitte se lance et crée sa propre galerie, 32 Fine Arts. Cette année, Brigitte célèbre d’ailleurs les 18 ans de la galerie. « Les premières années, j’organisais une exposition par mois, puis avec l’arrivée de mes jumelles, j’ai levé le pied » explique la galeriste.

Braque, Dubuffet, Guillaumin, Domergue, Le Pho ou encore André Hambourg, les oeuvres qui passent par la galerie 32 Fine Arts ne laissent pas indifférent. Brigitte Saint Ouen est sensible à l’art figuratif et à l’art brut.

Elle organise des pop up avec Jean-Pol Franqueuil ou encore Peter Guttman. Pour le célèbre photographe, c’est carrément chez Sotheby’s qu’elle monte le pop up. « On fait des pop up qui vont de 3 jours à 3 mois. J’en ai même fait un en partenariat avec le cognac Louis XIII ». Elle est comme ça, Brigitte Saint Ouen, pleine de ressources et d’imagination.

Si Brigitte vend des oeuvres d’art, elle fait aussi l’intermédiaire pour la vente de biens précieux. Quitte à se retrouver parfois dans des situations très cocasses comme lors de la vente de tous les biens de l’un de ses clients, dont elle tait le nom, jugé et incarcéré. Ou encore, ce client, marchand de tableaux, décédé, dont il a fallu identifier le patrimoine, puis le vendre. Pour cela, elle peut compter sur son réseau de marchands basés aux quatre coins du monde.

Pour fêter les 18 ans d’aventure de sa propre galerie, Brigitte a fait faire peau neuve à son site internet. Et elle casse les codes. « Désormais, les prix des oeuvres sont affichées et les clients peuvent acheter en ligne ». Pas commun dans le monde de l’art, même si de plus en plus de galeries éprouvent cette volonté de transparence et d’accessibilité. Autre nouveauté, les expositions en ligne qu’elle lance tout prochainement ou encore les nouveaux artistes qui entrent chez 32 Fine Art, toujours plus nombreux.

 

De l’art et du français

Il y a beaucoup d’art dans la vie de Brigitte Saint-Ouen, il y a aussi ses jumelles. C’est à la naissance de ses filles qu’elle se pose la question du bilinguisme, de la langue parlée à la maison, avec un compagnon de vie anglophone. Entreprenante et entrepreneure, elle décide de créer un programme de summer camp tout en français. « Il a été lancé il y a 8 ans, mes jumelles avaient alors 3 ans. Tout a commencé grâce à mes filles, pour qu’elles puissent parler français. Avec mon mari, qui est anglophone, nous avions décidé qu’elles iraient dans des écoles américaines. À l’arrivée de l’été, je me suis rendue compte que tout le monde inscrivait ses enfants dans des camps. Une maman m’a suggérée de faire un camp bilingue, ce qui n’était pas courant à l’époque. » Bleu Blanc Rouge accueille ainsi chaque été des enfants de 3 à 11 ans. Un but, leur faire pratiquer le français tout en utilisant l’art, le domaine de prédilection de Brigitte Saint Ouen. « C’est très international, nous recevons principalement des enfants de New York, mais nous avons aussi reçu des enfants de Hong-kong ou d’Egypte, qui venaient passer l’été chez leurs grands-parents, ici à New York. L’idée est de les initier ou les faire progresser en français, grâce à l’art principalement. »

Pour l’été 2020, Brigitte offrira même aux enfants ne participant pas au summer camp, une heure de classe de français. « Il faut proposer des activités aux enfants qui restent à New York » explique-t-elle.

Après 30 années passées - si vite - à New York, Brigitte Saint Ouen n’en démord pas « c’est une ville où tout est possible, où une situation peut se transformer en entreprise qui rapporte ». Mais au-delà d’un american dream voire new-yorker dream, il y a toujours ce petit je ne sais quoi merveilleux qui anime Brigitte « je suis toujours là à m’enthousiasmer d’un ciel rose ou d’une vue sur la ville, même après 30 ans ». Un peu comme une histoire d’amour entre la galeriste et sa ville d’adoption. Cette ville qui lui a donnée l’opportunité d’être elle-même.

 

Merci, chère Brigitte, de faire partie des 31 femmes du Mois de la Femme instauré par le Petit Journal New York.

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